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Valence, le coup du troisième homme
Depuis deux ans, Valence s'est imposé comme la plus belle alternative pour tous ceux qui ne veulent pas réduire la Liga à une opposition entre Barcelone et le Real Madrid. Mais s'ils ne font pas mieux cette année, ils n'auront guère plus de considération que les Hearts of Midlothians. Ou François Bayrou.
Qu’il semble loin le temps où Valence était au fond du trou, trainant comme un boulet son pari de relancer les internationaux espagnols qui s’étaient perdus en Premier League (Asier Del Horno, Fernando Morientes). Loin le temps où Ronald Koeman prenait un malin plaisir à foutre le club en l’air en neuf petits mois seulement, avec une place de seizième à la clé. Loin le temps où le président Soriano mendiait à tout va pour vendre des parcelles du stade Mestalla dont la rénovation n’était évidemment plus à l’ordre du jour. Aujourd’hui, Valence va mieux. Mais c’est encore une période de convalescence. Un peu comme lorsqu’on sort d’une gastro : on savoure le fait de ne plus passer par la case toilettes, alors l’espace d’une semaine, on fait attention à ce que l’on mange.
Gala d’intégration
Certains au club sont pourtant tentés de bomber le torse. Les chauves-souris viennent de boucler les deux derniers exercices à la troisième place du championnat, à chaque fois avec 71 points, tout en ayant 8 et 9 points d’avance sur le quatrième. Dans un championnat où seul le duel Barça – Real semble compter, les Valencians rappellent qu’il y a trois places sur le podium. Et qu’ils peuvent être l’alternative pour tous ceux qui veulent autre chose que l’opposition des superpuissances. Le service marketing l’a bien compris : ils ont fait appel à Joma, l’équipementier aux goûts typiquement ibériques, pour confectionner un maillot très national (et très moche). Niveau recrutement, le club joue aussi la carte du « vivre autrement » , loin des recrutements galactiques, loin aussi de la débrouille du FC Séville.
A Valence, on prend peu, mais on cible des joueurs qui peuvent rapidement s’intégrer à un groupe au vécu commun : les Mathieu, Miguel, Aduriz, sans oublier les deux pépites du club, Pablo Hernandez et Banega. Dès lors, ceux qui ont connu un sérieux passage à vide comme Albelda ou Joaquin se remettent avec humilité au niveau alors qu’une recrue comme Soldado s’adapte sans broncher. Gignac, un temps pressenti à la place de l’attaquant espagnol l’an dernier, aurait pu cartonner dans cette équipe. Le recrutement de cette année, avec Adil Rami et Parejo de Getafe, incarne cette tendance. Une promesse de Liga, une valeur sûre de Ligue 1 : de quoi rendre encore plus fort ce 4-3-3 aux milieux tripoteurs.
Franchir un palier
Mais il ne faut pourtant pas trop en faire. Dans une Liga qui ressemble à s’y méprendre au championnat d’Ecosse, il n’y a peut-être pas de quoi la ramener. Il ne faut pas oublier que cette équipe s’est mangée un 6-3 sur sa pelouse contre un Real Madrid qui avait pourtant d’autres chats à fouetter, puisque la finale de la Coupe du Roi se jouait cinq jours plus tard. En Ligue des Champions, malgré une opposition intéressante contre Manchester United en poule, Tino Costa et ses copains semblaient avoir peur de se surpasser contre Schalke 04 en huitièmes de finale. En fait, après un bon départ, l’équipe s’est endormie sur ses lauriers, sentant que la troisième place était déjà acquise.
Pour l’année à venir, il va donc falloir relancer la machine. Surtout que cette saison, il faut impérativement « franchir un palier », comme on dit dans le jargon, sous peine de voir les sympathisants se lasser et se contenter de choisir entre Messi et Cristiano Ronaldo, Guardiola et Mourinho. Comme avant on se départageait avec les Rangers et le Celtic.
Romain Canuti
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