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Valence, ainsi va la chute

Par Maxime Brigand
4 minutes
Valence, ainsi va la chute

C'est l'histoire d'une institution qui déraille et qui se trouve aujourd'hui au bord de la relégation. L'histoire d'un monument agité par la colère contre un propriétaire sans ligne directrice et que tout le monde veut faire sauter de son siège. Hier, Valence était une place lumineuse. Aujourd'hui, c'est une terre de révolution.

Edmondo De Amicis aimait expliquer que « l’éducation d’un peuple se juge avant tout dans la rue » . L’histoire est ainsi faite. La rue est un marqueur des sentiments, mais surtout le tableau le plus représentatif de l’air du temps. Finalement, cette soirée de début février aura été une nuit comme les autres autour du Mestalla de Valence. Des banderoles vindicatives, des cris, des sifflets et des chants hostiles. Ça, c’est pour le décor. Sur le terrain non plus, rien n’a changé : le Valencia CF s’est une nouvelle fois planté, face à Eibar (0-4), et la rue est donc une nouvelle fois devenue le terrain de la contestation. Avant la rencontre, une large manifestation avait été organisée devant le stade contre un homme : Peter Lim, propriétaire du club depuis juin 2014. Une semaine comme une autre finalement dans une saison terrible qui se dessine comme un chemin de croix pour un monument, six fois champion d’Espagne au cours de son histoire, quatrième budget du pays et pour qui tout devait se terminer comme ça. Il suffit de se replonger dans les dernières semaines, pas plus loin, pour comprendre le tableau : fin décembre, Cesare Prandelli quittait son poste en dénonçant un « projet ridicule » ; quelques jours plus tard, le directeur sportif, Jesús García Pitarch, suivait pour une raison simple – « je ne peux pas continuer de défendre un projet dans lequel je ne crois pas. J’ai commis des erreurs et la plus grande d’entre elles a été de ne pas être parti avant. » – ; et dans la matinée de dimanche, on apprenait que l’ambassadeur du club, Mario Kempes, était dégagé après ses critiques acerbes contre la gestion et le spectacle proposé par une institution qu’il a toujours défendue jusqu’ici. Le tout sous des mouchoirs agités par des milliers de fidèles impuissants.

Du rire aux larmes

Mais que s’est-il passé pour que Valence passe en quelques mois à peine d’un club européen à un monument au bord de la chute en deuxième division ? Oui, nous sommes début février, vingt partitions nationales ont été jouées et les Blanquinegros n’ont remporté que cinq rencontres de championnat cette saison. Au point de se retrouver à six points de la zone rouge. Ce qui explique en partie la colère de son peuple, mais pas que. Non, cette situation n’est que la continuité logique du projet Lim dont on « suppose qu’il aime le football » sans en être sûr pour reprendre les mots de Pitarch. Au départ, l’homme d’affaires singapourien devait relever un club en crise, miné par deux stades – l’un qu’il ne peut pas vendre et l’autre qu’il ne peut pas terminer –, une dette immense et quelques soucis internes. Un peu moins de trois ans après le début de son mandat, que reste-t-il ? Un vague souvenir d’une première saison réussie entre les mains de Nuno où Valence avait terminé quatrième de Liga et donc européen au point d’éliminer l’AS Monaco en barrages de C1. Une époque où le Mestalla chantait des « Lim, on t’aime » avant de crier aujourd’hui des « Lim, dégage ! » Il ne faut pas s’inquiéter, Peter est déjà chez lui, comme toujours depuis plus d’un an, et ne reviendra probablement plus à Valence. La dernière fois que le proprio pyromane a été vu en Espagne, c’était à Barcelone en août dernier pour négocier le transfert de Paco Alcácer.

Couloir sans lumière

Si Lim est venu un jour à Valence, ce n’était pas pour ça. Mais pourquoi au juste ? C’est la question que tout le monde se pose aujourd’hui alors que les meilleurs joueurs continuent de quitter le club et que les différentes recrues s’empilent le plus souvent comme des échecs conséquents. Bien sûr, on connaît les contours : le système Jorge Mendes, la gestion floue, mais finalement un constat terrible tiré par Kempes il y a quelques semaines qui expliquait « ne pas souhaiter une telle situation, même à son pire ennemi » . Aujourd’hui, Valence avance avec un vestiaire divisé, un stade contestataire, un entraîneur – Voro – qui est, par la force des choses, devenu cette fois un peu plus qu’un simple pompier de service, histoire de finir l’exercice en cours tant bien que mal. Le départ de Prandelli en décembre n’a été que la partie visible du bordel et les raisons de ce dernier aussi. Car le technicien italien avait pris l’avion jusqu’à Singapour avec Pitarch et le président, Layhoon Chan, pour rencontrer Lim et avoir des réponses. Des réponses concernant les échecs de recrutement et l’incapacité du club à se renforcer, entre autres. L’été dernier, Valence avait pourtant amassé une bonne pile d’argent – plus de cent millions d’euros pour les départs de Barragán, Mustafi, André Gomes ou encore Paco Alcácer –, mais tout n’a été que mal investi. Prandelli était alors le septième coach de l’ère Lim. Aujourd’hui, Voro affirme que son « équipe a les moyens de se maintenir » , mais comment être positif ? C’est toute la question des prochaines semaines, alors que dans la colère, Valence meurt. Dans la rue et entre les murs.

Dans cet article :
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Par Maxime Brigand

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