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- OL-Strasbourg (2-1)
OL : Un millyon d’émotions
Alors que ses espoirs d’Europe étaient sérieusement malmenés à un quart d‘heure de la fin, l’OL a réalisé une fin de partie dont lui seul a le secret pour battre Strasbourg, ce dimanche (2-1). Qualifiés en Ligue Europa, les Gones tiennent peut-être leur meilleure saison de ces dix dernières années.
Il est 22h36 quand Emanuel Emegha se présente face à Anthony Lopes pour punir la faiblesse de l’OL, qui s’est liquéfié avec l’égalisation de Habib Diarra. L’OM mène au Havre, et l’attaquant néerlandais a l’occasion de complètement éteindre le Groupama Stadium, qui se voyait déjà en Ligue Europa Conférence quinze minutes plus tôt. L’antre de Décines-Charpieu retient son souffle et prie pour être épargné. Un désir devenu réalité lorsque le Strasbourgeois a eu la mauvaise idée de trop ouvrir son pied gauche pour envoyer son penalty sur le poteau de Lopes. Probablement pour sa dernière à la maison, le portier portugais a peut-être vu le cours de cette saison défiler devant ses yeux. Un quart d’heure plus tard, les mirettes de la légende lyonnaise étaient noyées dans les larmes, alors qu’Alexandre Lacazette venait d’envoyer les Gones vers la Ligue Europa (2-1), là où personne ne les attendait il y a cinq mois, cinq semaines, et même cinq jours, puisqu’espérer un faux pas de Lens contre Montpellier relevait quasiment du miracle.
Un sprint final immense
Mais comme depuis janvier, tout est miraculeux pour les Rhodaniens. Les Héraultais ont joué le coup à fond et ont remonté deux buts à Bollaert (2-2) pour servir à l’OL la sixième place, directement qualificative pour la Ligue Europa, qu’il n’a plus disputé depuis 2022. « On peut l’avouer, si on arrive à être dans les sept premiers, sans faire petit bras sur la finale, ça nous permettrait peut-être de jouer l’Europe l’année prochaine. Il faut être ambitieux, et le discours va un peu changer sur la fin du championnat, alors qu’on aurait dû être en Ligue 2 après la 14e journée », balançait Pierre Sage quelques minutes après la victoire face à Valenciennes en demi-finales de la Coupe de France (3-0). Il restait alors sept journées de championnat, Brest, Paris, Monaco et Lille à se coltiner, et quatre points à rattraper sur l’OM, alors septième. Lens, qui avait sept longueurs d’avance, était un de ces mirages que les fans des Gones n’osaient même pas caresser avec les yeux.
Pierre Sage, tout juste confirmé pour la saison prochaine, n’avait pas menti, et ses hommes se sont mis en route : six victoires sur sept, des scénarios absolument dingues et une fin de saison mythique. Avec une entame d’exercice digne des plus grands accidents industriels, cet épilogue en apothéose a peut-être offert la plus belle saison de l’OL de ces dix dernières années. Évidemment, pas par le jeu, malgré quelques séquences intéressantes. Mais les fans lyonnais n’ont probablement jamais vibré aussi constamment sur cinq mois. Même lorsque Bruno Genesio avait emmené son équipe dans un sprint final incroyable, qui avait permis à la bande d’Aulas de finir dauphin du PSG. Passer de barragiste au terme de la 19e journée, fin janvier, à la 6e place, qui était alors quatorze points devant, en seulement quatre mois… Même si cela correspond au statut de l’OL, ou du moins à ce qu’on attend de lui, rarement une sixième place a été autant célébrée. À raison.
Heureusement que les Gones, notamment ceux qui remplissent les virages et qui avaient passé une soufflante surréaliste à leurs joueurs un soir d’humiliation face au PSG en septembre (1-4), ont pu célébrer la qualification directe pour la Ligue Europa, peu importe l’issue de la finale de la Coupe de France, dimanche prochain à Lille. « Je ne pensais pas que c’est ce qui allait se passer ! Je ne vous dirai pas ce que j’envisageais, mais ce n’était pas ça », a avoué John Textor au micro de Free Ligue 1 après ce succès magique. On ne peut pas enlever au président américain qu’il n’a jamais envisagé la descente de son équipe en Ligue 2, quitte à être dans le déni. Quatre entraîneurs (Blanc, Vulliez, Grosso, Sage) se sont assis sur le banc de l’OL cette saison, et Fabio Grosso avait sans doute eu raison avant tout le monde après un infâme revers contre Reims (2-0) : « Même si c’est bizarre de le dire après une défaite, je vois la lumière au bout du tunnel. Il faut aller la chercher, se fatiguer pour y arriver. » L’interrupteur, Lyon l’a trouvé grâce à un coach qui a fédéré tout son groupe, un mercato hivernal aussi conséquent que réussi, et un climat en interne qui semble être le plus sain depuis 2012, l’année du dernier titre du club. Prémonitoire ?
Par Léo Tourbe