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Une malédiction portugaise
Le passé est un salop. Cette histoire dure depuis presque cinquante ans. Cinquante ans que l’Angleterre se brise les dents contre le Portugal lors des compétitions internationales. Problème : les deux nations pourraient se retrouver en France sur un quart de finale. De quoi trembler, vraiment ?
On peut les chercher, ils ne sont plus là. Hier encore, le Portugal était le centre des romantiques. Le passé les retient précieusement : la longue chevelure de Fernando Couto, la mèche de Rui Costa, la dégaine de gendre idéal de Luís Figo ou encore, plus près de nous, le cerveau de Deco. On pourrait aussi citer les cheveux plaqués de Sergio Conceição ou les ailes déployées de Pedro Miguel Pauleta. Toutes ces belles gueules ont été balayées. La nouvelle génération a débarqué avec son culte et ses promesses déchues. Elle est devenue plus pragmatique, réaliste et est même désormais coincée dans un 4-4-2 classique en l’absence d’un véritable tueur pour accompagner Cristiano Ronaldo et Nani. Pire, elle reste surtout sur une déroute au Brésil où elle a été déchirée par l’Allemagne (0-4) avant de s’arracher pour prendre quatre petits points et éviter de se manger la porte avec la honte en même temps. Le Portugal n’est plus aussi brillant, c’est une certitude et il faut l’avouer, il ne fait plus vraiment peur malgré une campagne de qualifications presque parfaite (sept victoires, une défaite). Reste un totem accroché aux Quinas des hommes de Fernando Santos : si tout se passe bien en France, ça sera un dernier carré. Pourquoi ? Parce que son groupe, le F, peut être celui des surprises (Islande, Autriche), mais doit surtout être celui du sérieux et de la mise en jambes pour la Selecção. La suite offrira certainement la Belgique ou l’Italie, bon, mais surtout l’Angleterre en quart de finale. Facile ? L’histoire raconte que oui.
Et à la fin, c’est le Portugal qui gagne
Elle aussi a vu défiler les générations, mais peut se frapper le crâne pour essayer de comprendre. L’Angleterre et sa « génération dorée » , l’Angleterre et ses certitudes, l’Angleterre et ses démons, une issue identique : à la fin, c’est le Portugal qui gagne. C’est comme ça. 12 juin 2000, à Eindhoven. Le championnat d’Europe s’ouvre pour les deux nations, réunies dans un même groupe. Kevin Keegan a la banane, ses gars mènent 2-0 après dix-huit minutes de jeu. La dernière fois que l’Angleterre a battu le Portugal lors d’une compétition internationale, c’était en 1966. Tout le monde y croit, cette fois c’est la bonne, Beckham a lâché deux caviars. Et Figo est arrivé, João Pinto s’est jeté, Nuno Gomes a fait la fouine. Keegan ne sourit plus, il souffle et l’Angleterre a la gueule en vrac. Comme souvent. Les années 2000 ont choisi leur camp. L’Euro 2004 choisira, lui, le scénario. Dorénavant, il faudra que ça soit cruel, au bout des crampes et de l’angoisse. C’est décidé : le Portugal gagnera, mais avec des larmes au bout.
2016 pour tout changer ?
Car en 2004, le Portugal est à la maison. Quatre ans après le retournement de situation de l’Euro 2000, les Three Lions se font une nouvelle fois retournés par la bande à Scolari. Encore une fois aussi, l’Angleterre a rapidement ouvert le score grâce à Owen et une nouvelle fois, un pétard a été allumé. Par Rui Costa cette fois et en prolongation. C’est un quart de finale, c’est plus dur et sur un but de Hélder Postiga, peut-être encore un peu plus. Quoi, ça ne suffit pas ? Non. Ce quart de finale de championnat d’Europe va faire prospérer la malédiction de la sélection anglaise aux tirs au but grâce à un Ricardo, mains nues, face à Vassel. L’Angleterre se mange une nouvelle fois le Portugal en pleine face et rentre au Royaume sans breloque. Une série à succès est lancée : il y aura la Coupe du monde 2006 (0-0, 1-3 aux tirs au but) comme dernier tome en date. Dix ans ont passé, dix-huit depuis la dernière victoire anglaise contre le Portugal. C’était en avril 1998, en amical (3-0), grâce notamment à un doublé d’Alan Shearer. De nouvelles générations sont arrivées, une nouvelle issue aussi ? 2016 devrait pouvoir y répondre et ce dès ce soir.
Par Maxime Brigand