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Une poignée d’Irrésistibles Français

Par David Cassan, en vadrouille avec les IF
Une poignée d’Irrésistibles Français

Créés en 2010, les Irrésistibles Français sont aujourd’hui le groupe de supporters le plus actif de l’équipe de France, travaillant main dans la main avec la Fédération française de football pour changer l’image des supporters des Bleus et l’ambiance en tribune. Alors que cet Euro 2016 disputé à domicile s’achève, cinq d’entre eux jettent un coup d’œil dans le rétroviseur.

Final malheureux

Jérémie, membre des Irrésistibles Français depuis 2014 : « On est en train de gueuler et le capo, Anthony, nous dit qu’il faut pas aller aux pénos… On y est pas allé, du coup, aux pénos. On a essayé de relancer, malgré le stress, la consternation et les extinctions de voix, mais je suis parti au coup de sifflet final, pour pas voir les Portugais fêter leur titre. »

Thibaut, tambour membre des Irrésistibles Français depuis 2012 : « Au coup de sifflet final, je suis resté la tête entre les bras un gros quart d’heure, à me taper la tête contre la rambarde. J’ai la gorge qui se serre en y repensant. J’ai même versé une paire de larmes… On s’est tellement dit qu’on y était que ça a été un coup de massue, contre cette équipe qui a mené au score 73 minutes dans tout l’Euro. »

Hervé, président-fondateur des Irrésistibles Français en 2010 : « J’avais réussi à avoir des places supplémentaires pour ma femme et mes deux enfants, et on s’est mis au fond du kop. Avant le match, j’ai dit à ma fille de dix ans qu’on avait été champion d’Europe quand moi j’avais dix ans, en 84, et que c’était son tour. Mais j’ai pleuré à la fin du match, entre la tension qui redescend et la tristesse de la défaite. Il y a peut-être une trentaine de personnes qui sont venues me taper sur l’épaule, et c’est ma fille m’a pris dans ses bras pour me consoler… D’habitude, c’est moi qui la réconforte quand elle se fait mal, mais là, c’était le contraire. »

Fabien, capo et fondateur des Irrésistibles Français en 2010 : « On est restés très longtemps dans le stade, avec la gorge serrée et les yeux rougis d’avoir perdu une finale dans ce Stade de France qui est un peu devenu notre maison. Plus que pour la ligne au palmarès, je regrette de ne pas avoir connu la folie d’être champion avec mes potes, à trente ans. Mais après le match, on est allés boire un coup dans un bar à côté, à une petite trentaine. Et après avoir tiré la gueule en regardant les commentaires sur les réseaux sociaux, on a mangé un bout et on est passé de la bière au pastis, du pastis au rhum, et on a commencé à s’ambiancer, à danser sur la musique qu’il y avait dehors… Et on a passé une soirée de malades, à une grosse dizaine, à pogoter et danser sur les tubes de l’Euro :Will Grigg’s on fire, Griezmann’s on fire… C’est là que j’ai fini de me casser la voix. Au réveil lundi matin, je faisais des vocalises dans mon lit pour la tester. »

Anthony, capo et membre des Irrésistibles Français depuis 2010 : « On a fait la fête jusqu’à pas d’heure, mais on a même chanté et dansé sur I Will Survive, c’était un peu ironique… »

Thibaut : « On a bien déliré sur la célébration de Griezmann, on dansait comme ça, à la Drake. Jusqu’à ce que mes yeux se posent sur la télé du bar, et que tout retombe. Je me suis assis, dépité, et c’est une fille que je connaissais pas qui m’a posé les mains sur les yeux et m’a dit « C’est bon, c’est fini, regarde plus. » Et je suis reparti boire un coup. »


