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Urzaiz : « L’Espagne ne peut pas faire moins bien qu’une demie »
De retour de Californie après une série de réunions, Ismaël Urzaiz retrouve sa ville de Bilbao et subit le contrecoup du décalage horaire. Depuis sa voiture, l’un des ambassadeurs de la Liga analyse la situation de l’Espagne avant la Tchéquie, une vieille connaissance.
Ça y est, l’Espagne affronte la Tchéquie. Un lointain souvenir pour toi…Au premier abord, tu penses que la Tchéquie est une nation lambda en matière de football. Mais à notre époque, il fallait s’arracher contre une nation comme celle-là. Nedvěd, Šmicer, Poborský… C’était une équipe compliquée. Nous avons fait 0-0 là-bas, je m’en souviens bien, c’était en octobre 1996, ma première sélection, le même jour que celle de Raúl… Le match retour à Valladolid, cela avait été essentiel pour la qualification (1-0, but de Hierro, ndlr). Nous avions aussi la Yougoslavie, une équipe comparable à la Croatie aujourd’hui… Ces équipes de l’Est, ce sont des formations très dangereuses.
Honnêtement, tu penses que ces oppositions seront aussi difficiles ?
On ne va pas se voiler la face, l’Espagne part comme favorite. Elle doit être meilleure que la Tchéquie, meilleure que la Croatie, ce serait logique. Mais sur un match, il faut toujours se préparer de la bonne manière. L’Espagne a connu le Brésil… Après, en 2010, le premier match (défaite contre la Suisse, ndlr) n’était pas non plus éliminatoire… Mais on va dire que le mieux, c’est de gagner, hein ! (rires)
L’Espagne termine sa préparation sur une défaite contre la Géorgie (0-1)… C’est grave ?C’était censé être l’équipe la plus faible de nos matchs de préparation. Cela démontre que sur chaque match, quel que soit l’adversaire, il faut être à 100%. Les mauvais jours, cela arrive. Pour l’Espagne, contre la Géorgie, rien ne fonctionnait. En vérité, c’est une bonne chose : un petit avertissement juste avant le tournoi, et une bonne façon de remobiliser toute l’équipe. C’est à prendre en compte… Dans les matchs de l’Euro, tu n’auras pas le droit au relâchement. Après, nous avons aussi gagné avec la manière contre la Bosnie et la Corée du Sud.
Une belle revanche sur la Coupe du monde 2002…(Rires)
Les décisions arbitrales de ce jour-là, c’est impossible de les changer. Casillas est le dernier survivant aujourd’hui, non ? Bref, l’équipe n’est plus du tout la même depuis le temps. Marquer, c’est surtout un moyen d’engranger de la confiance. Tous ces buts contre la Corée, ce n’était pas une revanche, mais plutôt une façon de bien se préparer. On a vu que le football espagnol était bien au-dessus du coréen, c’est tout.
Allez, règle-nous cette question une bonne fois pour toutes, avec toutes ces histoires… Casillas ou De Gea ?Je vois un avantage pour De Gea. Nous allons bien voir… Casillas est capable de se surpasser pour les grandes occasions. Qu’il soit titulaire ou non, c’est bien de l’avoir avec le groupe, pour son expérience, son charisme. Et pourquoi ne pas utiliser Casillas pour les tirs au but ? Ce ne serait pas la première fois, après tout… Casillas n’est plus aussi véloce, mais c’est encore l’un des meilleurs gardiens de notre pays. Je ne serais pas étonné de le voir démarrer, en fin de compte.
Tu t’attends à quoi pour l’Espagne ?Un onze se dégage, Nolito est arrivé au meilleur moment. Peu pensaient qu’il serait capable d’être titulaire. Son talent lui permet d’être là, et Del Bosque devrait lui faire confiance.
Pour le collectif, quand on voit que des clubs sont arrivés en finale de Coupe d’Europe, c’est tout sauf de la chance. La Liga est aujourd’hui le haut du panier européen. Del Bosque a pris les meilleurs joueurs, sans se soucier de la fatigue. Le Mondial 2014, c’était un relâchement. Pour ce tournoi, être éliminé avant les demies serait une contre-performance. Nous pensons avoir le potentiel pour arriver à ce stade, et si nous y arrivons, l’objectif sera le titre.
Une finale contre la France ?Je suis preneur !
Propos recueillis par Antoine Donnarieix