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Valence 2000, en haute altitude

Swann Borsellino
Valence 2000, en haute altitude

Valence 2000 n’est pas une station de ski, mais n’en demeure pas moins un grand distributeur de sensations fortes. Équipe frisson du début de siècle avec le Leeds de Harte et Viduka, le Valence des Kily Gonzalez, Mendieta, Lopez et Ayala a fait trembler l’Europe entre 1998 et 2004. Retour sur une équipe que personne n’oubliera.

Confortablement installé au fond d’une boîte de nuit, un DJ blond comme ses platines observe la boule à facettes avec un regard différent. Presque songeur. Au plafond de ce night-club, dans lequel il officie, la sphère ronde reflète les lumières comme aurait pu le faire un Ballon d’Or, posé sur une table exposée où tape le soleil espagnol. Ce mec qui passe des disques est une légende vivante du football et s’appelle Gaizka Mendieta. Et comme chacun sait, le Basque aurait pu, dû, recevoir la plus grande des distinctions personnelles. Mais comme celle de son homme providentiel, l’histoire du Valence de l’entre-deux siècles est une histoire de lose. De belle lose, celle où l’on ramasse quand même deux Ligas et une C3, mais de la lose quand même. Battu deux fois consécutivement en finale de la Ligue des Champions, ce Valence-là méritait certainement mieux. Mais à défaut d’avoir connu la gloire complète, cette équipe est restée dans les mémoires comme l’une des plus belles de cette décennie. DJ, make some noise.

En marche pour la victoire

Puisque l’histoire est souvent faite d’images, autant aller droit au but et filer directement dans la toile d’araignée du pauvre Ruud Hesp. Nous sommes en 1999 quand Mendieta envoie sa sonde légendaire dans le but catalan, une époque où Valence pouvait, du propre aveu du Valencian à El Pais, « concourir avec le Barça et le Real Madrid » . Au crépuscule du XXe siècle, les Valencians ne gagnent plus rien depuis 1979, et les jeunes loups qui n’ont pas connu le Matador Mario Kempes commencent à se consoler avec une nouvelle vague d’immigration argentine. Ariel Ortega, Kily Gonzalez, Claudio Lopez, Pablo Aimar et autres joyeusetés, le tout sous le superbe maillot Terra Mitica, sorte de Disneyland de Benidorm. « Quand je suis arrivé au club, il y a eu une longue période lors de laquelle nous n’avons rien gagné » poursuit un Mendieta nostalgique. Mais sous les mains de Claudio Ranieri, Hector Cuper et Rafael Benitez, le petit Valence devient grand. L’ossature de l’équipe, pas forcément aussi glamour que la conduite de balle chaloupée d’Ortega ou les pieds gauches de Lopez et de Gonzalez, émerge. Tranquillement. Canizares, Ayala, Albelda, Angloma, Dukic, Pellegrino ou encore ce bon vieux Carboni. Une équipe. Une vraie. De quoi transformer la chauve-souris maigrelette en Batman.

Des titres mais, surtout, du beau

Cette coupe d’Espagne remportée en 1999, après avoir calé 7 buts en deux matchs au Barça en quarts, puis sept buts en deux matchs au Real Madrid, est le début d’une belle aventure. Le genre de celles que l’on retient parce que l’on a assisté à sa naissance, le genre de celles qui donnent envie de regarder la télé les soirs de Ligue des Champions. Une compétition que les Valencians ont fait leur pendant deux années de suite. En ralliant la finale de la plus belle des compétitions à deux reprises, sans jamais la gagner, les partenaires de Mendieta ont de quoi être déçus, mais laissent ainsi un petit goût d’inachevé parfois nécessaire pour qu’une équipe sexy jouisse d’une grosse cote de popularité. Aujourd’hui, on ne dit pas « Valence 2000 » comme on dit « Pays-Bas 74 » ou « Ajax 70 », mais sur un air de Earth, Wind & Fire, on a envie de dire que cette équipe a quelque chose de spécial. C’est une équipe avec des gueules, des esthètes, faite de besogne et de câlins, de coups de gueule et de poèmes. Des interventions rugueuses d’Ayala aux crochets de Kily Gonzalez, du blond platine de Canizares aux poux de Claudio Lopez, tout dans cette équipe a de quoi plaire. Dans sa retraite paisible sur les terrains de beach soccer, le Roumain Adrian Ilie peut affirmer, entre deux ciseaux sur le sable, qu’il a remporté une Liga en jouant un football panache. Le club a ramassé deux titres de champion d’Espagne entre 2002 et 2004. Entre deux morceaux, Mendieta, lui, se rappelle avec douleur de ce pénalty de Mauricio Pellegrino qui a offert la C1 au Bayern Munich. Avant de se remettre à bouger. En rythme. Ceux qui ont fait danser l’Europe pendant quelques saisons, ce sont eux. Et ça, même ébloui par les boules à facettes ou un peu trop à l’aise après quelques verres, personne ne l’oubliera.

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