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Valence : Nuno, plus qu’un ami de Jorge Mendes ?
Deux ans après le début de sa carrière d'entraîneur, voilà que Nuno Espirito Santo débarque dans l'un des quatre grands clubs de Liga. Auparavant, il a entraîné Rio Ave, où il a obtenu des résultats quasiment inespérés vu les moyens dont dispose l'équipe de Vila do Conde. Mais la vraie raison de sa venue à Mestalla porte un autre nom. Celui de Jorge Mendes. Alors forcément, ça ne plait pas à tout le monde de l'autre côté de la frontière luso-espagnole.
« Mon objectif est de qualifier Valence pour la Ligue des Champions dès cette saison » . Nuno Espirito Santo est un homme ambitieux et l’a fait comprendre aux fans des Murcièlagos dès sa première conférence de presse au club. Cela ne change rien au fait qu’ils sont très peu à croire en ses chances à l’Est de la Péninsule Ibérique. A commencer par les bookmakers. Le site de paris en ligne sportium.es voit carrément en Nuno le premier entraîneur renvoyé de la saison en Liga avec une cote à 5,50 devant Gonzalez (Espanyol) et Fernandez (La Corogne) respectivement cotés à 6 et 6,50. Il faut dire que l’ancien gardien de but du FC Porto sort un peu de nul part aux yeux des gens qui méconnaissent la Liga Sagres. Et même pour ceux qui la suivent, le voir passer de Rio Ave à Valence semble aussi peu naturel que s’il bondissait du banc de Lorient pour atterrir sur celui d’Arsenal, par exemple. Oui, Nuno Espirito Santo a réalisé deux bonnes saisons avec peu de moyens (11e l’année dernière, finaliste de la Coupe du Portugal et de la Coupe de la Ligue la même année et 6e en 2012-2013, aux portes de l’Europe), mais ces deux années ont aussi et surtout été les deux seules de sa jeune carrière d’entraîneur. De toute évidence, le coach portugais n’avait a priori rien du candidat idéal à la reprise d’un Valence revanchard dont le but est de redorer son blason dès cette saison. Alors pourquoi a-t-il atterri à Mestalla? Comme bien souvent depuis une décennie, la réponse se trouve entre les mains d’un homme: l’omnipotent Jorge Mendes.
Amis depuis près de 20 ans
Pour comprendre la relation entre les deux hommes, il faut remonter à 1996. Nuno Espirito Santo est à l’époque un jeune gardien de but qui aime fréquenter les boîtes de nuit tenues par Mendes dans le Nord du Portugal. « On avait des amis en commun et avec le bouche à oreille on a fini par faire connaissance et devenir de très bons amis » , raconte Nuno. Du statut de potes, les deux hommes sont rapidement passés à celui d’associés. Le jeune homme d’affaires veut se lancer dans le football et le portier de l’époque de Guimaraes, jouer à Porto. « On a tous les deux tiré profit de la situation de l’autre. Lui du fait que j’étais dans le monde du football professionnel et moi de son implication, sa motivation et de son sens de la négociation » . Conscient de ne pas avoir encore la carrure pour faire affaires avec Pinto da Costa, l’agent convainc Augusto César Lendoiro (président de La Corogne), l’un de ses tous premiers clients, de faire confiance à Nuno qui se souvient encore très bien des détails de la transaction. « Suite à mon transfert à La Corogne, Jorge Mendes ne m’a pas prélevé un sou alors qu’il était convenu à la base qu’il perçoive une prime sur mon contrat. Il a déchiré le chèque sous mes yeux et m’a dit qu’il ne l’encaisserait jamais » . En plus d’être belle, l’histoire se termine bien puisque Nuno finit par enfiler le maillot du FC Porto entre 2002 et 2004 puis 2007 et 2010.
« Si je suis là, c’est grâce à Jorge Mendes »
Nuno ne doit pas qu’une partie de sa carrière de gardien à Mendes mais aussi celle d’entraîneur. Et il le sait. Interrogé sur la question peu après son arrivée à Rio Ave (qui est, par ailleurs, l’un des bastions de l’Empire Gestifute au Portugal), l’intéressé n’a pas tenu sa langue, fidèle à sa réputation. « Oui, si je suis là c’est grâce à Jorge Mendes. Et alors, quel est le problème ? C’est mon agent, non ? Il ne fait que son travail. » Son arrivée à Valence présente quelques similitudes avec son parachutage à Vila do Conde en 2012. Les bonnes relations entre le proprio de chacune des deux écuries et le nombre de clients de la Gestifute sont deux éléments-clés de la stratégie du super-agent. Avant d’être des clients de Jorge Mendes, Antonio Campos (Rio Ave) et Peter Lim (qui a presque racheté Valence) sont amis avec le Portugais et entretiennent avec lui une relation de confiance. Ils lui laissent ainsi une certaine marge de manœuvre au sein de leurs effectifs, ce qui peut expliquer la présence inattendue de noms comme Nuno. Mais comme le manège repose sur la confiance, Mendes ne peut pas se permettre d’entuber les gros poissons simplement pour pistonner ses joueurs ou entraîneurs. Du moins pas à ce niveau-là. Ces derniers doivent avoir un minimum de qualité. Nuno Espirito Santo, quoique peu expérimenté, a, en plus d’y avoir obtenu d’excellents résultats, fait de Rio Ave l’une des équipes les plus joueuses de Liga Sagres. La pré-saison du Valence CF, bien que très peu significative à l’échelle de toute une saison, a commencé à faire taire les moins sceptiques parmi les sceptiques. En plus d’avoir gagné l’inutile Emirates Cup, les hommes de Nuno « Esprit Saint » ont joué de manière prometteuse, que ce soit contre Monaco ou Benfica, qu’ils ont tous deux dominé dans le jeu. De là à savoir si cela sera suffisant pour atteindre les exigences que le nouveau technicien valencian s’est fixées au cours de sa première conférence de presse, il y a un gouffre que peu oseront franchir outre-Pyrénées. Une chose est sûre : si Nuno parvient à décrocher la C1 dès cette saison, il se fera un nom en Espagne. Et pour une fois, ça ne serait pas grâce à un coup de piston de l’ami Mendes.
Par William Pereira