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Valbuena, insoumis et solitaire
Dans le marasme lyonnais, le meneur a été un des rares à essayer de faire bonne figure et faire barrage à la percée de l’Ajax. Trop tard pour éviter que le second tour ne soit une bérézina ?
« Sans Alex, on est capable aussi de faire de belles choses. La responsabilité est engagée pour tout le monde. » En conférence de presse d’avant-match, Mathieu Valbuena savait qu’un succès à Amsterdam passerait par une grosse performance collective, faute de pouvoir compter sur son leader d’attaque condamné à démarrer sur le banc. Mais ses paroles n’ont malheureusement pas trouvé d’écho chez ses partenaires coéquipiers, qui ont préféré s’abstenir et faire le jeu de l’Ajax. Car en ce soir de premier tour européen, les ambitions lyonnaises ont été refroidies par une défense dépassée par l’envie et les automatismes de la coalition hollandaise Ziyech-Traoré-Younes-Dolberg. Preuve de la désertion olympienne, Anthony Lopes a été obligé de jouer les pompiers de service pour colmater les errements de ses défenseurs. Devant, l’absence de programme offensif est rapidement devenue criante. Alexandre Lacazette avait donné procuration à Nabil Fekir, qui est resté sans voix face au but alors qu’il avait le but ouvert face à lui (67e). Maxwel Cornet s’est fait clouer le bec par la puissance néerlandaise, et Corentin Tolisso a fait l’effort de se déplacer, mais sur une jambe, cela valait autant qu’un vote blanc. Finalement, le seul joueur de champ à avoir essayé d’inverser la tendance, c’est celui qui appelait à l’unité, Mathieu Valbuena.
En selle !
L’ancien Marseillais connaissait l’ArenA pour y être déjà passé avec l’OM et quand il entre sur la pelouse, il semble être le seul à avoir pris la mesure de l’événement. Une demi-finale de Coupe d’Europe, c’est le genre de match pour lequel il joue. Ces affiches dont il a trop souvent été privé, au gré des aléas de sa carrière. Alors l’ailier lyonnais s’est battu ce mercredi. Il a engagé son petit gabarit pour exploiter les rares failles ajacides. Il a tenté de faire parler sa technique dans des espaces réduits, de partir en dribbles sur son côté gauche, de chercher les dédoublements avec Jérémy Morel, de proposer du jeu entre les lignes. Sur ses coups de pied arrêtés, il s’est rarement trompé de zone, mais personne de son camp n’a daigné lui donner la réplique. Seul dans la tempête, c’est lui qui arrive à relancer son équipe à l’heure de jeu. Tout sauf un hasard. À 3-0 contre les siens, l’international français s’est présenté au point de penalty, prompt à reprendre un mauvais renvoi de Schöne et croiser une frappe délicate sur la droite d’Onana. Personne ne l’accusera de récupération, car le premier but de sa saison européenne permettait alors à l’OL de se replacer dans l’optique du match retour.
Un candidat d’avenir ?
Les fans de l’Ajax ne s’y sont pas trompés. Mathieu Valbuena était le seul Gone à pouvoir tenir tête à leurs joueurs. Logique donc de le voir être la cible de projectiles sur le corner de la dernière chance. Mais arrivé à court d’arguments, il ne pouvait pas aller chercher une performance tout seul. Il était déjà des révoltes romaines et stambouliotes, mais cette campagne à Amsterdam semble désormais compromise. Mais viendra le moment où se pose la question du futur. Qui pour reprendre le flambeau quand Alex Lacazette s’exilera à l’Atlético de Madrid ou ailleurs ? Dans les lignes offensives, Mathieu Valbuena sera un des seuls à sortir indemne de cette saison pourrie. Et être cet homme d’expérience et de caractère nécessaire pour incarner un renouveau lyonnais espéré.
Par Mathieu Rollinger