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Valbuena, la forte tête

Par Swann Borsellino
5 minutes
Valbuena, la forte tête

D’abord, ils se moquent. Ensuite, ils la bouclent. Et ainsi de suite. En Bleu comme à Marseille, la vie de Mathieu Valbuena est un éternel recommencement. Souvent critiqué, parfois mis de côté, Petit Vélo n’a jamais abandonné et a toujours su rebondir. Jusqu’à devenir, n’en déplaise à certains, le meilleur joueur offensif de l’équipe de France.

Confortablement assis dans son fauteuil du côté gauche de l’attaque française, Franck Ribéry, qui reçoit un café-crème saupoudré de cacao de volée par Mathieu Valbuena, a fini par faire comme tout le monde. En rejoignant le banc de touche à la fin d’un match marqué du sceau du joueur de poche de l’Olympique de Marseille, le Bavarois, tout sourire, s’est empressé de féliciter chaleureusement Petit Vélo, sorti quelques minutes plus tôt pour laisser place libre à Loïc Rémy. Ça, précisément sept ans après l’arrivée de Mathieu Valbuena à la Commanderie, époque où il subissait les moqueries de ses coéquipiers Nasri, le porté-disparu, et donc Ribéry, le désormais repenti. Ribéry, qui fut aussi le premier à courir sur Valbuena après sa lucarne. Et Franck toujours, qui plutôt que de fêter son but a aussitôt pointé du doigt son passeur décisif. « Sur le moment, d’être systématiquement la victime de mauvaises plaisanteries, ça fait du mal. Personne d’autre dans le vestiaire n’aurait accepté d’être une cible comme moi » , constate amèrement Valbuena, dans les colonnes de L’Equipe Magazine. Mais Mathieu a la tête dure et, quoi qu’on en dise, un peu de plomb dans la cervelle. Lui, qui arrive du National, sait que sans boulot ni remise en question, il n’obtiendra rien. Sept ans et vingt sélections en équipe de France plus tard, le football lui a donné raison.

De l’art de se remettre en question

Mathieu Valbuena n’est pas Calimero mais, footballistiquement parlant, on ne peut pas dire que Petit Vélo soit né avec une cuillère en argent dans la bouche. Déjà compliquée, sa formation aux Girondins de Bordeaux ne débouche sur rien de bien concret si ce n’est une pige à Langon et deux saisons à Libourne. Au final, son vrai premier et unique coup de bol reste le partenariat entre l’ancien club de Charles Kaboré et l’OM, où il signe son premier contrat pro. Blessé un peu, taquiné beaucoup, il passe des heures compliquées à Marseille où, avec son mentor Éric Gerets, il pointe le bout de son nez en forme de patate. Le temps passe, les entraîneurs défilent, et c’est avec Didier Deschamps, déjà, que Mathieu Valbuena connaît sa première vraie galère de pro. A son arrivée, la Dèche explique clairement qu’il ne compte pas sur le numéro 28 et le natif de Bruges est placé sur la liste des transferts. Vexé, le joueur, pas du genre à tout faire pour quitter le club, se bat et regagne petit à petit une place de titulaire jusqu’à devenir le joueur indispensable qu’il est aujourd’hui à l’OM. En équipe de France, la donne est la même. Convoqué pour la première fois par Domenech, puis rarement oublié par Blanc, Valbuena fait de belles prestations en préparation de l’Euro 2012 mais ne dispute pas une seule minute du tournoi. Mais là encore, il ne bronche pas. Il bosse et profite du retour de Deschamps pour faire son come-back au premier plan chez les Bleus. L’équipe de France, un sujet de moquerie du vestiaire marseillais. Quelques années plus tôt, l’un des cadres du vestiaire olympien aurait évoqué une envie « d’arrêter le foot » si Petit Vélo venait à porter la liquette de l’équipe nationale.

Le meilleur bleu?

Aujourd’hui, les statistiques parlent pour lui. C’est simple, Mathieu Valbuena est impliqué directement dans cinq des six derniers buts de l’équipe de France (trois buts et deux passes décisives). Mieux, loin de Marseille, où il est déjà le joueur majeur de son équipe, le natif de Bruges (en France) semble un peu plus libéré. Hors de la Ligue 1, où ses adversaires le connaissent et où le traitement qui lui est réservé est parfois rude, Valbuena profite de son relatif anonymat chez l’adversaire, par rapport à des mecs comme Ribéry ou Benzema, pour être l’élément le plus dangereux du dispositif de Didier Deschamps. Le quotidien d’une équipe nationale n’étant pas d’affronter uniquement des grandes nations, Mathieu Valbuena a montré hier que son profil de joueur mobile, capable de s’intercaler entre les lignes et de botter de bons coups de pied arrêtés, était idéal pour affronter des équipes regroupées comme la Géorgie. Mais là où il fait réellement la différence avec des joueurs comme Karim Benzema ou encore et surtout Jérémy Ménez, c’est que Mathieu Valbuena semble avoir réellement envie d’être là. Lui qui n’a connu aucune sélection chez les jeunes se délecte de chaque minute passée à transpirer sous le maillot des Bleus et ça, ça plait à tout le monde, même à ceux qui ne piffent pas le Marseillais quand vient l’heure du match de la Ligue 1. S’il préfère jouer en numéro 10 et l’a déjà revendiqué en club, Valbuena n’a jamais bronché au moment d’être aligné à droite par Didier Deschamps. Il profite habilement de ce poste pour déborder et semer la pagaille tandis qu’il jouit de la possibilité de permuter avec Ribéry pour, de temps en temps, prendre quelques libertés dans l’axe. Au final, c’est toute l’équipe de France qui profite d’un joueur qui hier, avec Paul Pogba, était le seul à réellement pouvoir conserver le ballon, lever la tête et prendre son temps tout en étant capable de fulgurances, comme cette ouverture folle de volée pour Franck Ribéry. Aujourd’hui, sept ans après le bizutage compliqué de Mathieu Valbuena, on se dit qu’un personnage de l’ombre, protecteur de Petit Vélo quand les temps étaient difficiles, mérite un peu de reconnaissance. Alors merci à toi, Ronald Zubar : « Il m’a souvent servi d’avocat, de garde du corps. Il m’a protégé. Je ne l’oublierai jamais. Je ne sais pas si je l’aurais fait pour lui. Quand je prenais des coups, il en est presque venu aux mains pour qu’on me lâche, moi le « Petit »… Je n’étais personne. » Il est maintenant un peu plus que quelqu’un.

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