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Valenciennes et les « nouveaux Montpellier »
Ce soir, le VAFC reçoit le champion en titre Montpellier avec un costume de favori que beaucoup trop aiment convertir en déguisement héraultais. Auteur d’un excellent début de saison, Valenciennes, au même titre que Saint-Étienne, serait le « nouveau Montpellier ». Pour une nouvelle, c’est une nouvelle.
Désolé pour sa famille et ses proches amis, mais la France du foot est malade. Pour le médecin, le diagnostic est sans appel et l’infection incurable : une comparaisonite aïgue. Cela fait quelques années déjà que pas une saison de Ligue 1 ne passe sans que l’on ne compare le jeu d’une équipe ou d’un joueur à celui d’un autre, généralement un étranger, généralement un Catalan. D’ailleurs, personne n’a oublié que l’équipe qui s’est imposée ce vendredi soir à domicile face à Lille (2-0) n’est autre que le « Barça français » . Un statut partagé la saison passée avec Valenciennes, une équipe au jeu léché, avec ses Iniesta et Xavi, Gaël Danic et Foued Kadir. A croire que l’on aime bien prendre les Valenciennois pour des autres, cette année, les Nordistes, auteurs d’un début de saison épatant, seraient « le nouveau Montpellier » . Mais kézako, le nouveau Montpellier ? Une nouvelle ville étudiante et chaleureuse où on peut déguster un peu de Pic Saint-Loup et de Château d’Assas ? Non, apparemment, c’est une équipe qui réalise un bon début de saison et qui déjoue, un peu, les pronostics. Ce qualificatif un peu pourri est également utilisé pour l’AS Saint-Étienne, le nouveau Montpellier du 42. Heureusement, Valenciennois et Stéphanois peuvent se rassurer : cette appellation ne veut rien dire.
Impossible d’être le « nouveau Montpellier »
Elle ne veut rien dire pour la bonne et simple raison qu’il est impossible d’être le « nouveau Montpellier » . Une équipe où tout a fonctionné pendant une saison entière et de laquelle se dégageait un sentiment d’invincibilité propre à certaines épopées, généralement aussi rares que la comète de Halley. Au vrai, l’exemple montpelliérain risque de devenir pour les « petites et moyennes équipes » ce que les invincibles Chicago Bulls de Michael Jordan en 1995-1996 sont pour les grosses écuries américaines en NBA : un rêve auquel on s’accroche avant de se rendre compte, dans la victoire comme dans la défaite, qu’il est irréalisable. A titre d’exemple, et après seulement treize journées, Saint-Étienne ne peut plus espérer avoir un rendement aussi bon que les Montpelliérains à domicile, tandis que les Valenciennois, toujours invaincus au stade du Hainaut, n’ont droit qu’à une seule défaite à domicile et à aucun match nul pour faire aussi bien que l’impressionnant bilan des hommes de René Girard. Ce statut de « nouveau Montpellier » est également renforcé par le fait que le PSG se cherche encore. La France anti-Qatar se prend alors à rêver d’une belle épopée qui priverait une nouvelle fois le QSG d’un titre qui lui tendait pourtant les bras. Mais là encore, si, par miracle, le titre échappait aux Parisiens, ce sont les Lyonnais et pas VA ou l’ASSE qui semblent les plus prompts à rafler le Graal. Pas vraiment une équipe qui correspond à l’archétype du « nouveau Montpellier » .
Comme Montpellier, vraiment ?
Si ce soir, Valenciennes est favori à domicile face à Montpellier, champion de France en titre, c’est qu’il y a un léger souci. Oui, choper l’Hexagoal est quelque chose d’unique pour un joueur, mais il n’est pas certain que les Nordistes aient envie d’être le nouveau Montpellier de l’année n+1. Car cette année, les Héraultais rament sévèrement, en Ligue des champions comme en Ligue 1. S’ils se présentent au Stade du Hainaut avec pour la première fois de la saison, une série de trois matchs sans défaite en championnat, les joueurs de René Girard n’imaginaient certainement pas que le retour à la réalité serait aussi difficile. Avoir été une équipe capable de tenir le rythme des cadors sur la durée, avoir été quasiment invincible en fin d’année, aussi, puis redevenir soudainement une équipe comme les autres est un mal que l’on ne souhaite à aucune équipe, pas même aux « nouveaux Montpellier » . D’ailleurs, lors de sa dernière consultation avant le diagnostic, la France du foot, souffrante, aurait posé cette question : « Et l’ancien Montpellier, ce serait pas un nouvel AJ Auxerre ? » .
Par Swann Borsellino