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- Ce qu'il faut retenir de la 19e journée
Une Liga « sexy chocolat »
Pour le clap de fin de sa phase aller, la Liga offre un suspense rafraîchissant. Entre un Atlético leader, un Villarreal provisoirement en Ligue des champions et Eibar, la grosse surprise de la mi-saison. Du côté des bancs de touche, Zinédine Zidane et Pepe Mel trustent les unes pour des raisons bien différentes.
L’équipe du week-end : Eibar
Loin d’un Mestalla sur la pente raide, d’un Sánchez-Pizjuán brinquebalant ou d’un Anoeta décevant, le minuscule stade d’Ipurua respire le bonheur. Une vérité qui s’applique aussi bien à cette première moitié de saison qu’à la dernière sortie en date des Armeros. Des petits Basques qui, lors de cette réception de l’Espanyol Barcelone, ont récolté une huitième victoire synonyme de sixième place et de strapontin européen provisoire. « C’est incroyable, résume José Luis Mendilibar, faiseur de miracle depuis la trêve estivale. Quand nous avons commencé la Liga, il était impossible de penser terminer la première phase avec 30 points. Mais nous l’avons fait, et il reste dix points à prendre pour nous maintenir. » Une douce folie pour ce qui reste le plus petit budget de Liga, donc. Sauvé in extremis la saison passée grâce à ses finances saines – au profit du malade Elche -, le modèle Eibar se montre cette saison sur les prés. Ses deux buteurs de la journée en attestent : Takashi Inui, recrue nippone, et Borja Baston, jeune Colchonero aux dents longues, sont deux paris des plus réussis.
Le Don Quichotte du week-end : Zinédine Zidane
Depuis le coup d’envoi de la saison, le Santiago Bernabéu ne s’était rempli ras la gueule qu’à deux reprises – lors des réceptions du PSG et du FC Barcelone. Ça, c’était avant. Avant le licenciement de Rafa Benítez et la nomination de Zinédine Zidane. Plus qu’une boutique officielle remplie de maillots estampillés « Zidane, numero cinco » , l’antre madridista a retrouvé un semblant d’enthousiasme avec la première du Français sous sa guérite. Vainqueurs d’une manita face à un Deportivo La Corogne de retour sur le devant de la scène, les Merengues se sont rappelés au bon souvenir de Carlo Ancelotti, que ce soit par l’attitude affichée ou par le jeu déployé. Côté offensif, Cristiano Ronaldo est resté muet, Gareth Bale s’est offert un triplé et Karim Benzema s’est mué en premier buteur de l’ère ZZ. De tous ces joueurs, le meilleur Madrilène reste pourtant Zinédine Zidane. Plus qu’un changement de cap, le Marseillais est un symbole que le Madridismo ne critiquera jamais. Plus qu’un nouveau Pep Guardiola, il se veut donc en arme fatale de Florentino Pérez. Sous la guérite comme dans la boutique.
Vous avez raté Celta de Vigo – Atlético de Madrid et vous n’auriez pas dû
Longtemps, le Balaídos, noyé sous les eaux, ne savait pas s’il accueillerait le choc de cette dernière journée de la phase aller. La pelouse du Celta finalement déclarée praticable, il a bien eu lieu. Et l’Atlético de Madrid, en leader taille patron qu’il est, a une nouvelle fois fait étalage de toute sa force de frappe. Moins spectaculaires que leurs concurrents merengues et blaugrana, les Colchoneros n’en demeurent pas moins bien plus compliqués à manœuvrer. D’abord imperméables en défense, ils ont peu à peu pris la mesure du système du Toto Berrizo. Un coup d’accélérateur d’Antoine Griezmann dès le retour des vestiaires plus tard, la première banderille est plantée et l’Atlético peut dérouler. Justement, le Français, fer de lance indiscuté des Madrilènes, a exposé une entente plus qu’intéressante avec Luciano Vietto, passeur décisif à l’occasion. Avec l’avantage en poche, les hommes du Cholo se contentent alors de réciter leurs gammes. Une mission facile qui se termine par un pion en contre de Yannick Carrasco. Les 19 premières journées passées, l’Atlético se retrouve donc leader de la Liga. En costaud.
