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Valence et Depor, stars des années 2000 au placard
C’était une autre Liga, c’était une autre époque. Au début du millénaire, le Valence CF et le Deportivo La Corogne toisent du regard les mastodontes merengue et blaugrana tout en écrivant les plus belles lignes de leur histoire. Une période dorée qui annonce une inexorable descente aux enfers.
Roy Makaay s’est trouvé un successeur. Mais ce n’est pas vraiment celui qu’il attendait. En officialisant l’arrivée de Ryan Babel en toute fin de mercato, le Deportivo La Corogne se rappelle au bon souvenir des Pays-Bas, mais pas vraiment à celui de ses illustres campagnes du début du millénaire. Désormais fanion quelconque du ventre mou espagnol, le club de la capitale de Galice se cherche toujours une ambition. Lui, le vainqueur de la Liga de l’an 2000, le cauchemar du grand Milan en 2004, navigue en eaux troubles depuis bientôt une décennie.
Un triste constat que partage également son adversaire du soir, le Valence CF. Auréolés de deux championnats espagnols (2002 et 2004) et d’autant de finales de Ligue des champions (2000 et 2001), les Chés soufflent le chaud et surtout le froid depuis le départ de David Villa et l’exode massif de leurs stars suivant le titre au Mondial sud-africain. Deux descentes aux enfers plus ou moins similaires pour les publics calientes du Riazor et de Mestalla qui, contre vents et marées, continuent de faire bloc derrière leurs équipes respectives. Et pourtant, le naufrage guette toujours.
Une dette qui gonfle, un club qui coule
Terreur de la Liga du nouveau millénaire, le Deportivo La Corogne a construit ses succès une décennie plus tôt. Malgré une seconde place du championnat 1949-50, ce sont bien les nineties qui assistent à l’éclosion d’un nouveau grand Espagne. Au soir du 3 octobre 1992, des Blanquiazules sauvés in extremis suite à un barrage étouffant face au Betis s’avancent comme une proie facile pour le Real Madrid. Menés, et plutôt largement (0-2), ils se réveillent au cours d’un second acte dantesque, marqué par les révélations brésiliennes Bebeto et Mauro Silva, et se gagnent le surnom de Super Depor.
Dès lors, le fanion galicien entre dans une nouvelle dimension, celle des Merengues et des Blaugrana, pour ne la quitter que quinze saisons plus tard. Durant ce laps de temps, il côtoie une autre terreur des prés outre-Pyrénées : le Valence CF. Forteresse historique de Liga, Mestalla se plaît à vibrer au son de l’hymne de la Ligue des champions, une compétition dont il atteint la finale à deux reprises. Mieux, ces échecs lui permettent de s’asseoir sur le trône d’Espagne à deux reprises. Plus dure sera la chute…
Car s’assurer les services de Roy Makaay, Diego Tristán ou Juan Carlos Valerón a un prix. Idem, Mendieta, Ayala, Aimar et consorts vident les caisses de Valence. Les dépenses millionnaires, les contrôles inopérants et les gestions calamiteuses transforment la situation des deux clubs en bourbier inextricable. Surtout pour le Deportivo La Corogne, dont les ressources économiques et la masse sociale restent minimes en comparaison aux Chés, pour qui la dette s’envole dans des proportions horrifiantes. En l’espace de quatre ans, de 2006 à 2010, année de sa rétrogradation, elle gonfle jusqu’à 130 millions d’euros, ce qui pousse, en 2012, le fisc espagnol à imposer un embargo sur ses revenus. Même si cette dette reste trois fois inférieure à celle de l’Atlético de Madrid, par exemple, le Depor ne dispose pas de la même importance stratégique, comme l’avance José Maria Gay de Liébana, économiste référence sur le foot espagnol : « Il faut prendre en compte que l’Atlético est de la capitale, alors que le Depor est une équipe de province. Il est plus facile de se frotter à un club théoriquement plus faible qu’avec un qui dispose d’une énorme puissance populaire. »
Bankia, gouvernement régional et Nou Mestalla
A contrario du Depor, que les instances du foot espagnol envoient en Segunda en 2010 en clôture de la Liga, le Valence CF dispose, lui, d’un soutien des autorités locales sans faille. Si bien que les coups de pouce de la mairie et de la région permettent au club de survivre au fiasco de son Nou Mestalla. Projet titanesque mais à l’arrêt, il plombe les caisses d’un club dont la dette atteint les cinq cent millions d’euros ! Et ce n’est pas sa reprise en main par la Bankia, banque mafieuse au cœur de la crise économique qui frappe l’Espagne, qui arrange la situation bancale des Chés.
Ainsi, en 2013, Valence passe sous contrôle public, le gouvernement régional s’étant porté caution du club trois ans plus tôt lorsqu’il se trouvait menacé de cessation de paiement. Même si l’arrivée à l’automne 2014 de Peter Lim, milliardaire singapourien de son état, rend un semblant d’optimisme à l’aficion, il ne peut effacer en un coup de chéquier l’ardoise monstrueuse qu’a engendrée le club. En Galice, même constat : le retour en Primera se fait sur fond d’austérité économique et au bon vouloir de Jorge Mendes. Un agent portugais qui, sentant également le bon coup, fait de Valence son jouet. Un jouet bien abîmé, donc.
Par Robin Delorme