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Valence roquettes
Dans l'ombre des trois ogres de la Liga, le FC Valence a passé son été à s'armer et semble prêt au combat.
Compliqué de vivre dans un monde dans lequel les trois places du podium sont déjà réservées. En Espagne, pour trouver une équipe qui termine dans les trois premiers du championnat et qui n’est ni le Real, ni le Barça, ni l’Atlético, il faut aller faire un tour à une époque où François Fillon était encore à Matignon, et sortir les cassettes de la saison 2011-2012. Cette année-là, Valence attrape la médaille de bronze pour la troisième saison de suite avec une équipe solide. Unai Emery est sur le banc, Adil Rami et Jérémy Mathieu tiennent la défense, Sofiane Feghouli court devant, et Jordi Alba vit sa dernière saison dans le club à la chauve-souris avant de filer à Barcelone. Depuis, Valence n’a jamais réussi à faire mieux que quatrième en Liga et encore la saison dernière, les Ches ont terminé à la place du con. Alors pour tenter de secouer l’immuable trio de tête, le club s’active depuis l’ouverture du mercato et empile les joueurs avec une régularité impressionnante et un goût prononcé pour l’attaque. Résultat, ces derniers temps, pas une semaine ne passe sans que les smartphones ne vibrent au fond des poches, avec cette notification sur les écrans : « Tartempion signe à Valence. » Tartempion, c’est Batshuayi, c’est Gameiro, c’est Cheryshev. Demain, ce sera peut-être Guedes ou un autre. Et à l’heure de la reprise, l’effectif des Valenciens est franchement costaud.
Revanchards
La manœuvre peut rappeler le mercato 2016 du FC Séville, autre club espagnol habitué du Top 6 en Liga et qui peut, sur un coup de folie, rêver d’un podium. Cet été-là, les Andalous ont acheté des joueurs à la chaîne et sur chaque ligne, en renouvelant une partie très importante de leur effectif. Pêle-mêle, les Sévillans avaient fait signer Franco Vázquez, Joaquín Correa, Ben Yedder, Mercado, Sarabia, Sirigu, Nasri, Clément Lenglet, ou encore Jovetić. Une vraie frénésie, le tout avec un Sampaoli aux commandes qui avait annoncé : « Nous allons passer chacune des 90 minutes à attaquer. » Une promesse tenue dès la première journée avec une victoire 6-4 contre l’Espanyol Barcelone. Mais à la fin de la saison, le FC Séville terminait à la quatrième place du championnat, et en se craquant en coupe et en Ligue des champions. Un bilan pas si génial que ça, en somme.
Et comme Valence sort d’une saison bouclée à cette même quatrième place en Liga et avec une demi-finale de Copa del Rey en prime, pour faire mieux, il va falloir cravacher. Ça tombe bien, des joueurs comme Gameiro et Batshuayi sont d’humeur revancharde et ont débarqué sans être effrayés par le nombre d’attaquants empilés par le club. « C’est l’entraîneur qui choisit les joueurs, mais j’ai confiance, jugeait le Français. Nous sommes cinq attaquants pour le moment et nous verrons ce qu’il va se passer. Dans tous les clubs où j’ai été, il y avait beaucoup de concurrence. Ça aide. »
Pas inquiet
À une dizaine de jours de la fin du marché, Valence a fait l’essentiel du travail niveau recrutement. Grâce à cet amoncellement d’attaquants, le FC peut même se permettre de faire traîner le dossier Guedes et de se lancer dans une vraie baston de regards avec le PSG, alors qu’il y a encore quelques mois, le club parisien semblait être en réelle position de force. Alors depuis des semaines, Valence fait comprendre aux Parisiens qu’ils n’ont pas un besoin vital du Portugais en agitant bien haut la pancarte « Trop cher. » Paris est longtemps resté bloqué sur une addition à 60 millions d’euros. Les Ches clament qu’ils ne comptent pas débourser plus de 40 millions. Le joueur ne cache pas son envie de rester jouer avec les Espagnols, et cette stratégie du quitte ou double pourrait bien finir par fonctionner.
C’est en tout cas ce que pense Marcelino, l’entraîneur, qui a commenté l’affaire en conférence de presse : « Je l’ai déjà dit. Comme il me semble qu’il va partir du PSG, je crois toujours que nous avons beaucoup de possibilités. » En parallèle, Marcelino serait également en train de viser Cédric Bakambu, qu’il dirigeait à Villarreal il y a deux ans. Au-delà de faire signer des joueurs en pagaille, Valence fait également ce qu’il faut pour garder ses meilleurs éléments, à commencer par Rodrigo, traqué par un Real Madrid qui ne fait peur à personne. Anil Murthy, président du club : « Nous ne lui avons pas mis une clause de 120 millions d’euros par hasard. » Forcément, Marcelino peut surjouer la confiance : « Si un club le veut, il devra régler sa clause, mais je ne pense pas trop à cela. Je ne m’inquiète pas vraiment. » Comme tous ceux qui savent qu’ils ont bien fait leurs devoirs de vacances.
Par Alexandre Doskov