Le jour d’après

Hervé : « On est rentré à 2h30 du matin à l’hôtel, avant la tournée médiatique du matin à partir de 6h40, pour dire un peu partout le plaisir que l’on avait d’avoir perdu… Dans la journée, j’ai emmené mes enfants voir les joueurs arriver à l’Élysée, mais au moment de repartir à Dijon, l’embrayage de ma voiture a cassé et on est restés en plan en plein milieu de Paris… Je finis l’Euro cramé, ma voiture aussi, et j’ai des dossiers qui se sont accumulés sur un coin du bureau. »

Jérémie : « C’est évidemment le commercial portugais que j’ai croisé en premier à la machine à café lundi matin, mais il n’a pas chambré. »


Les meilleurs moments

Fabien : « Sur un moment précis, c’est le but de Payet sur le match d’ouverture. Parce que c’est un but à la 90e minute et qu’on était dans les escaliers : on est tous descendus s’écraser les uns sur les autres. De manière plus générale, l’ambiance a été folle au Vélodrome contre l’Allemagne, surtout en deuxième. Les chants partaient de partout et on ne maîtrisait rien, mais cette espèce de brouhaha nous allait très bien. »

Thibaut : « Ce que je retiendrai, c’est la demie dans mon stade (Thibaut est d’Alès, et a longtemps été abonné au MTP, ndlr): j’étais tellement content qu’on les tape ici, avec une ambiance de folie en seconde. C’est pas la même atmosphère que pour l’OM, donc je mélangerai pas, mais on a tout donné : j’étais torse nu, j’ai failli péter le tambour à taper dessus… Et après, on a fêté ça dans les coursives du stade. »

Anthony : « Il y a eu le clap avec les joueurs après la demie, mais le plus beau souvenir, c’est les coursives juste après : ça résonnait super bien. Le stadier est venu me voir quand j’ai commencé à chauffer les gens au mégaphone pour me dire : « Ok t’en lances deux, mais après on veut rentrer chez nous. » Après ces deux-là, il est venu me dire : « Allez, tu peux en lancer un troisième, c’est pas mal. » Je haranguais les gens pour qu’ils arrêtent de filmer et qu’ils chantent avec nous, et ils venaient… »

Jérémie : « Le plus beau, c’était l’après-match dans la rue à Marseille : on avait l’impression d’être champion d’Europe… »

Hervé : « Sans les autres spectateurs, on serait comme un parti politique sans électeurs. Et contre l’Irlande, on a lancé un « Aux armes » qui a été repris par tout le stade et a emmené, ou plutôt accompagné, le deuxième but de Griezmann. »


Les supporters adverses

Jérémie : « On avait envie de détester les Irlandais, mais ils étaient vraiment trop sympa. À Lyon, ils nous ont offert des bières quand on est descendus du bus. Et au moment de partir, alors qu’on chantait « Gingers on fire, Ireland is terrified », il y en a un qui était dans le taxi pour l’aéroport qui nous a jeté son écharpe ! Les sales types, ça devait être nous en fait. »

Anthony : « Les meilleurs étaient sans aucun doute les Irlandais. Même à 2-1, ils continuaient à chanter, et ils peuvent faire du second degré comme avec Will Grigg parce qu’ils ont cette culture foot, ils sifflent personne. D’ailleurs, à la fin du match, on a chanté « Stand up for the boys in green » pour leur rendre hommage. »

Fabien : « On a sorti les Irlandais puis les Islandais, qui étaient les chouchous de la terre entière, donc on savait qu’on serait critiqués. Et il faut avouer qu’on ne communique pas aussi bien que les Irlandais : dès qu’ils faisaient un truc, c’était sur Youtube ! On se demandait même si ce n’était pas scénarisé, même si je préfère leur laisser cette beauté-là. J’ai du mal à juger les supporters adverses parce que je suis dans le noyau, avec le mégaphone et le tambour qui me cassent la tête, mais j’ai vu aucune équipe lancer plus de trois chants différents, alors qu’on en a une dizaine ! Dommage qu’on donne aussi souvent dans le french bashing. »


