- Espagne
- FC Barcelone
Une partie de cash-cash entre Ousmane Dembélé et le FC Barcelone
L’avenir d’Ousmane Dembélé au FC Barcelone semble plus compromis que jamais. En cause : une fin de contrat au mois de juin prochain, une prolongation qui tarde à arriver, mais surtout, des exigences salariales extrêmement élevées. Chronique d’un énième dossier à gérer pour la maison catalane.
Le FC Barcelone avait-il vraiment besoin de cela ? En quête de stabilité et de reconstruction au sortir de deux années mouvementées, l’institution se trouve confrontée à un nouveau dilemme. Celui-ci concerne Ousmane Dembélé. En fin de contrat au mois de juin, l’international tricolore souhaiterait effectivement revoir ses émoluments à la hausse, condition obligatoire pour accepter de prolonger, avec des chiffres sans équivoque : un salaire de 20 millions d’euros annuels couplé à une prime à la signature estimée à 30 millions. Rien que ça.
L’appât du game
Si les demandes de l’entourage d’Ousmane Dembélé sont loin d’être une nouveauté dans le microcosme footballistique, c’est justement là que le bât blesse. Le rendement sportif du joueur de 24 ans ne cesse de décroître depuis près de trois saisons, et ces nouvelles exigences ne font qu’accentuer la divergence d’intérêts entre une individualité et son club, aux prérogatives aussi pressantes que nombreuses. Recruté à prix d’or à l’été 2017 (135 millions d’euros) afin d’entamer le processus post-Neymar, l’ancien Rennais n’aura en effet jamais su combler le vide. Il y a bien eu ces deux saisons complètes, avec 42 matchs disputés en 2018-2019 (14 buts) et 44 en 2020-2021 (11 réalisations), soit ses meilleurs totaux. Puis les fulgurances balles au pied et les courses folles, rappelant le talent dont dispose l’ancien Rennais, se sont faites plus rares, au rythme de blessures tenaces et d’un mode de vie loin du professionnalisme dont peut se targuer un élément clé du Barça. Une perte de niveau palpable pour un garçon dont les frasques ont vite pris le dessus sur le statut de footballeur.
Dans ce feuilleton hivernal, s’imbriquent ainsi deux lectures transversales. Le coup de force ou le coup de communication. D’un côté, la volonté supposée de Dembélé. Celle de poursuivre l’aventure au Camp Nou, au sein d’un environnement qui a appris à le gérer et dont la réciprocité a longtemps paru évidente. Apprécié par les dirigeants, indiscutable et déterminant lorsqu’il est en pleine possession de ses moyens (huit matchs joués sur huit possibles cette saison), l’ailier n’aurait aucune raison, hormis financière donc, d’aller voir ailleurs. Désiré notamment par le Paris Saint-Germain et Newcastle, à même de répondre favorablement à ses exponentielles prétentions salariales, les portes de sortie n’ont finalement jamais parues aussi étroites. À l’opposé, ce mini bras de fer ne semble finalement être qu’une demande de départ déguisée. Une manière de signifier à son actuelle direction que cette relation vieille de cinq ans arrive enfin à son terme, en y mettant la forme, mais visiblement pas le fond.
Qui ne tente rien
Mais en élargissant la focale, peut-on réellement en vouloir à Ousmane Dembélé et ses représentants ? Il faut dire qu’en face, les signaux envoyés par Joan Laporta sont aussi ambigus que non maîtrisés. « Nous sommes toujours une référence dans le marché du football. Et je crois que tout le monde peut se préparer parce que nous sommes de retour, se félicitait le président en conférence de presse. Le transfert de Ferran Torres est un indicateur très clair. Le club continue d’être une référence. » Et quelle référence. Les socios ont effectivement découvert avec étonnement l’arrivée de l’attaquant de Manchester City pour la bagatelle de 55 millions d’euros. Une somme conséquente, pour un club pourtant endetté à hauteur de 700 millions, forcé de laisser partir une légende et ayant entamé une opération dégraissage d’envergure. Le vécu et l’expérience du Français, fort de ses 126 parties cumulées en bleu et rouge, ne paraissent dès lors pas vraiment ridicules au milieu de cette hérésie gestionnaire.
En réalité, les exigences de Dembélé ne s’inscrivent que dans cette politique illisible du board barcelonais. Au milieu de ce contexte particulier, la patience commence cependant à manquer. En premier lieu pour Mateu Alemany, le directeur général du club. « Nous n’avons plus le temps d’attendre, s’agaçait ce lundi le bras droit de Laporta. Aucune réunion n’est prévue. Nous discutons avec ses agents depuis cinq mois. Ils connaissent la position du club, nous avons eu beaucoup de patience, ils savent que nous voulons qu’il reste, il a une offre, et nous ne pouvons pas offrir plus. » La réplique est ferme, une fois n’est pas coutume à Sant Joan Despí, et même Xavi, jusque-là grand défenseur de son protégé, qui évoquait « une envie absolue de[le]voir rester », paraît avoir baissé les bras : « Je ne peux pas faire plus de mon côté avec Dembélé, j’attends simplement de ses nouvelles. J’attends de lui qu’il fasse un effort. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne sera pas plus heureux qu’au Barça. » Les fameux mots du coach. Chacun campe donc sur des positions figées, alors que loin des coulisses, une course sportive contre la montre est déjà lancée. Largué en championnat, le FC Barcelone refait enfin son retard avant d’entamer son chapitre européen dès février. Mais d’ici-là, le grain de sable Dembélé n’a pas intérêt à se transformer en énorme rocher.
Par Adel Bentaha