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Vainqueur de sa deuxième Liga, Zinédine Zidane a gagné l’unanimité
Vainqueur de sa deuxième Liga dès son retour en quatre championnats passés sur un banc, Zinédine Zidane vient de remporter bien plus qu'un titre. Car si certains le considéraient comme un simple meneur d'hommes, l'entraîneur français a apporté en l'espace de quelques mois une nouvelle preuve de ses talents de coach. Et sans Cristiano Ronaldo, cette fois.
En juin dernier, Zinédine Zidane se laissait aller à la confidence en conférence de presse. Et si des mathématiciens se cachaient parmi les journalistes présents, les mots prononcés par le technicien ont dû les rassurer : « Je n’ai rien prévu, je n’ai rien planifié. J’ai joué au football pendant presque 18 ou 19 ans, j’avais dit à l’époque que je ne serais jamais entraîneur. Je le suis, aujourd’hui. Mais je ne le serai pas vingt ans, c’est certain : être coach m’épuise beaucoup. » Ouf. Car à cette allure-là, il va bientôt falloir remettre la main sur la calculette du baccalauréat pour compter le nombre de titres glanés par le double Z. Alors, dans vingt ans, proportionnellement…
Ce jeudi soir, après le 34e championnat espagnol attrapé par le Real Madrid, le bilan statistique du Français semble en effet tout bonnement incroyable. Attention… À vos marques, prêts, partez : deux Liga (sur quatre), trois Ligue des champions (sur quatre, sa quatrième participation étant en cours), deux Supercoupes nationales, deux Supercoupes d’Europe et deux Mondiaux des clubs (2017, 2018). Soit onze trophées chopés, en l’espace de quatre grosses années passées sur un banc. Grandiose, jouissif, phénoménal, inimaginable.
La Coupe du Roi, bien seule…
Si bien qu’aujourd’hui, seuls ceux qui n’ont d’yeux que pour la Coupe du Roi – unique compétition qu’il a laissé filer – peuvent encore oser se regarder dans le miroir en assurant ne pas être convaincus par coach Zizou. Ce dernier a régulièrement été la cible de critiques plus ou moins fondées et de doutes légitimes, depuis ses débuts sur le banc. Quand il a commencé à gagner, c’était avant tout grâce à l’effectif pléthorique dont il disposait ou parce que les adversaires n’étaient pas au niveau. Quand il a continué à gagner, c’était avant tout grâce à un Cristiano Ronaldo hyper décisif dans les moments-clés ou parce que Barcelone n’était pas au top. ZZ n’était et ne devait rester qu’un excellent meneur d’hommes, dont le passé de joueur représentait sa plus grande qualité.
Désormais, ces arguments ne tiennent plus. Même s’il est toujours riche et qu’il a été complété à coups de millions non négligeables, l’effectif madrilène a vieilli. CR7 l’a quitté, et personne ne l’a encore véritablement remplacé. Si bien que durant l’absence de Zidane, parti en mai 2018 pour mieux revenir en mars 2019, les Merengues ont semblé complètement perdu. Jusqu’à l’acte 2, durant lequel l’ancien international a su gérer de main de maître son vestiaire tout en lui redonnant confiance par une science tactique évidente et un sens du réalisme primordial. Conséquences : en quelques semaines, la Maison-Blanche s’est trouvée transformée et embellie.
En avance, dans son coin
Habile dans sa communication (a-t-il déjà abîmé un de ses éléments, en public ?) et proche de ses joueurs (suffit de demander à Sergio Ramos, Karim Benzema ou Raphaël Varane), Zidane progresse sur la touche comme il évoluait sur une pelouse : souvent en avance sur le temps et l’adversaire, en se servant de sa discrétion comme d’une arme invisible intouchable. Doué pour apprendre de ses expériences et s’adapter aux situations, l’homme sait en effet cacher ses talents pour les réserver aux seuls résultats. À l’entendre, sa victoire doit même être attribuée à celle des autres.
« J’ai mon rôle, bien entendu. Mais ce sont les joueurs qui y ont cru, qui se battent sur la pelouse, a-t-il ainsi réagi sur beIN Sports à la suite du sacre de son club, officialisé après le succès contre Villarreal. Je ressens beaucoup de joie, car il s’agit d’un groupe d’hommes avant d’être un groupe de joueurs de foot. Et c’est ce qui m’anime, ce qui me rend le plus heureux. Même ceux qui jouent moins ont apporté quelque chose à l’équipe, pour moi. Pour gagner, il faut qu’il y ait cette alchimie. » Et pour récolter l’unanimité, il ne faut pas la réclamer.
Par Florian Cadu