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Valence, droit dans le mur

Par Léna Bernard

À l’aube de la 31e journée de Liga, l’un des plus grands clubs d’Espagne, le Valence CF, est au bord du précipice et risque de chuter en deuxième division pour la première fois depuis 36 ans. Retour sur la descente aux enfers du cinquième club espagnol le plus titré de l’histoire.

Valence, droit dans le mur

6912 jours après son dernier sacre européen, la Coupe UEFA glanée en 2004 dans le froid suédois au détriment de l’Olympique de Marseille, Valence s’apprête à jouer sa survie au sein de l’élite du football espagnol ces prochaines semaines. Malgré leur victoire face à Elche le week-end dernier, les Valenciens restent englués dans les tréfonds du classement, à la 18e place pour être exact, à une unité de Getafe, premier non-relégable. Une place inhabituelle pour le club che, plus habitué à se battre pour une qualification européenne que pour le maintien.

Une déliquescence sportive

Le Valence CF est une institution en Espagne. Depuis sa création le 18 mars 1919, le club n’a connu qu’une seule relégation dans son histoire, c’était lors de la saison 1985-1986, avant de rejoindre de nouveau l’élite dans la foulée. Ce qui donne un total de 87 saisons passées en Liga, pour un club emblématique des années 2000 dans le foot espagnol. Et pourtant, les décennies se suivent et ne se ressemblent pas pour les Murciélagos, qui n’ont remporté qu’une Coupe du Roi en 2019 et qui ont vécu une intersaison agitée l’été dernier. Une vague de départs a emporté Carlos Soler, Gonçalo Guedes ou encore Maxi Gómez, laissant le capitaine emblématique José Gayà seul à la barre. Pour quels renforts ? Edinson Cavani, 36 ans au compteur et arrivé en tête d’affiche. Neuf mois plus tard, l’Uruguayen est le meilleur buteur du club en championnat avec… cinq réalisations. Un taulier et quelques jeunes prometteurs pour l’accompagner, comme Justin Kluivert, Ilaix Moriba ou Hugo Duro. La mayonnaise n’a jamais pris, entre manque d’alchimie, pépins physiques et un changement de coach. Un grand classique depuis le rachat du club en 2014 par le milliardaire singapourien Peter Lim (12 coachs en 9 ans).

Cette fois, c’est Gennaro Gattuso qui en a fait les frais fin janvier 2023, sept mois seulement après avoir posé ses fesses sur le banc de Valence. Le champion du monde italien a été remplacé par un ancien de la maison, Rubén Baraja, qui a porté la tunique valencienne pendant dix ans entre 2000 et 2010. Un bon point : au niveau de la motivation, il est parvenu à relancer quelque peu son groupe et avait réussi à contribuer au premier succès valencien depuis le début de l’année 2023, face à la Real Sociedad (1-0). Le soufflé est toutefois légèrement retombé, et à l’aube de la 31e journée, Baraja présente le bilan de trois victoires, un nul et cinq défaites en neuf rencontres. Dans le jeu, il n’y a pas grand-chose à sauver, hormis les quelques coups d’éclat de Kluivert, actuellement blessé aux ischio-jambiers. Une saison en enfer, oui, mais les signes avant-coureurs remontent à quelques saisons déjà.

Un naufrage économique

Comme d’autres, le club a subi de plein fouet la crise du Covid, alors que le match face à l’Atalanta Bergame en février 2020 était soupçonné d’avoir accéléré la diffusion du virus en Espagne et en Italie. Depuis la pandémie, les problèmes économiques sont de plus en plus difficiles à gérer pour Valence, qui n’a pas pu compter sur une qualification européenne pour gonfler ses revenus. Le club de Peter Lim, accusé par les fans du club valencien d’être à l’origine de tous leurs malheurs, serait même proche de la banqueroute. Depuis que le milliardaire est venu éponger la dette (320 millions d’euros), c’est la politique du panier de crabes du côté de la direction valencienne. Pour l’exercice 2022-2023, le média espagnol El Confidencial révélait que la dette nette du club était encore de 276 millions d’euros, alors que les revenus étaient eux estimés à 140 millions d’euros. Une dette colossale en partie liée à une mauvaise gestion. De leur côté, les supporters ché critiquent l’inaction sur le marché des transferts ainsi que la cession de beaucoup de cadres de l’effectif, à l’image de la vague de départs au dernier mercato estival. Des mesures qui s’expliquent par la mauvaise santé financière de Valence. Pour ne rien arranger, le président Anil Murthy a démissionné en mai 2022, après que des écoutes où il critiquait Peter Lim ont été publiées par le journal Superdeporte.

Il reste désormais huit finales à disputer pour les hommes de Rubén Baraja afin de sauver le club d’une relégation qui serait à la fois un drame sportif, mais également économique. Les supporters des Blanquinegros n’ont qu’un seul espoir : ne pas connaître le même destin funeste que le Deportivo La Corogne ou Málaga.

Dans cet article :
Désormais lanterne rouge, Valence poursuit son calvaire
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