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Une recette miracle pour gagner l’Euro 2016 ?

Par Nicolas Jucha
Une recette miracle pour gagner l’Euro 2016 ?

Pays hôte, la France est assurée d'être de la partie en 2016. Sans matchs à enjeu pendant deux ans, comment se préparer ? Les Bleus ont déjà connu la situation avec à la clé les titres à l'Euro 84 et au Mondial 98.

« Au lendemain de la Coupe du monde et de notre élimination contre l’Allemagne, je ne savais pas si j’allais avoir la même équipe. Les joueurs étaient tellement déçus de l’arbitrage et de ce que l’on nous avait fait subir qu’après le match, plusieurs joueurs m’avaient dit de prendre une équipe de jeunes pour l’Euro 84. » Sélectionneur des Bleus de 1976 à 1984, Michel Hidalgo s’avançait sans certitudes à l’été 82. Avec un championnat d’Europe à domicile à préparer, mais un traumatisme à évacuer, l’équipe vécut d’ailleurs une rentrée pourrie le 31 août 1982 contre la Pologne. « Cela avait été un désastre (rires). On avait pris 4-0 à domicile, il manquait pas mal de joueurs » , témoigne Bernard Genghini, titulaire au milieu et deux fois buteur lors du Mondial 82.

Digérer les frustrations

Si la débâcle n’avait rien d’une thérapie de groupe, elle a eu ses effets bénéfiques, à en croire le sélectionneur de l’époque : « On ne s’y attendait pas, c’était un accident. Cela n’a pas fait plaisir, mais cela nous a permis de nous redresser ensemble et de nous poser les bonnes questions. » Se poser les bonnes questions, et surtout faire le deuil des éventuelles déceptions passées, processus que l’absence de matchs couperets peut favoriser selon Genghini, car le groupe « peut se lancer petit à petit » . Accepter la fatalité du passé et se focaliser sur l’échéance à venir, le meilleur moyen de mobiliser tout son groupe selon Hidalgo, qui lui-même avait songé à dire stop : « Sur le coup, j’étais comme les joueurs, très déçu par l’arbitrage et l’élimination contre les Allemands. Et dans ces situations-là, on pense à dire stop. Et puis avec un peu de temps, les choses s’arrangent toujours. Vu qu’il n’y avait que deux ans avant le championnat d’Europe, j’ai réussi à reprendre tout le monde. »

Quelques semaines pour digérer Séville, quand la génération 1998 a pris deux ans, entre 1994 et 1996, pour se remettre la tête à l’endroit sous la houlette d’Aimé Jacquet, suite à la tragédie de novembre 1993. La campagne de qualification pour l’Euro 96 en Angleterre fait office de laboratoire : mise en place d’une assisse défensive quitte à débuter avec trois 0-0 soporifiques, quelques moments cultes comme le 10-0 contre l’Azerbaïdjan à Auxerre ou la perte de la gourmette de Mickaël Madar (France-Arménie en 1996). Mais surtout, un écrémage. Le sélectionneur écarte progressivement d’anciens tauliers – Papin, Angloma, Ginola et Cantona – pour installer plusieurs rookies qui viendront rejoindre Deschamps, Desailly et Blanc comme cadres de la future équipe championne du monde : Djorkaeff, Karembeu, Dugarry, Barthez, Thuram, Lebœuf et Zidane.

S’appuyer sur une ossature

S’il est nécessaire de tirer un trait sur le passé, faire table rase n’est pas pour autant la solution idoine, surtout si les résultats sont probants. « Avec ce que l’on venait de faire à la Coupe du monde, on n’avait pas tellement à modifier notre projet de jeu. Il fallait surtout changer certains joueurs comme Trésor, qui a arrêté peu après le Mondial 82 » , se souvient Michel Hidalgo qui, au final, a pu conserver son noyau dur. Dans celui-ci, l’un des meilleurs joueurs du monde – Platini – dans le plus beau milieu de terrain de l’histoire du football français – Giresse, Tigana, Fernandez et Genghini en balance – et quelques tauliers derrière comme Bossis et Battiston. Quatorze ans plus tard, au moment de lancer la préparation pour le Mondial 98 avec un match amical remporté 2-0 contre le Mexique, Aimé Jacquet s’appuie essentiellement sur l’équipe qui a pris forme lors de l’Euro 96 : la défense Thuram-Blanc-Desailly-Lizarazu, qui ne change que selon les états de forme du latéral gauche, les récupérateurs Deschamps et Karembeu, l’atout offensif polyvalent Djorkaeff et le leader technique Zidane. Deux points communs entre les générations 84 et 98 : l’absence d’un avant-centre attitré et la mise en place d’un nouveau gardien, Bats en 84, Barthez en 98. En clair, deux équipes qui ont misé sur la continuité, une ligne forte – le milieu pour Hidalgo, la défense pour Jacquet – et qui ont profité de la présence d’un joueur d’exception pour magnifier le collectif, à savoir Platini en 84 et Zidane en 98, même si l’impact de ce dernier ne s’est réellement fait sentir qu’en finale contre le Brésil. Nul doute que Didier Deschamps devrait suivre l’exemple, comme l’en atteste sa première liste post-Coupe du monde avec 21 des 23 sélectionnés au Brésil, à la différence qu’il vient de perdre son joueur d’exception, Ribéry, mais qu’il a bien, lui, son gardien et son avant-centre avec Lloris et Benzema.

