- C3
- Barrages
- Shakhtar Donetsk-OM
Rongier à l’OM : le délit de bonne gueule
Le capitaine de l’Olympique de Marseille, Valentin Rongier, blessé depuis trois mois, a fini par être pris en grippe par des supporters phocéens lui reprochant d’être « trop lisse », à défaut d’être juste irréprochable.
Valentin Rongier, c’est un peu l’intello qui se fait harceler au collège parce qu’il ramène trop de 18/20 à la maison. « C’est un bon gars, mais on lui a fait comprendre qu’il ne véhiculait pas l’image du club », raconte un supporter marseillais à La Provence au lendemain de la réunion de crise entre les dirigeants, les joueurs et les supporters olympiens après la défaite face à l’Olympique lyonnais (0-1) il y a dix jours. Le capitaine, sorti sur blessure face à Lille le 4 novembre dernier et opéré dix jours plus tard d’une fracture de la rotule du genou gauche, s’est retrouvé sous le feu des critiques pour avoir osé défendre les siens au milieu du marasme phocéen. « C’est lui qui a le plus pris la parole », insiste d’ailleurs ce même supporter, avant de lâcher trois lignes plus loin que Rongier était « trop gentil, trop lisse ». Le même qui est pourtant cité parmi les grands absents d’un OM en manque de cadres.
Premier supporter en tribunes
Le capitaine marseillais, qui ronge son frein en raison d’une rééducation qui traîne, paie d’avoir notamment défendu Jonathan Clauss, alors que Pablo Longoria, en pleine partie de Football Manager, s’imaginait trouver une porte de sortie en fin de mercato hivernal. Rare représentant d’une certaine forme de stabilité dans un Olympique de Marseille en perpétuels achats reventes, Rongier a gratté le brassard de capitaine après s’être imposé sous chacun des coachs passés par le club. À l’arrivée de Gennaro Gattuso, il est même devenu LE joueur à disputer le plus de minutes. « Il est toujours présent, il écoute et aide ses coéquipiers, il nous manque beaucoup, saluait le technicien italien après avoir eu vent des attaques visant son chouchou. Je lui ai dit de relever la tête, parce qu’il a montré qu’il était un capitaine valeureux ces derniers mois, et même s’il n’est pas là, il est d’une énorme importance pour nous. »
Alors qu’il aurait dû reprendre le chemin des terrains ces derniers jours, Rongier a vu son retour être repoussé en raison d’une douleur au tendon rotulien. En attendant, il traîne son spleen en tribunes, ne manquant pas la moindre performance d’un OM loin d’être plaisant. « Même si Valentin n’est pas sur le terrain, il est toujours là, à nous parler et à nous faire comprendre ce qu’il voit sur le terrain », rappelait Pau Lopez avant Marseille-Metz, étant interrogé sur l’absence de leader au sein de l’effectif. Un comportement irréprochable, mais pas au goût des supporters phocéens qui n’ont vu que deux autres joueurs – Samuel Gigot et Amine Harit – oser s’exprimer devant la horde qu’ils formaient après une défaite à laquelle le capitaine n’avait pas pris part. Ce n’est, selon Gattuso, pas faute d’avoir tout tenté pour revenir avant l’heure aider son club.
Trop pressé, trop oppressé
« Le vrai problème avec Valentin, c’est que c’est notre capitaine et qu’il faudrait l’enchaîner, le mettre dans du ciment et après attendre trois semaines pour pouvoir le libérer parce que, lui, il voudrait reprendre tout de suite, s’inquiétait l’entraîneur marseillais. Mais même s’il a cette envie, il faut vraiment faire attention avec ce genre de blessure parce que si le tendon s’enflamme, ça peut être dangereux. Cette gêne est aussi due au fait qu’on ait réaccéléré dans le processus, mais c’est sûr qu’il va falloir encore attendre un petit peu. » Une énième preuve d’un investissement sans faille du numéro 21 blanc et bleu, au moins à la hauteur de ce que peut faire un joueur blessé de longue date. Il n’a pas de tatouages, n’est pas le plus exubérant et ne passera pas son temps à haranguer le public du Vélodrome, mais il fait peu de doutes qu’il manquera à nouveau sur le terrain lors de la double confrontation contre le Shakhtar Donetsk en barrages de Ligue Europa.
Par Anna Carreau