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- J10
- Man. United/Man. City (0-0)
United et City se neutralisent
Alors qu'il revêtait pourtant de nombreux enjeux, ce derby mancunien a finalement accouché d'une purge monumentale. La palme du match revient à Navas, auteur de la première frappe cadrée du match, à neuf minutes du coup de sifflet final.
Selon une maxime populaire, « l’argent ne fait pas le bonheur » . Bien que cette dernière soit adorée des parents voulant enseigner une leçon à leurs enfants, et malgré son taux de démagogie très élevée, elle n’en est pas moins parfaite pour évoquer le derby mancunien de ce dimanche après-midi. Avec près d’un demi-milliard d’euros sur la pelouse et les bancs de touche, spectateurs et supporters pouvaient s’attendre à un spectacle haut en couleur. Tu parles. Si les liasses de billets impressionnaient aux premiers abords, tous se sont finalement rendu compte qu’elles étaient constituées de petites coupures. Ce derby, c’est un peu comme si Million Dollar Baby avait été une catastrophe cinématographique, un peu comme si l’homme qui valait trois milliards n’avait en fait valu que 63 euros, un peu comme si Batman avait été pauvre. Ce derby, c’était le remake raté d’un film à succès que tout le monde avait adoré. Ce derby, c’était Jurassic World.
Forte intensité, faible niveau de jeu
Pour le premier derby mancunien de la saison, les enjeux sont multiples : une place de leader, ravie par Arsenal à City ce samedi, une première défaite à domicile pour les Reds, ou à l’extérieur pour les Citizens et surtout, la domination de Manchester jusqu’au prochain derby. Malgré de nombreux absents, les compositions restent tout de même très alléchantes. Après le coup d’envoi, les deux rivaux s’observent longuement sans que personne n’ose hausser le rythme. Peu à peu, les Red Devils prennent néanmoins le contrôle du ballon. Valencia et Mata, tout comme Rojo et Martial, utilisent bien les couloirs et posent quelques soucis à Sagna et Kolářov. Un temps apathiques, les Citizens se lâchent et Sterling allume la première mèche (11e) après un bon enchaînement avec Fernandinho. Les joueurs de Pellegrini pressent haut, mais les Red Devils font preuve de patience pour ressortir proprement de leur camp.
Si les hommes de Louis van Gaal peuvent compter sur un Martial en jambes, Juan Mata semble lui un peu plus à la peine. À la demi-heure de jeu, ce derby n’a pas grand-chose à offrir à ses spectateurs. Si l’intensité est élevée, les maladresses de part et d’autre empêchent une équipe de vraiment se détacher. Pendant cinq minutes, les spectateurs pensent même basculer dans un match de seniors du dimanche matin, avec dix joueurs derrière le ballon, des taquets dans tous les sens et des grands dégagements aériens. Quelques coups de pied arrêtés mis à part, les situations dangereuses de cette mi-temps se comptent sur les doigts d’une main de manchot. En revanche, il faudrait une foule entière pour pouvoir compter le nombre de fautes commises par les 22 joueurs, qui semblent adorer cette petite partie de « chatouille-moi le mollet, je te détruis la cheville » .
Circulez, y a rien à voir
Au retour des vestiaires, les Red Devils tentent de prendre les choses en main. Mais le résultat reste le même. S’il est tentant de vanter les mérites des deux défenses, bien en place, il faut tout de même souligner l’absence totale de prise de risques d’un côté comme de l’autre. Chris Smalling place une bonne tête sur corner (50e), mais il ne parvient pas à cadrer sa tentative. Il faudra attendre encore un peu pour voir l’arrêt d’un gardien. Pas vraiment inspiré aujourd’hui, Sterling cède sa place à Navas (55e) sans avoir pu faire la différence une seule fois. Satisfait du point du match nul, qui leur permettrait de retrouver le fauteuil du leader, les Citizens se contentent de défendre. Certes, les amoureux de la Blue Moon n’ont pas grand-chose à faire, mais ils le font bien.
Même Hart, qui aurait pourtant de quoi être dans le coma depuis de longues minutes, réussit sa sortie devant Mata (61e). Si l’entrée en jeu de Lingard apporte un peu de vitesse à l’attaque mancunienne, rien ne bouge vraiment. Martial parvient bien à glisser quelques dribbles chaloupés, mais éliminer toute une défense seul reste une tâche ardue. Non vraiment, bien que la diplomatie soit de mise, personne ne peut vraiment se le cacher : ce match est d’un niveau catastrophique. Un tir cadré, des coachs à peu près aussi ambitieux que deux candidats lors d’une manche de Des chiffres & des lettres et un jeu haché au possible… Seul Lingard, qui profite d’un superbe ballon de Martial, fait frissonner Old Trafford en tapant la barre transversale à quelques minutes du terme. Une dernière parade de Hart devant Smalling (88e) assure aux Citizens le nul qu’ils étaient venus chercher.
Par Gabriel Cnudde