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Valentin Eysseric : « Je me relance là où ma descente personnelle a commencé »

Propos recueillis par Nicolas Jucha
8 minutes
Valentin Eysseric : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je me relance là où ma descente personnelle a commencé »

Transféré de fraîche date à Saint-Étienne, Valentin Eysseric n'a pas tardé à prendre ses marques et à être efficace dans le Forez. L'ancien de Monaco et Nice espère désormais franchir un palier dans le même club que Jérémy Clément, qu'il avait blessé en mars 2013, début pour lui d'un mal-être personnel et sportif.

Tu viens de débarquer à Saint-Étienne, mais tu as déjà été décisif avec un but contre Bastia et une passe décisive contre Milsami…

Le changement m’a fait du bien, la confiance et le discours du coach aussi. Cela m’a fait du bien de sentir les efforts du club pour me faire venir. J’avais besoin de changer d’air et d’être en confiance. Quand je le suis, je tente des choses. Ce n’est pas parce que je travaille plus à Saint-Étienne qu’à Nice. D’ailleurs, quand j’avais quitté Monaco pour Nice, j’avais bien commencé. Cette fois-ci, il faut que j’arrive à être bon sur la durée.

Comment se sont noués les premiers contacts avec Saint-Étienne ?

À Nice, c’était compliqué avec le coach. Cela s’est fait rapidement avec Saint-Étienne, j’ai eu l’entraîneur au téléphone une semaine avant, et à 23h le lundi soir avant ma signature, Christophe Galtier m’a envoyé un SMS pour me féliciter de ma venue à Saint-Étienne. Le lendemain, je devais signer à 14h. Cela a vraiment été rapide.

Claude Puel t’avait fait venir à Nice, comment la relation a-t-elle pu se dégrader si fortement ?

Cela a commencé quand il a fait jouer Grégoire (Puel, fils de ndlr) à ma place sur le côté. Après, je n’ai jamais lâché, on peut demander aux autres joueurs du club et du staff. Je n’en veux pas à Claude Puel, ce sont des choix. Je m’étais mis en tête de redevenir titulaire, de bien travailler pendant la préparation avec Nice, d’être bon durant les matchs amicaux, mais cela n’a pas suffi. Il y a eu des recrues, il a aussi fait jouer des jeunes à ma place. Moi, je jouais avec les jeunes en CFA, ce sont des choix de sa part. Et aujourd’hui, je suis heureux à Saint-Étienne.

À Saint-Étienne, tu as retrouvé Jérémy Clément que tu avais blessé en 2013 – double fracture tibia-péroné – et cela t’avait valu 11 matchs de suspension. Le pire moment de ta carrière ?

Oui, parce que c’est douloureux de faire ça à une personne. Je ne sais pas tacler, j’ai taclé une fois dans ma vie et j’ai provoqué une blessure de ce type. C’est choquant. Aujourd’hui, l’histoire est belle, car je cherche à me relancer dans le club où ma descente personnelle a commencé. J’avais un peu d’appréhension en arrivant dans le vestiaire, mais tout le monde m’a bien accueilli, on n’a pas parlé de cela, c’est du passé pour Jérémy et moi. Quand je le vois courir, je me dis que ce sont les aléas d’une carrière. Il va bien, il joue bien, pourvu que cela dure le plus longtemps possible pour lui.

Christophe Galtier aurait consulté Jérémy Clément et Loïc Perrin avant de te recruter…

Le lendemain de sa blessure, j’étais avec lui à l’hôpital, on avait beaucoup parlé et appris à se connaître cet après-midi-là. J’ai vu que c’était une bonne personne, je pense que lui a vu cela aussi en moi. Le coach m’a dit avoir demandé l’accord de Jérémy, mais pas de Loïc en revanche. Du moment que j’avais l’accord du coach et de Jérémy pour venir, je n’ai pas hésité.

À ton retour de suspension, tu avais indiqué avoir eu « peur d’aller au contact » , ce qui est en général l’appréhension du blessé…

C’est un peu bizarre, mais je me comprends. Je ne suis pas une personne méchante, je préfère les beaux gestes. Alors de blesser une personne, cela m’a choqué, car j’avais peur de le refaire.

Tu es né à Aix-en-Provence, tu as commencé le foot à 4 ans… Gamin, c’est l’OM ton club ?

Je suis né pas loin de Marseille, donc c’était l’équipe qu’on allait voir jouer, j’allais au Vélodrome. Mon joueur préféré, c’était Didier Drogba, quand il était là, c’était LE joueur de l’OM. J’étais trop petit pour me souvenir de la victoire en Ligue des champions, donc la première équipe qui m’a fait rêver, c’est celle qui a été en finale de Coupe de l’UEFA 2004, avec Drogba, Meriem… Avec mon père et mes frères, on se régalait d’aller les voir jouer au Vélodrome.

Tu as essayé d’intégrer l’OM ?

J’ai fait des détections, mais cela n’a jamais marché, des détections en benjamin ou poussin, ils n’ont jamais donné suite. Mon jeu n’était sûrement pas assez développé pour eux.

Finalement, tu as intégré le centre de formation de Monaco, avec lequel tu as gagné la Gambardella 2011. Tu en gardes quels souvenirs ?

