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Une saison en Amérique
L’exercice 2011 de Major League Soccer s’est achevé dimanche avec la victoire finale des Galaxy de tonton David Beckham face à Houston. L’heure est maintenant au bilan, avec un classique procédé : une colonne de plus et une de moins. Et vous savez quoi ? Il y a égalité parfaite.
Up
Galaxy superstars
Il faut commencer par féliciter les vainqueurs. Big up donc aux LA Galaxy, annoncés comme souvent parmi les favoris et qui ont assumé leur statut jusqu’au bout. Premiers de la saison régulière dans la difficile conférence Ouest pour la troisième fois consécutive, les Californiens n’ont cette fois pas flanché lors des play-offs. Contrairement à l’an dernier, où ils avaient été sortis en finale de conférence par Dallas ; contrairement surtout à 2009, où ils avaient manqué la super finale lors de la séance de tirs aux buts face au Real Salt Lake. Meilleure défense, parmi les meilleures attaques, leur titre ne souffre d’aucune contestation. Les Galactiques ont bien porté leur nom, avec un beau trio aligné en fin de saison : David Beckham, enfin sacré en MLS, Landon Donovan, LA star du soccer US, et Robbie Keane, la bonne pioche du recrutement, qui a su faire oublier l’échec Juan Pablo Angel. Rendons enfin hommage à l’entraîneur Bruce Arena, sacré « coach of the year » pour le troisième fois de sa carrière.
Les Frenchies
Le contingent tricolore en MLS a compté jusqu’à une douzaine de joueurs tout de même cette saison, avec – il faut le signaler – son lot d’échecs. Le duo des New England Revolutions composé de Didier Domi et Ousmane Dabo notamment a fait long feu, les deux joueurs mettant fin prématurément à l’expérience en raison d’un physique trop incertain. Mais ces échecs ne doivent pas jeter trop d’ombre à un bilan global positif. Arrivé en cours de saison précédente à New York, Thierry Henry avait eu toutes les peines du monde à se refaire une santé physique et morale. Pour sa première saison complète, il présente des statistiques individuelles honorables, avec 14 buts (3e buteur de MLS) et 4 passes décisives. Dans la ville voisine de Philadelphie, Sébastien Le Toux s’est offert une énorme fin d’exercice 2011, après un début d’année décevant. Auteur de 11 buts et 9 passes dec’, il a également été désigné comme joueur le plus fair-play du championnat. Sa cote d’amour outre-Atlantique ne va pas retomber de sitôt. La première saison – même pas complète ! – en MLS du méconnu défenseur Aurélien Collin est aussi à signaler. Il est l’un des artisans de la remarquable saison régulière réussie par le Sporting Kansas City, meilleure franchise de l’Est. Signalons aussi la première saison tonitruante d’Eric Hassli avec Vancouver. Les Canadiens, qui découvraient l’élite nord-américaine, ont beaucoup souffert, mais l’attaquant français s’est bien marré, signant dix buts, dont assurément l’un des plus beaux de la saison, se faisant expulser trois fois et finissant tricard sur le banc. Rock’n roll.
Affluences à la hausse
17 844 spectateurs de moyenne cette saison, c’est la meilleure affluence depuis la création de la Ligue en 1996. En cumulé, on obtient 5,4 millions de spectateurs, ce qui est deux fois plus qu’il y a dix ans (précisons tout de même que la MLS ne comptait alors que 12 franchises, contre 18 actuellement). Depuis leur arrivée dans l’élite il y a trois ans, les Seattle Sounders font figure de bons élèves. La ville du grunge est aussi celle du soccer aux USA, avec 38 496 spectateurs de moyenne au stade. Une affluence équivalente à celle du Parc des Princes. De nouveaux stades sont en construction ou en rénovation (à Houston, San Jose et chez les nouveaux venus de Montréal), ce qui devrait contribuer à faire encore mieux la saison prochaine.
