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Valentin Rongier, patron et plafond de l’OM
Avec l'absence de Geoffrey Kondogbia pour six semaines, Valentin Rongier va, comme chaque année, retourner en sa faveur une saison mal embarquée pour lui. Le capitaine de l'OM sait toujours se rendre indispensable, même s'il symbolise aussi les limites marseillaises des dernières saisons.
Une nouvelle saison pour Valentin Rongier, c’est comme un nouvel opus de Mission : Impossible pour Tom Cruise : au début, ça paraît toujours mal embarqué, mais à la fin, le héros a toujours renversé la situation. Avec l’arrivée de Marcelino sur le banc phocéen cet été, suivie de celle de Geoffrey Kondogbia dans la concurrence, le milieu marseillais savait à quoi s’attendre : une rétrogradation sportive de titulaire à remplaçant, malgré son brassard de capitaine. Un sort qu’il a déjà connu, et vaincu, sous Jorge Sampaoli et Igor Tudor. « Vous me connaissez, effectivement ce n’est pas la première fois que cela m’arrive et cela ne me fait pas peur du tout », déclarait-il au cœur de l’été. Et les beaux jours ne sont pas finis que revoilà le nom du capitaine de l’OM coché dans les onze titulaires. Rien de surprenant, mais pas non plus rassurant pour les Marseillais.
Tudor et Sampaoli sous le charme
Cette année, si son retour en grâce est fulgurant et précoce, c’est en partie à la faveur du carton rouge de Geoffrey Kondogbia au Panathinaïkos puis à cause de son genou gauche qui a tourné lors du nul face à Metz. Victime d’une entorse, le Centrafricain, choix numéro un de Marcelino depuis son arrivée, sera indisponible six semaines. Ce qui offre un boulevard à Valentin Rongier qui, par le passé, a prouvé qu’il n’avait pas besoin qu’on lui laisse tant de place pour récupérer la sienne. Que les concurrents directs se nomment Strootman, Kamara, Sanson, Lopez, Ntcham, Gueye, Cuisance, Guendouzi, Veretout ou Kondogbia, le Mâconnais a toujours su se frayer un chemin jusqu’au onze titulaire.
« Pour être honnête, avant de venir, je ne le connaissais pas beaucoup, mais pour moi, c’est un joueur de l’équipe nationale », déclarait ainsi Igor Tudor la saison passée, bluffé par celui qu’il voyait comme un second couteau en début de saison. « Rongier est incroyable. C’est un mélange de Suisse et d’Allemand qu’on a mis en France. Il anticipe, il est fantastique. C’est comme un robot », ajoutait plus tard le Croate. Une volte-face qu’on avait déjà observée un an plutôt, sous Jorge Sampaoli, encore plus dithyrambique : « Rongier nous donne énormément de qualité dans le jeu, dans la relance et le positionnement. Il apporte une grande continuité dans le jeu, il a un deuxième contrôle de balle de qualité mondiale, il nous aide à arriver rapidement dans le camp adverse. Avoir un joueur comme Valentin Rongier est très très important pour nous. »
L’art de Rongier son frein
Logiquement devenu capitaine sous Igor Tudor, l’ancien Nantais a tout de même de nouveau été déclassé cet été. Ce qui ne l’a jamais empêché de continuer à se comporter comme un cadre du vestiaire, lui qui est d’ailleurs le joueur ayant le plus d’ancienneté à l’OM du haut de ses cinq saisons (si l’on excepte le banni Jordan Amavi). Ainsi, après la claque face au Panathinaïkos, il a été le premier à monter au créneau, au micro : « On est très déçus. Il va falloir qu’on se relève de ça, on n’a pas le choix. » Avant de remettre cela après le nul à Metz, en haussant le ton : « On doit gagner ce match, on doit le tuer. Je ne sais pas si c’est de la suffisance, mais en tout cas il faut vraiment qu’on grandisse parce que ce n’est pas la première fois que ça nous arrive. » Indéboulonnable, Valentin Rongier incarne la stabilité et reste l’une des valeurs sûres de cet OM qui a pris l’habitude de tout changer chaque été depuis quelques années.
S’il est difficile de lui reprocher quoi que ce soit en matière d’attitude et d’engagement, il symbolise pourtant le plafond de verre des Marseillais. Aux portes de l’équipe de France depuis des mois, mais jamais à Clairefontaine, il a aussi affiché ses limites lors des échéances européennes de l’OM ou des grandes soirées de Ligue 1. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, malgré la porte ouverte, aucun grand club n’est venu aux renseignements le concernant, à l’instar de Morgan Sanson avant lui. Fort d’un abattage défensif titanesque, Valentin Rongier souffre peut-être de son manque de rendement offensif (3 buts et 10 passes décisives en 158 matchs avec l’OM). Et même lorsqu’il parvient à faire trembler les filets comme face à Metz vendredi, la VAR le prive de sa récompense. Renverser la table est une chose, mais il s’agirait maintenant de franchir ce palier pour l’éternel second choix.
Par Adrien Hémard-Dohain