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Uruguay : Luis Suárez passe la main en Coupe du monde
Véritable héros en 2010 face au Ghana, Luis Suárez n'a rien pu faire pour éviter la sortie de piste des siens face à ce même adversaire en 2022. Pire, le buteur uruguayen symbolise plus que jamais les difficultés rencontrées par sa sélection au cours de ce Mondial.
2 juillet 2010, FNB Stadium. À 23 ans et pour sa première Coupe du monde, Luis Suárez endosse le costume de héros national d’un Uruguay qui accède au dernier carré d’un Mondial pour la première fois depuis 1970. Douze ans plus tard, l’ancien Barcelonais symbolise à lui seul cette même Celeste, éliminée avant même les huitièmes, un stade qu’elle avait systématiquement atteint depuis l’arrivée d’El Pistolero en sélection. Et à chaque fois, le même adversaire : le Ghana, à jamais intimement lié à l’attaquant.
Larmes à gauche
Depuis ce premier épisode en 2010, les routes du Ghana et de l’Uruguay ne s’étaient plus croisées. Alors forcément, depuis que le GPS, un soir d’avril 2022, a amené les deux sélections à se retrouver au Qatar, une question brûlait les lèvres de tous les journalistes : Luis Suárez avait-il des regrets ? Réponse de l’intéressé en conférence de presse, quelques heures avant cette rencontre : « Je pourrais m’excuser si j’avais blessé un joueur. Mais l’arbitre m’a expulsé, et l’adversaire a bénéficié d’un penalty. Ce n’est pas de ma faute s’il l’a manqué. Si le joueur avait été dans ma situation, il aurait fait la même chose. C’est du passé. » Et pourtant douze ans plus tard, des regrets, El Pistolero en a plein les valises au moment de quitter le désert qatari. Il suffisait de voir son émotion à la fin de cette partie, et même quand, depuis le banc qu’il avait rejoint à la 66e, il avait compris que le succès sud-coréen éloignait définitivement la Celeste des huitièmes.
Luis Suárez in tears on the bench…#FIFAWorldCup #TSWorldCup pic.twitter.com/8lHUzsS0nI
— talkSPORT (@talkSPORT) December 2, 2022
Sans doute aussi sentait-il que plus les minutes avançaient, plus le souffle d’une fin de carrière, fortement annoncée, se rapprochait. Voilà pourquoi il n’a pas pu retenir ses larmes, et il ne serait pas surprenant de savoir qu’une bonne partie de ce petit pays de 3,5 millions l’ait imité au même moment.
Symbole de cet Uruguay
Pourtant, depuis le début de ce Mondial, les hommes de Diego Alonso n’ont rien fait pour repousser ce moment. Inoffensifs et en manque cruel d’inspiration face à la Corée du Sud et au Portugal, les Sud-Américains n’ont jamais vraiment donné l’impression d’être rentrés dans cette Coupe du monde. Et Suárez avec. Emprunté face aux Asiatiques, El Pistolero avait même été invité à prendre place sur le banc pour le choc face à Cristiano Ronaldo et compagnie. Un sérieux déclassement pour un joueur en nette perte de vitesse depuis son départ du Barça, malgré une belle année sous la liquette de l’Atlético. Son sélectionneur avait choisi de le remettre dans son onze pour ce qui pouvait être, et sera sans doute, sa dernière danse sous le maillot de son pays. Et comme par magie, le joueur du Nacional s’est montré sous son plus beau visage. Sur le premier pion de Giorgian De Arrascaeta, c’est lui qui frappe avant que Lawrence Ati-Zigi ne repousse le cuir sur son collègue. Mieux, le numéro 9 de la Celeste se retrouve passeur décisif sur le deuxième caramel de son coéquipier. En guise de dernier bonbon, il s’est même permis de glisser un délicieux petit pont à Iñaki Williams. Preuve que cette aventure dans le désert n’enlève évidemment rien à tout ce qu’a pu accomplir Luis Suárez par le passé. En revanche, il fallait sans doute plus que les restes de l’illustre joueur qu’il a été pour permettre à l’Uruguay de voir les huitièmes de ce Mondial.
Par Florian Porta