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  • Remaniement ministériel

Une ministre de plus… pour rien ?

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Une ministre de plus… pour rien ?

Le remaniement vient de tomber et une fois de plus le sport change à la fois de statut (de secrétariat à Ministère) et de responsable. Chantal Jouanno troque sa passion écologique pour les pelouses synthétiques. Et Rama Yade est priée de retourner cultiver son destin personnel à Colombes.

A la grande question de savoir enfin qui est le plus costaud dans les arts martiaux, il semblerait que la karatéka éclate le judoka. En effet Chantal Jouanno, avec ses douze titres de championne de France, vient de voler à David Douillet un poste qui lui semblait pourtant promis et pour lequel il n’avait cessé de postuler en sous-main. Ce n’est donc pas cette fois non plus qu’un footeux s’installera à la table du conseil des ministres. Néanmoins, le député des Yvelines n’a surement pas dit son dernier mot et dans la perspective de la présidentielle, son rapport sur “L’attractivité de la France pour l’accueil des grands événements sportifs” possède tous les atours d’un programme quinquennal de réorganisation de fond en comble, avec solde de tout compte des vieux rêves de service public du sport hexagonal. Néanmoins, en attendant 2012, il fallait bien gérer l’intendance et surtout virer une Rama Yade qui utilisait son secrétariat comme un tremplin médiatique et politique, à défaut d’en faire un lieu de promotion de la gloire présidentielle.

Car la différence de profil entre les deux femmes, surtout en matière de parcours professionnel et politique, saute aux yeux. Le choix de cette native de l’Eure tendance France Profonde -ancienne énarque, ancienne secrétaire d’État à l’écologie et issue de la filière noble des préfectures, l’ex-conseillère en communication de Nicolas Sarkozy dans les Hauts-de-Seine et spécialiste du développement durable (il faut bien parfois débaucher des électeurs ailleurs qu’au FN)- souligne d’abord que, malgré le titre ronflant de Ministère autonome, le sport constitue bien désormais à droite un cadeau empoisonné ou une patate chaude dans la grande comédie des chaises musicales et des strapontins. Une occasion aussi de maintenir, à peu de frais, l’illusion de la parité à défaut de celle de la diversité. Comme l’a très bien expliqué L’Équipe aujourd’hui, pas franchement une revue gauchiste, elle se retrouve ainsi à la tête d’une administration qui a vu son budget chuter de 40% depuis 2003, ses antennes départementales intégrées dans le grand fourre-tout de la cohésion sociale et surtout les grandes réformes qui affectent en profondeur le sport de masse ne relèvent même pas de sa compétence (comme la réforme territoriale).

Dans le domaine strict du foot, tout est déjà réglé. Les états généraux ont démontré que dans le monde du ballon rond, le linge sale se lavait toujours en famille et le livre vert des supporters va surement désormais atterrir sur une étagère des archives. Roselyne Bachelot avait en outre acté, pour le prochain budget, avant sa mutation aux “solidarités”, l’attribution de fonds spécifiques pour le financement public des grands stades de l’Euro 2016, en vidant les caisses d’un CNDS censé légalement aider les petits clubs. Pour finir, les autres chantiers lancés sous l’ancien “règne”, comme la lutte contre l’homophobie, relevaient plus du barouf médiatique que d’une véritable action sur le long terme.

C’est d’ailleurs la leçon essentielle à tirer de l’expérience Rama Yade et de raisons de son départ au profit de son strict opposé. La conseillère municipale de Colombes avait su transformer une relégation dans un domaine que beaucoup de ses collègues considèrent encore comme une punition (n’ayant pas tous mesuré dorénavant l’importance stratégique du sport et du foot dans la société) en une merveilleuse tribune (avec pas grand chose en coulisses certes) pour continuer d’exister politiquement et conserver son statut de personnalité politique préférée des Français. Son ambition s’était engouffrée avec appétit dans l’univers du foot, dont la surexposition télévisuelle ouvrait un espace idéal pour apparaître sur les radars des journalistes et de l’opinion, quitte à en payer au final l’addition post-Knysna. Et faute d’une vraie politique ou de véritables “lois” ambitieuses. Ce qui finit par énerver un président guère partageur en matière de visibilité et considérant le sport comme son petit jardin. Il fallait remettre de l’ordre dans la maison à l’approche des échéances “des grandes personnes”. Chantal Jouanno, femme de dossiers et bonne gestionnaire, risquera moins de se servir que de servir, en apaisant les inquiétudes actuelles du petit monde, pourtant conservateur, du sport. Le pire est de toute façon déjà passé. A moins qu’elle se découvre, comme avec la taxe carbone, une déception supplémentaire. On lui souhaite en attendant de beaux matchs avec les Bleus et nous sommes heureux pour Rama Yade, comme on l’a entendu hier soir, qu’elle ne soit plus obligée de regarder “L’Equipe du dimanche”…

Nicolas Kssis-Martov

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