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Une remontada, est-ce encore un exploit ?

Par Florian Cadu
Une remontada, est-ce encore un exploit ?

Aussi impressionnante soit-elle, la remontée de la Juventus au détriment de l'Atlético de Madrid n'est pas si étonnante. À tel point qu'elle était même attendue par beaucoup. Car ces dernières saisons, ce genre de scénario se multiplie...

En quelque sorte, le Paris Saint-Germain a lancé la série. Dès les premières minutes du huitième de finale retour l’opposant à Manchester United au Parc des Princes, et même avant d’ailleurs, les amateurs de foot se sont aperçus que la qualification en quarts était jouable pour les Red Devils malgré l’aller perdu 2-0 et dix cadres blessés. Pas manqué : les Anglais se sont imposés 3-1, et ont éliminé les Français.

Ce mardi soir, la Juventus a fait le même coup. À domicile cette fois, et contre un Atlético de Madrid réputé pour sa solidité et sa fiabilité défensives. Pourtant, Cristiano Ronaldo avait promis une grande soirée avant la partie et après la première manche perdue 2-0 au Wanda Metropolitano. En toute confiance, tel un devin. Une sérénité également affichée par Massimiliano Allegri. Et les Turinois sont allés au bout de leur objectif. Ce qui, pour beaucoup, n’a pas été une surprise (alors que les Colchoneros ne sont quand même pas les premiers venus). Parce que la Vieille Dame est l’une des meilleures équipes du monde ? Certainement. Mais pas que.

Quatre surprises sur six qualifiés

En réalité, les amoureux du ballon rond sont en train de s’habituer aux remontées fantastiques. Car Angèle a raison : « Le spleen n’est plus à la mode, c’est pas compliqué d’être heureux » quand on a perdu une confrontation s’il y en a une autre à suivre. Ce qui est à la mode, c’est l’emballement, la folie, les buts en pagaille, l’incertitude constante, les frissons, le sentiment de pouvoir tout basculer, les pronostiqueurs dingues qui lèvent les bras et les parieurs raisonnables qui pleurent, la pression, la peur chez un adversaire qui a pourtant collé une petite rouste face au même ennemi quelques jours plus tôt, la crainte de tout gâcher.

En chiffres, comment cela s’illustre-t-il ? C’est simple : sur les six qualifiés en quarts de finale de Ligue des champions connus à ce jour (en attendant Barcelone-Lyon et Bayern Munich-Liverpool), quatre ont perdu à l’aller avant de rattraper le retard au retour. Manchester et la Juve, donc, mais aussi l’Ajax Amsterdam contre le Real Madrid (défaite 2-1, victoire 4-1) et Porto au détriment de la Roma (revers 2-1, succès 3-1 dans la prolongation).

Barça-PSG, le point de départ ?

Le résultat de la première manche ne signifierait donc plus rien ? Et si la confiance obtenue grâce à une victoire pesait finalement beaucoup moins lourd que le stress de gérer un avantage ? À moins que ce ne soit tactiquement que les équipes pêchent lorsqu’elles sont devant… Toujours est-il qu’actuellement, une remontée fantastique peut difficilement continuer à être qualifiée d’ « exploit » : par définition, un exploit constitue « une action qui dépasse les limites ordinaires » . Il s’agit donc d’une exception, de quelque chose qui ne se produit pas souvent. Or, ces remontadas deviennent habituelles ces derniers temps…

Il y a bien entendu eu celle de Barcelone contre le Paris Saint-Germain en huitièmes en 2016-2017 – une édition durant laquelle Monaco avait aussi réussi à embrouiller Manchester City (3-5, 3-1). Un Barcelone qui s’est incompréhensiblement cassé la gueule la saison dernière en quarts face à la Roma (4-1, 0-3). La Roma, d’ailleurs, avait failli rééditer la performance contre Liverpool en demies (5-2, 2-4). De l’autre côté du tableau, la Juventus était à deux doigts et un penalty de se hisser dans le dernier carré devant l’immense Real Madrid (0-3, 3-1). Signe que tous les clubs, petits ou gros, sont concernés par d’éventuelles chutes autrefois insoupçonnables. Et c’est ce qui est peut-être le plus étonnant : alors que les cas d’ « incroyables » remontées se multiplient et que les potentielles victimes averties devraient se montrer deux fois plus présentes dans les zones de vérité selon le dicton, le degré d’improbabilité augmente pendant que celui de la prévisibilité diminue. À croire que cette prise de conscience est davantage néfaste que bénéfique. Mais que le Stade rennais se rassure : le phénomène est pour l’instant moins observé en Ligue Europa.

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Par Florian Cadu

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