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Valentin Atangana : « Cette sérénité, elle vient de mon père »

Propos recueillis par Timothé Crépin
8 minutes

Il n’a pas encore 20 ans et vit une vraie romance avec le Stade de Reims, son club formateur. Foot de quartier, N’Golo Kanté, tiki taka, Samuel Eto’o, Clément Grenier, Cameroun : Valentin Atangana revient sur ses coups de cœur. Quoi de plus normal pour une Saint-Valentin ?

Valentin Atangana : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Cette sérénité, elle vient de mon père<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Valentin, à Bourgoin, lors de la qualification rémoise pour les quarts de finale de la Coupe de France, tu étais le capitaine du Stade de Reims. À 19 ans. Qu’est-ce que ça signifie pour toi ?

De la fierté. Depuis tout petit, dans chaque catégorie, j’ai été capitaine. Donc l’être avec les professionnels, ça représente énormément pour moi. C’était un objectif. Même si je suis un jeune joueur, je pense être exemplaire, je montre la voie et j’essaie toujours de tirer le groupe vers le haut. Si le coach m’a mis capitaine, c’est aussi pour ça.

Ton histoire personnelle commence au Cameroun.

(Il sourit.) Elle commence un peu au Cameroun. J’y suis né, car mes parents étaient en vacances là-bas. J’ai eu la chance d’avoir un père qui a été joueur professionnel (Mvondo Atangana, NDLR) en Russie, en Angleterre, en Écosse… Ce qui fait qu’on voyageait énormément. Il a fini sa carrière dans un petit club, à Saint-Dizier (en Haute-Marne). Puis on est venus s’installer à Reims. Et j’ai commencé le foot à l’âge de 6 ans, à La Neuvillette, un petit club à Reims.

N’Golo Kanté me correspond beaucoup, que ce soit le sportif ou l’humain. Sa capacité à ratisser les ballons, aller vers l’avant, être humble… C’est ce que j’aime.

Valentin Atangana, amoureux.

Du coup, de par ton papa, le foot, c’était une évidence…

Notre père ne nous a jamais forcés, mes deux frères et moi. On a toujours voulu faire par nous-mêmes. Au début, c’était vraiment le plaisir d’aller faire du foot en bas de chez moi, au city-stade de Clairmarais (un quartier de Reims, NDLR). J’ai vraiment commencé à prendre goût au foot sur ce terrain. Puis ça a fini par devenir sérieux. C’est aussi durant cette période que  je commence à m’identifier à des joueurs, surtout à un qui, je pense, a la même philosophie que moi : c’est N’Golo Kanté. Je l’apprécie énormément. Il me correspond beaucoup, que ce soit le sportif ou l’humain. Sa capacité à ratisser les ballons, aller vers l’avant, être humble… C’est ce que j’aime.

Comment travailles-tu ton côté N’Golo Kanté ? Tu es du style à aller regarder des vidéos sur YouTube ?

Oui, j’ai déjà regardé des vidéos de lui, mais pas énormément non plus. J’essaie d’être Valentin Atangana et pas N’Golo Kanté, si je peux dire ça comme ça.

Je crois que Marshall Munetsi, ton coéquipier à Reims parti cet hiver à Wolverhampton, te surnommait Paul Pogba…

(Il sourit.) Ouais, Pogba. Pourquoi ? Je ne sais pas… J’aimais bien ! Mais moi, je l’appelais aussi N’Golo Kanté !

Comment se déroulent tes débuts dans le foot : on te voit vite comme quelqu’un de doué ?

Ça va vite oui, car le Stade de Reims me repère au bout de deux ou trois ans. Il y avait un tournoi à Tinqueux (juste à côté de Reims, NDLR). Et c’est vrai que j’avais fait fort, quand même. Je marquais des buts, j’étais bon. Derrière, le club a vu un bon potentiel en moi. Mon premier tournoi avec le club, c’est un tournoi en U11 à Ajaccio. On avait joué face au FC Barcelone en huitièmes de finale. Ils avaient mis les U10, mais ils étaient tellement forts… C’était tiki taka, ça jouait !

Tu as donc baigné chez les Rouge & Blanc très tôt. Tu te revois ramasseur de balle à Delaune ?

Oui, je l’avais fait ! Je me souviens, c’était face à Rennes. Je lançais des ballons à Clément Grenier, qui s’échauffait sur le côté.

Et dans ce genre de moments, tu te disais : « C’est là que je veux être » ?

Oui, mais il a fallu cravacher. Le foot, ce n’est pas facile. Tu te lèves le matin, tu vas à l’école, tu vas au foot. Chaque jour, chaque semaine. Il a fallu travailler dur. Je repense à la catégorie U16. J’y ai énormément appris. À mes 15 ans, je jouais déjà avec les U17 nationaux. Ça allait très vite.

J’aurais aimé être acteur. J’aime bien tout ce qui est scénario, caméra, etc.

Valentin Atangana

Quel a été l’apport de ton père dans ces moments ?

Il a joué, il connaît le métier. Il m’a toujours dit de garder la tête froide pour avancer. J’ai aussi la chance d’avoir un grand frère qui joue au foot (Joseph Atangana, actuellement à Thionville, en N2, NDLR). Je prends énormément exemple sur lui, dans son comportement, sa façon d’être. Quand on joue à l’extérieur, soit il m’appelle, soit il m’envoie un petit texto pour rester concentré, motivé. Des messages qui te mettent dans ton match. Quand on est à domicile, il me parle avant. Des petits rituels qu’on a depuis que j’ai commencé le foot.