Montréal débarque
Tadam ! Il y aura un îlot francophone en MLS en 2012 et c’est une vraie bonne nouvelle. Les Québécois en ont fini de purger leur peine dans les différentes antichambres du soccer nord-américain (USL, NASL) et entrent cette fois pour de bon dans la cour des grands. Il s’agira donc de la 19e franchise, avant que ne débarque une 20e en 2013 (New York Cosmos ?). Au pays du hockey roi, l’arrivée de l’Impact est une bonne nouvelle pour la pluralité du sport. Et il y aura au moins un Français à faire partie de l’aventure : le défenseur Hassoun Camara, qui a récemment prolongé. L’effectif est en gros chantier, on vous en reparlera très prochainement plus en détail.
Down
Une formule illisible
Sérieusement les gens de la Ligue, il faut arrêter la drogue… Le truc vraiment très con instauré cette saison a été de mettre en place un wild card tour entre la saison régulière et les play-offs. Un tour mêlant franchise de l’Est et de l’Ouest. Résultat : New York RB, tombeur de Dallas à ce niveau de la compétition, s’est retrouvé reversé dans les play-offs de la conférence Ouest. Même chose avec les Colorado Rapids, replacés à l’Est par le miracle d’un règlement incompréhensible. Ce procédé va heureusement être annulé dès la saison prochaine. De nouveaux changements sont encore prévus, avec notamment l’organisation des finales de conférence en matchs aller et retour (contre un seul jusqu’à présent). Un peu de stabilité ne ferait pas de mal, franchement.
Le niveau de jeu
A l’image de la pauvre finale du weekend dernier, ce n’est pas encore trop ça niveau jeu pratiqué en MLS. La plus importante déficience semblant être tactique et rythme des matchs. Sur ce dernier point, ce n’est pas très étonnant, avec les longs déplacements à effectuer pour les joueurs tout au long de la saison. Là il n’y a pas grand-chose à y faire. Et puis il y a ces maudites rencontres amicales contre les grosses écuries européennes, en cours d’été, qui bouffent une énergie pas possible. Ou quand le marketing prend le dessus sur le sportif… A l’image du déplacement des Red Bulls à Londres cet été pour participer à l’anecdotique Emirates Cup, alors que la franchise avait bien mieux à faire, empêtrée qu’elle était dans une série de résultats défavorables en MLS. Il faudrait revoir les priorités, autant que possible. Quant à la culture tactique, elle ne s’acquiert pas en quelques années… La MLS reste un championnat jeune, avec une grosse marge de progression.
Red Bulls, encore raté
La franchise la plus puissante (avec LA Galaxy) s’est encore loupée cette saison, alors qu’elle avait tous les atouts de son côté : un bel effectif sur le papier et un début de saison prometteur. Tout a été foutu en l’air durant l’été, avec une vilaine série négative et une qualification in-extremis pour les play-offs. Le parcours s’est logiquement terminé face à Los Angeles, avec un sentiment de gâchis. Cela fait donc seize saisons sans aucun titre pour la franchise new-yorkaise, malgré de gros moyens mis à disposition par le géant autrichien des boissons énergétiques (proprio depuis 2006). Comme quoi l’argent…
Le rendement des stars (ou prétendues telles)
Parmi les 23 designated players de MLS (trois au maximum par franchise pouvant bénéficier d’un salaire hors salary cap fixé par la Ligue), il y a peu de satisfaction, hormis les trois étoiles de Los Angeles et Thierry Henry chez les Red Bulls. Les coéquipiers du Français à New York, Rafael Marquez et le gardien allemand Frank Rost, l’ont joué dilettante. Autres exemples avec Toronto, où Danny Koevermans, Torsten Frings et Julian de Guzman ont été éliminés dès la fin de saison régulière. La MLS peine encore à attirer des grosses pointures suffisamment motivées et en forme physiquement pour faire réellement la différence et aider le soccer local à progresser.
Par Régis Delanoë