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Valence, un destin à l’Atlético ?
Propriétaire de la Liga jusqu'en mai, l'Atlético de Madrid reçoit ce dimanche le Valence CF. Troisième contre quatrième, ce choc rappelle que les ambitions des Chés ont été retrouvées après quelques années de troubles. Suffisant pour rêver d'un destin similaire à la bande de Simeone ?
Oui, car la ferveur de Mestalla est retrouvée
En Espagne, on appelle ça des bengalas. Un nom chantant et coloré pour nommer des fumigènes. Ce dimanche 4 janvier, dans l’après-midi, les environs de Mestalla rayonnent d’un rouge pyrotechnique. L’arrivée du bus du FC Valence rappelle les grandes heures du fanion ché. Un engouement retrouvé qui ne perd pas en température une heure et demie plus tard. Victorieuse 2-1 d’un Real Madrid fort de 22 succès consécutifs, la bande à Nuno a offert un spectacle rare ces dernières années à son aficion. Habitués aux seconds rôles, les Valenciens s’étaient fait une raison et avaient accepté de devenir le centre de formation des mastodontes espagnols et européens. Depuis cet été et le rachat de l’entité par Peter Lim, les supporters des Naranjas ont retrouvé leur fierté, et Mestalla a retrouvé son lustre d’antan. Tombeur du Real et de Séville, Valence s’est également farci l’Atlético en début de saison. À l’instar du Vicente-Calderón, l’antre des Chés ne baisse plus les yeux. Mieux, signe d’un changement d’époque, les mouchoirs blancs ont laissé place aux olés.
Oui, car Chés et Colchoneros sont tournés vers l’Asie
Le géant n’a plus les pieds d’argile. Criblé de centaines de millions d’euros de dettes, propriétaire d’un stade dont le chantier est à l’arrêt, la chute du Valence CF semblait inexorable. Tel le sauveur inespéré, Peter Lim a pointé le bout de son nez, apporté son carnet de chèques et a racheté le club. Milliardaire originaire de Singapour, il s’est adjugé plus de 70 % des actions du club et a viré Bankia, ancien proprio, du cercle des administrateurs. Accueilli en héros, il n’a déçu personne à Mestalla. Grand ami de Jorge Mendes, il a fait son marché à travers le répertoire de l’omnipotent agent : Nuno, Rodrigo, André Gomes, Enzo Pérez… Premier Asiatique à investir en Liga, Lim a rapidement été suivi par Wang Jianlin. Multi-milliardaire chinois, il a fait de l’Atlético et de la ville de Madrid son entrée sur le sol européen. À en croire son compte en banque et sa passion pour le ballon rond, il devrait faire un bien fou aux finances dans le rouge des Colchoneros et permettre au club de se rapprocher financièrement du Real et du Barça. Tout comme Peter Lim. D’ailleurs, la première rencontre à laquelle a assisté le proprio ché remonte à un certain Atlético–Valence au Calderón…
Non, car le Cholisme ne s’exporte pas
Du sang, du labeur, de la sueur et des larmes. Churchill du ballon rond, Diego Simeone a respecté à la lettre la célèbre tirade du Vieux Lion, l’hémoglobine en moins. Dieu vivant du Vicente-Calderón, le Cholo a transformé sa méthode en religion, sa personne en apôtre. En trois ans, il a rendu ses lettres de noblesse, son identité et sa fierté au peuple des bords du Manzanares. Sa méthode, par bien des aspects, est brute de décoffrage : des cojones, de la rigueur et du travail. Saupoudrez le tout d’un zeste de talent, et vous retrouvez une identité toute personnelle. « Organisée, intense, c’est une équipe d’hommes qui a la capacité de contrôler le match » , définit pour sa part le coach ché. Plus versatile, moins dogmatique, le Valence de Nuno Espirito Santo n’a rien d’une pâle copie de cet Atlético de Madrid. Tant mieux ou tant pis, le retour au premier plan des Naranjas passe par un jeu plus amphibie. De toute façon, le Portugais « préfère orienter que diriger » , raconte-t-il dans une interview fleuve à Marca. Rien à voir avec un chef de meute, donc.
Non, car Valence a besoin d’un titre
En 2004, Mestalla trônait sur l’Espagne et la petite Europe. Un doublé un peu fou, fruit du travail d’un homme, Rafael Benítez, et du talent d’un groupe, Pablo Aimar et Ayala en étendard. Depuis, le public n’a eu qu’une petite Coupe du Roi à se mettre sous les chicots. C’était en 2008, au Vicente-Calderón, aux dépens de Getafe. Justement, le Calderón a connu de nombreux succès depuis 2008. Deux Ligue Europa, une Coupe du Roi, une Supercoupe d’Espagne et une autre d’Europe sont venues précéder la Liga acquise homériquement la saison passée. En soi, tout ce qu’il manque au Valence CF pour redorer son blason et truster finales et titres. Pour le moment, Nuno rêve d’un « Valence qui rivalise avec les meilleurs clubs du monde » . Histoire de troquer cette chimère pour une réalité dorée, les Chés ont besoin d’un titre – autre qu’un trophée naranja, hein. Cette saison, aussi flamboyante et envoûtante soit-elle, ne débouchera sur aucune breloque. Reste donc à travailler, dur, et à « rivaliser, car ça signifie gagner » , dixit Nuno. Ou à recruter Diego Simeone.
Par Robin Delorme, à Madrid