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Une reprise de la Ligue 1 sous tension

Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes
Une reprise de la Ligue 1 sous tension

Enfin. La Ligue 1 reprend ses droits (à défaut de se les faire payer), selon l’expression consacrée. Sauf que ce retour s’effectue dans une contexte hors-norme. La pandémie de la Covid-19, et de ses variants, s’éternise et se conjugue désormais avec une crise de confiance sportive et des doutes économiques lancinants, sans parler du retour du public et surtout des ultras, soucieux de faire entendre leur voix. Une chose est sûre, on ne parlera pas que du terrain.

Le Trophée « fantoche » des champions à Tel-Aviv a donné le ton. Pour l’instant, on continue sur la lancée de la saison précédente. Un LOSC à peine remanié, sur lequel plane encore l’ombre tutélaire de Christophe Galtier, a tactiquement tenu en échec un PSG (diminué) qui s’était pourtant lourdement armé durant le mercato. La saison de Ligue 1 qui va reprendre n’annonce donc pas pour le moment le feu d’artifice que nombreux espèrent en secret pour se remonter le moral ou remettre le foot français dans le droit chemin. Outre un marché des transferts particulièrement atone, stressé par les projections économiques, l’Euro, et dans une moindre mesure les JO, n’ont guère permis au foot tricolore de grandir, comme ce fut le cas après la Coupe du monde 2018. L’orgueil national en a pris au passage un coup.

Les péripéties des droits télé n’en finissent d’ailleurs pas de faire tanguer les certitudes. Et quelque soit l’issue du bras de fer avec Canal+, un fait demeure, indéniable et impitoyable, Amazon n’a versé que 250 millions d’euros pour 80% des rencontres, affiches du dimanche soir comprises. Il reste à savoir combien d’abonnés à Prime accepteront de débourser 13 euros pour regarder une compétition qui se déroulera, sauf PSG, dans une ambiance de sobriété peu commune. Car il va falloir vivre à l’économie, et même Vincent Labrune avait du reconnaître que la valeur du « produit » Ligue 1 s’avérait plus proche de celui du Portugal que de son voisin d’outre-Rhin, la Bundesliga. L’enjeu est de taille, et sur le long terme. On se souvient que l’un des arguments en faveurs de la Superligue reposait, entre autre, sur la concurrence d’autres disciplines sensées être davantage attractives pour les jeunes générations, comme la NBA.

Bataille culturelle

Et justement, sur le versant culturel, ce combat si important aux yeux d’Antonio Gramsci, le ballon rond semble avoir laissé par chez nous des plumes ces derniers mois. L’échec des Bleus lors du dernier Euro, sans parler de la Bérézina aux JO, ne sont guère de nature à booster le désir de foot. En retour, le beau parcours des Tricolores en hand (une habitude), en volley (exceptionnel), et en basket (inattendue) font émerger le panorama d’un hexagone multisports, qui se traduira peut-être d’abord lors des inscriptions des gamin-es en clubs en septembre.

Certes, ce n’est pas la première fois que l’on balance dans les pattes du sport-roi un quelconque félon doté de toutes les qualités -éthiques- et mérites – en médailles. Mais il existe bel et bien le risque que la L1 en pâtisse, surtout si la tension et le spectacle ne révèlent pas au rendez-vous. Sur le plan sportif, si le foot garde le haut du podium, l’amour des Français a toujours fonctionné par a-coup, au-delà des passionnés et des fidèles. Or, c’est justement de ce public flottant, à l’instar d’un électorat indécis entre les deux tours d’une présidentielle, dont la Ligue 1 a besoin pour regonfler sa valeur et ses comptes. Pour le moment, on ne ressent pas de frémissement.

Des tribunes ni ne pass pas

Enfin, dernier point, le retour du public, particulièrement mis en scène par la communication de la LFP, qui certes nous a habitué a mener de front mépris des tribunes et belles images sur fond de fumis, ne sera pas non plus uniquement marqué du sceau des belles retrouvailles. Le monde des ultras demeure notamment très partagé au sujet du pass sanitaire, qu’il accepte à contre-cœur pour pouvoir reprendre son sacerdoce, comme à Bordeaux. À Nantes ou à Saint-Étienne, il a par exemple été décidé un boycott préliminaire lors de la première rencontre par crainte d’une nouvelle entaille, durable, dans leurs libertés et leur droits. Plus largement, si les posts individuels se sont multipliés sur les réseaux sociaux à l’occasion des matchs de préparation pour célébrer un retour dans les stades si fortement désiré, en retour le chemin reste long avant que la fête reprenne tout son sens et ses priorités.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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