Qu’est-ce qui te reste de ta première entrée en Ligue 1 ?

C’est marquant parce que c’était un derby : Reims-Troyes (12 février 2023, Atangana remplace Azor Matusiwa à deux minutes de la fin, NDLR). J’avais 17 ans. En plus, on l’a emporté haut la main (4-0). Quand le coach (Will Still) m’a appelé, j’étais surpris. En plus, tu as ta famille, en haut dans la tribune, qui te regarde. Tu vas rentrer. Et même si c’est cinq ou dix minutes, tu te dis : « Ah ouais, quand même. » Tu as l’adjoint qui te donne les consignes, tu mets ton maillot, tu penses à ce que tu vas faire… Et quand tu entres, tu ne penses à rien, tu es dans ta bulle.

Quand tu avais 10 ans, tu imaginais déjà ce moment ou tu avais pensé à un autre métier ?

Honnêtement, j’étais persuadé que je voulais finir footballeur. Si cela n’avait pas été le cas, j’aurais aimé être acteur. J’aime bien tout ce qui est scénario, caméra, etc.

Depuis Troyes, il y a eu du chemin parcouru. Avec des matchs importants, comme celui au Vélodrome en début de saison 2024-2025 (2-2). Ta personnalité, ta présence et ton impact avaient marqué. Te souviens-tu de ta prestation ?

C’était la première fois que je commençais titulaire. L’ambiance était incroyable. Le stade était rempli, ça faisait du bruit. J’y étais allé sans pression. C’était le jour de mon anniversaire, je voulais faire bonne impression. Malgré une première période un peu compliquée, le collectif n’avait rien lâché.

On a quel sentiment personnel à la fin d’une telle partie alors qu’on n’a pas encore 20 ans ?

J’aime regarder mes matchs, qu’ils soient mauvais ou bons. Et après ce type de performances, ce que j’essaie, c’est avant tout de garder la tête froide. Mais aussi me dire que ce que j’ai fait, c’était bien. Derrière, comme les matchs viennent très vite, on passe à autre chose rapidement.

Honnêtement, ça ne va pas me changer d’avoir le brassard ou pas.

Valentin Atangana

Je veux pas te vieillir trop vite, mais quand on te voit jouer, on a presque l’impression que tu as déjà beaucoup de bouteille au niveau pro.

Cette sérénité, elle vient de mon père. À chaque match, il me dit : « Un milieu de terrain qui ne perd pas de ballon, c’est qu’il fait son match. » Cette phrase, je la mets dans ma tête à chaque fois. Ça peut t’arriver de perdre des ballons, mais si tu en perds le moins possible, tu peux réussir ton match. C’est comme ça que je l’entame.

Avec la carrure d’accepter les responsabilités comme celle d’être capitaine ?

Oui, j’ai la carrure pour ça. Honnêtement, ça ne va pas me changer d’avoir le brassard ou pas. Oui, tu as plus de responsabilités quand tu le portes, mais je ne vais pas changer ma façon d’être parce que je suis le capitaine. Je vais rester moi-même : continuer d’être performant, donner quelques billes aux nouveaux joueurs qui arrivent. Et c’est tout.

Comme jeune athlète, qu’est-ce que tu as déjà mis en place ?

Tout ce qui est travail invisible, j’y tiens énormément : l’activation et pré-activation du corps. Ça fait un an et demi que j’ai commencé. Je travaille aussi beaucoup avec les nutritionnistes. Ils me donnent des conseils, des clés : qu’est-ce qu’il faut manger en veille de match, après le match… Et aussi la récupération, les soins…

À quel point Yunis Abdelhamid, parti l’été dernier du Stade de Reims, et dont beaucoup de joueurs louaient le professionnalisme à ce sujet, a pu t’inspirer ?

Toujours ! Quand je montais dans le groupe, il était là avant et après les séances. Toujours le dernier. Il m’a inspiré. Il m’a donné la voie.

Avec les équipes de France, tu as tout connu depuis les U17, jusqu’aux Espoirs en fin d’année 2024.

Le moment le plus marquant, c’est d’avoir remporté le championnat d’Europe U17 en 2022 avec Mathys Tel et la grosse génération 2005. C’est marquant car c’est mon premier trophée, même si c’est en jeunes. Chez les U19, à l’Euro, j’étais capitaine et on a failli remporter le tournoi. Malheureusement, c’était pour les Espagnols (défaite en finale, 0-2. Atangana avait marqué le but décisif en demi-finales, NDLR). J’ai joué deux finales dans ma carrière, c’est pas mal ! Puis les Espoirs, où j’ai pu marquer mon premier but (pour sa première sélection en Italie, le 15 novembre dernier, 2-2, NDLR). La sélection, on peut dire que ça me réussit.

Et ton papa, il en dit quoi ? Parce que lui doit être attaché au Cameroun…

(Il sourit.) Mon père me laisse. Pour l’instant, je suis avec la France, je me sens bien.

Quels liens gardes-tu avec le pays ?

Cet été, normalement, on devrait partir au Cameroun en famille. Savoir où je suis né, c’est très important pour moi.

Y a-t-il un footballeur camerounais qui a pu t’inspirer dans ta jeunesse ?

Samuel Eto’o ! C’est un joueur qui était très serein dans sa façon de parler et sa façon de jouer. Quand il disait quelque chose, il le faisait. C’est ce que je retiens de lui.

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