Les chants

Thibaut : « Si je retenais un chant, c’est l’adaptation qu’on a fait du« Dale Cavese », parce qu’il est pas évident à faire au tambour, et qu’il a bien pris pendant l’Euro. »

Anthony : « Il y a eu très peu de Ola et un seul « et un et deux et trois zéros » qui a vite été stoppé par le quatrième but de Griezmann contre l’Islande. Heureusement d’ailleurs. Le chant qui a le mieux marché, c’est sans doute « qui ne saute pas n’est pas français ». Les chants basiques marchent bien. »

Fabien : « On a adapté un chant de Rosenborg qui fait « shalalalala-lala » qui a bien marché. Mais on n’arrive pas à lancer des chants à textes, parce que les gens ne font pas l’effort. Et c’est peut-être représentatif de la société : on n’arrive pas à faire la fête, les gens ne comprennent pas qu’ils n’ont pas payé pour un spectacle ou une victoire, mais pour s’amuser. »


Les Bleus

Anthony : « J’ai été très déçu que les joueurs ne viennent pas nous voir plus souvent. Ils sont venus après l’Islande parce qu’on l’a réclamé, ça ne venait pas du cœur ; et encore, ils se sont arrêtés aux six mètres et la plupart ont gardé leurs maillots. Chez eux, c’est ancré que le supporter de l’équipe de France, c’est Clément d’Antibes. Évra est notre appui numéro 1, mais Lloris ne s’investit pas du tout : après l’Irlande, un de nos adhérents l’a vu et il a soufflé en disant : « Mais on est venus »… Alors qu’ils ont à peine dépassé la moitié de terrain ! »

Fabien : « On sait qu’on peut compter sur Évra, leader naturel de l’équipe, Pogba, qui est plus spontané, et Varane, qui a raté l’Euro. C’est Pogba qui a lancé le clap à Marseille par exemple. Après la finale, Griezmann est resté un peu plus longtemps que les autres… »

Hervé : « Je crains qu’ils ne se mettent une pression négative par rapport à ce public qui a tendance à vite les siffler… Il faut qu’ils se libèrent de ça, mais on progresse, ils commencent à nous identifier. »


Le bémol

Fabien : « Gros bémol sur la finale, pour laquelle on a été placé tout en haut du stade de France, au 3e niveau. On nous a dit que c’était la malchance, mais on a fait les 6 autres matchs en bas, alors… Et les gens de la sécurité n’ont rien voulu savoir. Pour être un kop, on a besoin d’être en bas, pour faire un peu ce qu’on veut. Certains « supporters historiques » ont pu se retrouver en bas, mais nous, on voulait y être pour faire du bruit, pas pour passer à la télé. »

Hervé : « L’organisation de l’UEFA a été plus forte que nous : les places pour la finale étaient trop chères, j’ai des adhérents qui pleuraient de ne pas pouvoir venir… »


Et maintenant ?

Anthony : « C’est peut-être un mal pour un bien d’avoir perdu, parce qu’on va se débarrasser des fumistes venus pour les places. Moi, je rêve d’un tifo beaucoup plus identifié Irrésistibles Français pour France-Bulgarie à la rentrée. Mais il faut qu’on en parle. »

Fabien : « On doit faire un point avec la FFF pour faire le bilan de l’Euro, et essayer de continuer à faire converger les gens qui aiment l’équipe de France. Je suis fier de ce qui a été fait, même si on n’était jamais plus que 100 ou 150 en tribunes, ce qui fait peu sur 60 000 places. Peut-être que la dynamique va faire du bien, qu’on capitalisera sur ce parcours et cette équipe sans se coltiner tous les « Victor » qui seraient venus si on avait gagné. »

Hervé : « Pendant cet Euro, on a semé les graines d’un vrai supportariat de l’équipe de France, même s’il y a encore du taf. J’espère maintenant que la Fédération va continuer à nous appuyer, même si Noël Le Graët, qui nous a beaucoup soutenus, venait à passer la main… »

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