- Coupe du monde 2014
- Groupe B
- Pays-Bas/Chili (2-0)
Une victoire de Bataves
Une première phase parfaite. En dominant le Chili (2-0), les Pays-Bas ont signé leur troisième victoire en trois matchs. Vidal a davantage manqué à la Roja que Van Persie aux Oranje. Grâce à ce précieux succès, les Pays-Bas devraient éviter le Brésil.
Pays-Bas – Chili (2–0) L. Fer (78′), M. Depay (91′) pour Pays-Bas
Pourquoi s’emmerder ? Les Pays-bas n’avaient besoin que d’un point pour terminer en tête du groupe, et éviter, selon toute probabilité, le Brésil en huitièmes de finale. Ils sont allés le chercher sereinement, en contraignant le Chili à jouer une partie d’échecs. Laissé sur le banc, Arturo Vidal, au genou encore fragile et sous la menace d’une suspension, a manqué à la Roja. Surtout, sa capacité à pénétrer plein axe et à enjamber la ligne de flottaison adverse. Alexis Sánchez a eu beau se démener, le Chili, qui se trouvait toutefois dans une situation confortable, puisque déjà qualifié, n’a pas su appuyer sur l’accélérateur suffisamment pour presser les Oranje. Finalement, sans vraiment le chercher, les Pays-Bas ont signé leur troisième victoire en trois matchs, en inscrivant deux buts en fin de match. Le premier, suite à un corner joué en deux temps et repris de la tête par Leroy Fer (81e), qui venait d’entrer en jeu à la place de Sneijder. Le second, suite à un débordement de Robben dans les arrêts de jeu, que Depay, qui venait lui aussi d’être lancé par Van Gaal, bonifiait.
Bataille de tableau noir. Alors que le retour de Valdivia, le meneur de jeu au physique d’homme des cavernes était attendu, Sampaoli a surpris en optant pour Felipe Gutiérrez, qui s’y connaît rayon tulipes, pour évoluer au FC Twente. Le sélectionneur chilien avait aussi décidé d’adopter le schéma appliqué par… la Hollande lors de ses deux premiers matchs : un 3-5-2, alors que Van Gaal avait justement décidé de remiser sa ligne de cinq au placard. Privé de Van Persie, suspendu, l’ex-entraîneur du Barça a envoyé le rudimentaire, Jermaine Lens (Dynamo Kiev), en soutien d’Arjen Robben. Sneijder se trouvait évidemment à la pointe de son entrejeu en losange, où Dirk Kuyt faisait son entrée dans un rôle foncièrement défensif. À force de reculer sur l’échiquier, on ne serait d’ailleurs pas étonné de voir Kuyt terminer sa carrière entre les poteaux.
On demande El Mago
Le Chili voulait-il toutefois vraiment la victoire ? À voir Sampaoli faire les cent pas sur les bords du rectangle pendant 90 minutes, façon André Agassi – son sosie officieux – en fond de court, il est difficile d’en douter. Le contraste était saisissant avec un Van Gaal qui restait confortablement enfoncé dans son banc et qui ne se lèvera que pour fêter les deux buts de ses joueurs. Encore une fois, pourquoi s’emmerder ? C’est dans l’animation des couloirs, pourtant une vertu reconnue du 3-5-2, que le Chili a échoué à déstabiliser les Pays-Bas. Sampaoli n’a pas fait entrer pour rien, dès le retour des vestiaires, Jean Beauséjour, au profil de dynamiteur de couloir à la place du plus axial Gutiérrez. Dans une Arena Corinthians à qui les dizaines de milliers de fans chiliens ont donné une allure d’Estadio Nacional de Santiago de Chile, le nom d’un homme a commencé à tomber des tribunes à partir de l’heure de jeu : Valdivia, idole chilienne et paulista – il défend les couleurs de Palmeiras. Sous les acclamations du public, « El Mago » fera son entrée à la 70e, mais ne parviendra pas à mettre à mal la défense hollandaise d’un coup de botte dont il a le secret.
En snobant la lutte pour la possession du ballon, la Hollande avait décidé de miser sur une course dans la profondeur de Lens ou une percée balle collée à son pied gauche de Robben, pour alerter la Roja. Cela a failli passer pour Lens (24e) et pour Robben (39e), même si la plus grosse occasion est venue sur coup de pied arrêté, quand l’ailier du Bayern enroulait un coup franc et que Stefan de Vrij s’est trouvé à deux doigts de mettre au fond de la tête (34e). Les Chiliens ont, eux aussi, fait trembler leurs adversaires sur coup de pied arrêté, (Sánchez, 21e, Gutiérrez, 44e), où le placement hollandais s’est révélé aussi nihiliste que le look de ses supporters. L’orgie de jeu que certains annonçaient entre deux ensembles survitaminés et déjà qualifiés n’a pas eu lieu. Difficile de faire la fine bouche toutefois. Avant le coup d’envoi du Mondial, beaucoup pensaient que Chili-Hollande consisterait en une rencontre pour désigner le dauphin du monarque espagnol. C’était sans compter sur le coup d’État des Pays-Bas de Van Gaal.
Par Thomas Goubin, à São Paulo