Ce sont les meilleurs moments de notre formation. Avec les joueurs de l’équipe (Layvin Kurzawa, Nampalys Mendy, Dominique Pandor…), on garde des liens assez forts, on continue de s’appeler régulièrement, on est amis. Des éducateurs, je me souviens de Didier Christophe, qui nous a fait énormément progresser. Après, je peux aussi citer François Ciccolini, avec qui on a gagné la Gambardella. La personne qui m’a suivi depuis mes onze ans et m’a recruté, c’est René Riefa, tout est parti de lui pour ma carrière.
J’ai reçu une convocation de Montpellier, mais j’avais l’occasion d’aller au ski pour la première fois

Il a fait remarquer que tu étais très juste physiquement à ton arrivée au centre de formation de Monaco…

J’avais l’habitude de jouer sur ma technique en amateur, cela suffisait. Quand je suis arrivé au centre, j’ai dû travailler, car je n’avais pas de muscles, un corps d’enfant par rapport à certains déjà formés. Le foot, c’était ma passion, je jouais dans la rue, c’était un plaisir. J’ai pris conscience qu’il fallait travailler pour en faire mon métier, mais j’avais du mal à réaliser que j’étais en formation à Monaco, c’était un rêve de gosse.

Tu as refusé un stage à Montpellier pour partir en vacances au ski, véridique ?

C’est vrai. C’était l’année avant de signer à Monaco, j’avais 14 ans. J’ai reçu une convocation à la maison de Montpellier, pour un stage d’une semaine. Mais j’avais aussi l’opportunité d’aller au ski pour la première fois de ma vie avec la mairie de l’endroit où j’habitais. Je ne suis pas allé à Montpellier et je suis allé au ski, c’était mieux pour moi, car je n’avais jamais fait de ski (rires). Le foot, je pouvais l’avoir toute ma vie, à cet âge-là, je ne me suis pas dit que je pouvais passer à côté d’une carrière à cause de cela. Je pensais plus à sortir, m’amuser avec mes potes dehors. Je ne pensais même pas à faire mes devoirs, alors encore moins à devenir footballeur professionnel, même si je savais que j’avais des qualités. Je n’avais pas la tête à cela, je me laissais un peu vivre et je ne me prenais pas la tête.

Finalement, tu es entré au centre de formation de Monaco, où tu as signé, puis évolué en pro. Pourquoi être parti en 2012 ?

Je serais resté à Monaco si j’avais pu jouer plus. Quand Claudio Ranieri est arrivé, cela a été compliqué pour moi. Au bout de trois journées de championnat de Ligue 2, je n’avais pas encore joué. Et ensuite, j’ai eu l’opportunité d’aller en Ligue 1 avec Nice, mais j’aurais pu évoluer toute la saison en Ligue 2. Mais quand Claude Puel m’a donné l’opportunité de rebondir, je n’ai pas hésité. Et en plus, cela s’est super bien passé pour moi cette année-là.

À Monaco, tes problèmes avaient vraiment commencé avec Marco Simone… (seconde partie de saison 2011-2012, ndlr)

J’étais titulaire avant son arrivée, ensuite c’était fini. J’ai été renvoyé en CFA, viré du groupe pro. Il disait que je n’en faisais pas assez aux entraînements alors qu’il venait d’arriver. Le coach de la réserve était devenu l’adjoint de Simone, et c’était « facile » pour eux de faire redescendre des joueurs en CFA. Ils ont dit que je n’en faisais pas assez. Je l’avais mal pris car j’étais en pro, je n’étais plus en « formation » , j’avais fait 25 matchs de Ligue 2. Eux continuaient dans leur esprit de former des joueurs, alors que moi, je pensais être passé pro, que cela démarrait. Il n’aurait jamais pu renvoyer une recrue en CFA comme ça.

Quand tu vois ce que Monaco est devenu, cela te donne des regrets ?

Non, aucun regret, chacun sa carrière. J’en ai déjà parlé avec d’autres joueurs, peut-être qu’on est arrivés à Monaco au mauvais moment. Après, j’ai quand même vécu de beaux moments à Monaco malgré la descente en Ligue 2, c’étaient mes premiers matchs en professionnel. C’est un bon club qui m’a bien formé, j’en garde un excellent souvenir.

À Nice, on t’a bien accueilli alors que tu venais du rival régional ?

Quand tu arrives à Nice, tout va bien. Il faut vraiment mouiller le maillot, peut-être plus qu’ailleurs. Il faut parler des supporters, sinon cela ne va pas, c’est un peu démesuré. Mais ils m’ont aidé à mon arrivée, d’autant plus que j’ai fait une bonne première saison. Un an après, Nampalys Mendy a débarqué, je lui avais parlé au téléphone pour le convaincre, un ami avec qui j’ai été formé. C’était une bonne chose même si au final on n’aura pas joué tant de temps ensemble là-bas.

À Nice, c’est quoi dont tu es le plus fier, ton retourné acrobatique contre Brest ou ton but de la victoire contre Paris en 2012 ?

Je préfère le but du PSG, même si c’est une reprise écrasée. Il était plus important et m’a procuré plus de sensations. Je ne suis pas un joueur qui marque souvent, mais je marque des buts importants, le dernier de Nice au Stade du Ray ou encore celui contre Reims la saison dernière qui nous assure le maintien. Mais après, j’avoue que j’aimerais marquer un peu plus.
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Propos recueillis par Nicolas Jucha

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