Intégrer de la nouveauté

La continuité a beau être un pilier, il est néanmoins nécessaire d’injecter du sang neuf pour espérer briller. L’absence de matchs à enjeu est donc un avantage pour le sélectionneur qui peut expérimenter sans trop de pression. Entre la fin du Mondial 82 et le premier match de l’Euro 84, Michel Hidalgo a ainsi lancé pas moins de 17 nouveaux internationaux, pour 42 joueurs utilisés au total. Parmi eux, quatre disputent la finale du championnat d’Europe dont Joël Bats, devenu le gardien titulaire, Luis Fernandez, qui complète le carré magique, ainsi que Yvon Le Roux derrière et Jean-François Domergue, qui honore sa première sélection juste avant l’Euro. Mais qui dit nouveaux joueurs dit concurrence accrue et dégâts collatéraux chez les joueurs déjà en place. Bernard Genghini, par exemple, a vu Luis Fernandez lui prendre sa place, mais se l’explique : « Sur le milieu qui avait terminé le Mondial en Espagne, même si je jouais très avancé en club, j’étais le plus reculé avec Tigana en équipe de France. Luis avait bien démarré en sélection, alors que moi, j’ai eu un passage compliqué à Saint-Étienne. Et puis Luis a rééquilibré le milieu de terrain puisqu’il était plus défensif que moi. »

Pour préparer 1998, Aimé Jacquet n’a pas été moins radical en appelant 18 nouveaux Bleus dont neuf seront finalement de la liste finale : Robert Pirès, Vincent Candela, Patrick Vieira, Lionel Charbonnier, Stéphane Guivarc’h, Thierry Henry, Alain Boghossian, Bernard Diomède ou encore David Trezeguet. Les principales victimes du renouvellement s’appellent Vincent Guérin, Patrice Loko, Sabri Lamouchi, Pierre Laigle ou encore Bernard Lama qui, s’il fait bien partie du groupe pour le Mondial, perd sa place de titulaire au profit de Fabien Barthez. Quant à savoir si Didier Deschamps va adopter une approche similaire, Michel Hidalgo se veut optimiste : « Il est suffisamment expérimenté pour ne pas faire d’excès. Il a déjà une ossature même très jeune. Il doit surtout renforcer l’expérience, il a une équipe jeune, des joueurs qui n’ont pas beaucoup de matchs, même s’ils ont beaucoup de qualité. » Ce qui signifie forcer Ribéry – son cadre le plus expérimenté – à revenir en sélection ? « De l’extérieur, on ne sait pas grand-chose. Ribéry a encore des possibilités, mais tout dépend des rapports humains. Seul Didier Deschamps connaît la réponse. »

Être prêt le jour J

Le dernier ingrédient pour remporter une compétition à domicile est le timing : être prêt le jour J, ni trop tôt, ni trop tard. Or, sur cet aspect, il est difficile d’établir un parallèle entre 1984 et 1998. Si entre août 1982 et juin 1984, les hommes d’Hidalgo n’ont connu que deux fois la défaite – à chaque fois en match de rentrée estivale – et obtenu des résultats probants, ceux d’Aimé Jacquet se sont faits spécialistes des résultats en dents de scie, contredisant ainsi le titre officieux de champion du monde des matchs amicaux. Quand les Bleus version Platini enchaînaient quatre victoires en quatre matchs – sans but encaissé – début 1984, les Bleus version Zidane piochaient avec deux victoires, trois nuls et une défaite en 1998 pour préparer le Mondial. Et pourtant, ces derniers ont parfaitement lancé leur tournoi (3-0 contre l’Afrique du Sud, 4-0 contre l’Arabie Saoudite) quand les hommes d’Hidalgo se sont fait peur contre le Danemark : « Cela avait été un match compliqué, on a été sauvés par un but tardif de Platini. Ensuite, on a fait un match extraordinaire contre la Belgique qui nous a donné le moral pour la suite » , se souvient l’ancien patron des Bleus. Nul doute que Didier Deschamps connaît bien l’histoire et tentera de la reproduire 32 ans plus tard…

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