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Union saint-gilloise : Christian Burgess, celui qu’on n’attendait pas

Par Noé Boever, à Bruxelles
Union saint-gilloise : Christian Burgess, celui qu’on n’attendait pas

En tête du championnat de Belgique, l’Union saint-gilloise suscite l’attention par ses résultats, son atmosphère rétro et par le profil atypique de certains joueurs. Christian Burgess, défenseur de 30 ans, en est un. Des bancs de l’université au sommet du football belge avec des passages par Calais, itinéraire d’un garçon que personne n'attendait là. Peut-être même pas lui.

Le vestiaire est calme à l’Union saint-gilloise. Comme une cerise sur le gâteau après une phase classique terminée en tête de la Jupiler Pro League, six joueurs ont rejoint leur équipe nationale respective fin mars, une situation nouvelle pour ce club de retour dans l’élite belge, 48 ans après l’avoir quittée. Parmi les non-sélectionnés, Christian Burgess ne se plaint pas de sa situation, loin de là. « La sélection anglaise est évidemment hors de portée pour moi, mais je profite de la trêve internationale pour me poser en terrasse, travailler ou lire un bouquin au soleil, il y a pire. Ma grand-mère est écossaise, donc je suis probablement sélectionnable, mais ils n’ont jamais fait appel à moi et je n’ai pas fait la démarche par moi-même parce que je me sens anglais. Après, si on joue la Ligue des champions et que je suis appelé pour la Coupe du monde… »

J’ai envie de comprendre le monde dans lequel je vis. Par exemple, lire des ouvrages sur l’histoire de la Russie et l’URSS me permet de mieux appréhender ce qui se passe en ce moment.

Cursus histoire et langues étrangères appliquées

Bien loin de la Ligue des champions, en 2011, à 20 ans bien établis, Christian Burgess vit une vie d’étudiant à l’université de Birmingham. Il y étudie l’histoire, fait la fête et pratique son autre passion, le football, avec l’équipe de l’université, sans ambition de carrière professionnelle. Tout change lorsque Mark Burke, 172 matchs pros dans les jambes et quelques contacts dans le carnet d’adresses, vient entraîner l’équipe dans le cadre de son diplôme de coach et pousse le longiligne défenseur central à aller passer des tests à Middlesbrough, à l’autre bout du pays. Trois tests plus tard, Christian signe pro et effectue ses débuts en Championship lors du dernier match de la saison face à Sheffield Wednesday. Et met un point d’honneur à finir sa licence en histoire. « J’ai envie de comprendre le monde dans lequel je vis, assure l’homme au chignon. Si je peux utiliser une formule très cliché, c’est en apprenant d’où on vient qu’on comprend où on va. Par exemple, lire des ouvrages sur l’histoire de la Russie et l’URSS me permet de mieux appréhender ce qui se passe en ce moment. »

La suite de son parcours anglais est beaucoup plus classique, fait de prêts dans des divisions inférieures et de kick and rush. En 2020, alors qu’il évolue depuis cinq ans à Portsmouth, en League One (D3 anglaise), il se laisse tenter par l’aventure saint-gilloise. « La cellule de recrutement de Brighton(dont le propriétaire, Tony Bloom, est aussi propriétaire de l’Union, NDLR)avait repéré mon compère de défense centrale, Matt Clarke. J’imagine qu’en le scoutant, ils ont dû se dire que je conviendrais bien pour l’Union, suppose-t-il. J’avais 28 ans, et l’idée d’aller jouer dans une ville comme Bruxelles et d’apprendre le français m’a tenté. J’ai toujours eu envie de parler cette langue, et c’était une bonne occasion de m’y mettre. » Pas de chance pour ses envies linguistiques, le terrain d’entraînement de l’équipe bruxelloise se trouve près d’Anvers, en Flandre. C’est donc en territoire néerlandophone que le néophyte apprend la langue de Molière tous les lundis à l’université d’Anvers. « Un jour, j’irai vivre à Bruxelles, ça m’obligera à utiliser le français au quotidien. »

La différence plutôt que l’indifférence

Dès son arrivée en Belgique, tout ressemble à une parfaite success story : l’Union aligne 16 matchs sans défaite pour finir la saison championne de D1B (deuxième division belge) et remonte dans l’élite pour la première fois depuis 1973. Le lendemain du dernier match de la saison, alors que la gueule de bois fait rage à Saint-Gilles, Christian remplit sa voiture de vêtements, de matériel et d’équipements mis à disposition par le club et roule seul jusque Calais, où il part pour une semaine prêter main forte aux réfugiés massés dans les camps autour de la ville. « Depuis que mes passages à Calais ont été ébruités, j’ai reçu énormément de messages de soutien et de reconnaissance. Et puis, ça pousse d’autres gens de mon entourage à agir de leur côté, donc tant mieux. Il y a sûrement une minorité de gens à qui ça pose problème, mais elle n’arrive pas jusqu’à mes oreilles et c’est très bien comme ça. »

À l’Union, on a tous des parcours très particuliers, nos chemins n’étaient pas tracés à l’avance, et arriver là où on est aujourd’hui nous a forgé une grosse force de caractère.

Boute-en-train notoire à l’entraînement et dans le vestiaire, Christian se transforme en tour de contrôle ultra-sérieuse une fois sur le terrain. Pas forcément le plus rapide, il compense par un placement hors pair et par le meilleur jeu de tête de la division. Souvent catalogué « joueur hors normes » pour son engagement pour les réfugiés, son goût pour l’histoire et la lecture, son veganisme et ses déplacements à vélo, il préfère relativiser : « Chacun a ses spécificités qui le rendent différent, moi comme les autres. Et c’est aussi ce qui fait notre force à l’Union. On a tous des parcours très particuliers, nos chemins n’étaient pas tracés à l’avance, et arriver là où on est aujourd’hui nous a forgé une grosse force de caractère. »

Entre deux passages à Calais, l’Englishman in Antwerp visite son pays d’accueil, part randonner en Ardenne et, accessoirement, joue au football. Et plutôt bien. Alors qu’il commence la saison sur le banc, une première pour lui depuis son arrivée en Belgique, il récupère sa place fin août 2021 lors d’une victoire écrasante 4-0 contre le Standard de Liège. Il ne quittera plus jamais le onze de base, et l’Union ne lâchera plus la première place de D1A. À huit matchs de la fin de la saison, les promus sont à la fois la meilleure attaque et surtout, avec Burgess en sentinelle, la meilleure défense de D1A. L’occasion de se laisser rêver à l’Europe. « En début de saison, on espérait accéder au top 8, ou éventuellement grapiller le top 4. Maintenant, on serait déçus si on finissait deuxièmes. C’est dingue », transmet Burgess. Et quant à savoir qui il rêverait d’affronter s’il jouait la Ligue des champions, le topo est clair : « Étrangement, affronter un gros club anglais ne me fait pas rêver. Sauf West Ham, car c’est mon club de cœur, mais a priori, ils ne joueront pas la Ligue des champions. J’espère donc ne pas avoir à les croiser. » Mais si tous les a priori se vérifiaient, Burgess et l’Union n’en seraient pas là, alors…

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