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Valence, la belle s’est rendormie
Avant de recevoir le FC Barcelone à Mestalla, le FC Valence vit une saison 2021-2022 bipolaire. Englués dans le ventre mou de la Liga et déjà écartés dans la course à la Ligue des champions, les Chés semblent concentrer leurs forces vives sur une victoire en coupe d’Espagne. De quoi rester perplexe et constater que les montagnes russes définissent plus que jamais la présidence opaque de Peter Lim.
À l’heure où les restrictions sanitaires commencent à progressivement s’évaporer et laissent place au fameux « monde d’avant » , les utilisateurs de Netflix en période de confinement pourront se rappeler la série espagnole Perdida, connue en France sous l’appellation La Disparition de Soledad, et partiellement tournée en 2019 dans la communauté autonome de Valence. Hasard ou non, c’est justement lors de cette même année civile que le FC Valence s’est perdu en chemin. À l’issue de la saison 2018-2019 célébrant le centenaire du club, les Chauves-Souris ont remporté la Coupe d’Espagne, terminé quatrièmes de la Liga pour se qualifier pour la C1 une deuxième fois consécutive et se sont même payé la tête de DC Comics en expliquant que « quand ce club jouait déjà avec une chauve-souris sur le maillot, les États-Unis chassaient encore des bisons ». Mais depuis le départ de l’entraîneur Marcelino García Toral au mois de septembre de la même année, cette euphorie semble très loin.
Marcelino, Longoria, Alemany : l’effondrement des piliers
Perçu comme une force historique majeure en Liga, Valence est aujourd’hui à la peine au classement général. Avant d’entamer la vingt-cinquième journée et d’affronter le Barça ce dimanche à Mestalla, les Blanquinegros occupent une douzième place anecdotique, six points devant la première équipe non relégable (Grenade) et neuf unités derrière le Barça, détenteur du dernier billet qualificatif pour l’Europe via le tour préliminaire de la Ligue Europa Conférence. En guise de consolation, les hommes de José Bordalás peuvent tout de même s’accrocher à une demi-finale retour de Coupe d’Espagne à Mestalla contre l’Athletic Club entraîné par… Marcelino. Une belle ironie du sort quand trois ans auparavant, Peter Lim demandait à l’Asturien de galvauder la Coupe du Roi, pas assez lucrative à son goût.
Le limogeage de Marcelino consécutif au non-respect des consignes venues d’en haut, cumulé aux départs successifs de Pablo Longoria la semaine suivante et Mateu Alemany au mois de novembre, a mis le club dans une situation sportive périlleuse. Pour laisser de la place à son ego, Peter Lim a décidé de reprendre le commandement des opérations, quitte à se mettre le vestiaire à dos. Albert Celades et Javi Gracia ont tenté tour à tour de retrouver les hautes sphères de la Liga, sans succès. Après une saison 2020-2021 marquée par la pandémie, Bordalás est arrivé de Getafe auréolé d’une réputation sulfureuse. Depuis quatre saisons consécutives en Liga, l’entraîneur des Azulones dirigeait l’équipe avec le plus grand nombre de fautes commises dans tout le championnat : 673 en 2017-2018, 642 en 2018-2019, 706 en 2019-2020 et 631 en 2020-2021. Et cette année avec Valence ? Les Murciélagos sont en tête du classement avec 411 fautes pour 82 avertissements et 5 expulsions, juste devant… Getafe (371).
« Sans Europe, Valence ne peut pas conserver tous ses atouts »
Au-delà de ce constat disciplinaire, Valence a indéniablement perdu de sa superbe, et notamment dans son effectif. Dani Parejo, Francis Coquelin, Geoffrey Kondogbia, Ferran Torres ou la pépite Kang-in Lee sont autant de talents partis vagabonder ailleurs. « Sans Europe, Valence ne peut pas conserver tous ses atouts, explique Roberto Ferriol, journaliste pour Plaza Deportivo. Parejo prenait autour de 7 millions d’euros, Kondogbia ou Coquelin étaient aussi de gros salaires. Valence ne pouvait pas assumer cela, il fallait les vendre. L’équipe a perdu beaucoup de talent, c’est certain. L’équipe est plus limitée, mais il faut garder l’objectif européen. » Récemment, de nouvelles incohérences sportives sont venues perturber Bordalás dans sa saison. Le départ de Daniel Wass à l’Atlético de Madrid pendant le mercato d’hiver n’était pas dans les plans du technicien, et malgré le prêt d’Ilaix Moriba en provenance du RB Leipzig pour six mois, l’absence du Danois pourrait peser dans la balance. « Ilaix est un 8 ou un 10, pas un 6, confiait Bordalás en conférence de presse. Wass est parti, et nous n’avons pas trouvé de remplaçant. Je vais tenter d’amener l’équipe à un rendement maximal. Même si certains garçons manquent d’expérience, ils vont nous aider. » Dans le cas contraire, il y aura des fautes à assumer.
Par Antoine Donnarieix
Propos recueillis par AD sauf mentions.