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United, premier derby
À Manchester, on peut se coltiner deux derbys à la maison dans la même année. Un, sexy, contre Manchester City. Un autre, plus low cost, contre Wigan, patrie du rugby à XIII et victime préférée de United à la maison.
« Du côté de l’infirmerie, il n’y a pas de blessés, à part ceux qu’on connaît déjà : Rooney, Jones et Smalling. » En une phrase, Sir Alex Ferguson a rassuré les fans de United. Incertains jusqu’au dernier moment, Shinji Kagawa et Robin van Persie seront bien de la partie contre Wigan, ce patelin distant d’une trentaine de bornes de Manchester. Ouais, c’est un derby, en quelque sorte. D’un côté, l’ogre mancunien et ses dix-neuf titres de champion d’Angleterre, de l’autre, Wigan et son passé aussi épais qu’une feuille de papier toilette (un titre de champion de D4, un autre de D3 et puis c’est tout). On se dit que le match est perdu d’avance. Surtout avec le Japonais et le Batave dans le XI de United. D’autant que les Latics ont l’habitude de prendre des baffes dans la gueule quand ils viennent à Old Trafford. Lors de leur dernière virée en terres Red Devils, ils en ont pris cinq dans le buffet sans en rendre aucun. Avec un triplé de Berbatov qui plus est (26 décembre 2011). Pis, en quatorze matchs contre United, Wigan n’a planté que cinq buts, alors que les hommes de Sir Alex Ferguson ont eu le plaisir de coller la balle au fond 41 fois. A priori, le match ne doit être qu’une formalité. Et puis les trois anciens que sont Ferdinand, Giggs et Scholes auront à cœur de bien fêter ce match. En effet, Rio et Scholes disputeront respectivement leur 400e et 700e match sous le maillot mancunien, pendant que Ryan Giggs se présentera pour sa 600e en Premier League. Respect. Autre bonne nouvelle, la présence de Darren Fletcher dans le groupe. Absent pour cause de problème de santé (il a une chiasse chronique, en résumé), l’Écossais remonte la pente petit à petit. Fergie l’intègre surtout pour le booster. « Il est dans l’équipe de demain (lire aujourd’hui, Ndlr), tout simplement parce que je pense que ça va lui donner un coup de pouce. C’est une chance pour lui de progresser. En ce moment, tout va bien pour lui. Nous comprenons ce à quoi il doit faire face (une colite ulcéreuse, Ndlr). Cela peut changer, mais j’espère qu’il a réussi à adapter son régime alimentaire et à le gérer correctement. » Mine de rien, l’absence du couteau suisse écossais est une grosse perte pour l’entrejeu des Red Devils. Les Carrick, Anderson ou Cleverley n’ont pas l’abattage ni la finition du numéro 24. En attendant, Fergie a d’autres soucis en tête. Pas forcément ceux de son petit Japonais Kagawa, qui aimerait prendre du muscle pour mieux résister à la Premier League (il pèse 61 kilos en crampons), ni celui du nouveau contrat signé avec Toshiba Medical Systems pour cinq ans et censé mettre au point un suivi médical top niveau à Carrington. Non, le souci de Fergie s’articule autour d’une question : qui foutre dans les cages ?
Lindegaard sort les crampons et le sourire
David de Gea ou Anders Lindegaard ? L’un a coûté 20 millions et n’était même pas de ce monde lors de l’arrivée de Fergie à United, l’autre a la même nationalité que le plus grand gardien de l’histoire du club. Pour le moment, l’Écossais prône l’alternance. De Gea a commencé la saison (énorme à Everton d’ailleurs), Lindegaard était de la dernière sortie contre Southampton. Dans la semaine, l’international danois est d’ailleurs revenu sur cette concurrence sur le site du club. Une sortie diplomate et gentillette. « Je le dis la main sur le cœur, j’ai de très bonnes relations avec David. Nous sommes de bons amis. J’ai beaucoup de respect pour lui, et je pense qu’il en a aussi beaucoup pour moi. Depuis le premier jour où il est arrivé au club, on se dit : « Je pense que tu peux essayer de résoudre cette situation de manière différente. » Je suis un petit peu plus vieux que lui, et il est un peu plus expérimenté que moi concernant le nombre de matchs joués. Alors, on s’aide dans de nombreux domaines. Je pense que l’environnement créé pour nous par Eric Steele est excellent. Je suis sûr que ce n’est pas facile d’avoir deux bons gardiens qui veulent tous les deux être n°1. Évidemment, il ne peut y en avoir qu’un seul, alors ce n’est pas facile de nous satisfaire tous les deux, de nous motiver et de garder notre caractère quand on veut être bons pour lui et pour le manager. » Autrement dit, le Danois attend que son jeune collègue se troue salement afin de lui mettre à l’envers. C’est de bonne guerre. À défaut de s’offrir une guerre des goals, MU a surtout un compte à régler avec Wigan. Au printemps dernier, les Red Devils s’étaient inclinés, à la surprise générale, sur la pelouse des Latics (1-0, but de Maloney) et avaient sans doute perdu le titre à ce moment-là. Quelques mois plus tard, il s’agirait de ne pas refaire pareille connerie. Il faudra faire sans Rooney, un amoureux de Wigan (8 buts contre les copains de la banlieue), mais avec un Van Persie déjà adoubé par la plèbe mancunienne. Une affaire de famille, quoi.
Par Mathieu Faure