La polémique de la machine à cafe con leche : Pepe Mel, icône déchue des Beticos
Plus qu’une riche histoire, le Betis se caractérise par un organigramme préhistorique. Entre conflits judiciaires et galères administratives, difficile de comprendre qui dirige le mythique fanion du Benito-Villamarin. Et qui a viré Pepe Mel, entraîneur apprenant la nouvelle par le biais des réseaux sociaux. « Quelqu’un de ce club a commis la faute de transmettre la destitution de Mel avant que moi-même je ne communique la nouvelle à l’entraîneur » , regrette sur la forme Juan Carlos Ollero, président du conseil de surveillance du club. Sur le fond, le dirigeant confirme bien que « le Betis se devait d’inverser la tendance négative » . Incapable de s’imposer en championnat depuis six rencontres, il se retrouve en quinzième position, à cinq unités du premier relégable. Pis, les arrivées des vétérans en bout de course Van der Vaart et Joaquín n’arrangent en rien les graves problèmes offensifs beticos, pire attaque de Liga avec 13 pions. Pourtant, les coursives de l’antre sévillane raconte que c’est un problème plus personnel entre le grand artisan de la remontée en Primera et Eduardo Macia, l’un des membres les plus influents du conseil, qui est la cause de ce licenciement. Le FC Séville, qui reçoit le Betis ce mardi, se marre bien.
Le golazo du week-end : Inui (Eibar)
Takashi Inui, recrue la plus onéreuse de l’histoire d’Eibar – 300 000 euros pour le récupérer à l’Eintracht Francfort -, a titillé la lucarne des Pericos pour ouvrir le score à Ipurua. Un golazo tout en délicatesse. Succulent.
L’analyse définitive : Villarreal fait plus que de la figuration
Il y a de ça trois saisons, le Madrigal, bien que toujours à guichets fermés, s’exaspérait des joies de la Liga Adelante. Le travail et le sérieux aidant, Villarreal retrouve aujourd’hui des ambitions conformes à son statut d’élève modèle. Encore une fois victorieux, pour la sixième fois consécutivement, et la douzième fois depuis le début de saison, le Submarino Amarillo pointe à la quatrième place du classement. Plus près de l’Atlético (44 points) que du Celta (31 points) avec ses 39 unités, il compte bien se rappeler au bon souvenir de la C1. Un enthousiasme qu’a de suite refroidi Marcelino, coach chafouin malgré une victoire 2-0 sur le Sporting de Gijón : « Pour gagner, il faut être meilleur que l’adversaire. Tout le reste, c’est se tromper et prendre le chemin le plus facile pour la défaite. Le positif, c’est que nous avons pris les trois points. Mais avec ce niveau, nous baisserons rapidement au classement. » Une exigence qui sied à merveille aux pieds de Cedric Bakambu, néophyte en Liga aux déjà huit banderilles, et de Roberto Soldado, de retour d’un séjour pluvieux en Angleterre.
Le tweet du week-end
Felicidades, presidente Puigdemont. Que el acierto os acompañe en esta etapa histórica y apasionante que hoy inicia nuestro país, Catalunya
— FC Barcelona (@FCBarcelona_es) January 10, 2016
En moins de 140 signes, le FCB a ouvert la boîte de Pandore. Autrement dit, en félicitant le señor Puigdemont pour son élection à la tête du Parlement de Catalogne, et en évoquant « ce pays, la Catalogne » , le CM blaugrana a donné du grain à moudre à tous les détracteurs du club. Joli.
Les déclas du week-end
– « Cela fait de la peine de voir Rafa viré, mais c’est le football et quand les choses se passent mal, c’est toujours l’entraîneur qui paie. Quand les choses se passent mal, il faut bien changer quelque chose, voilà ce qui a eu lieu. Il ne faut voir que le match d’aujourd’hui, je crois que le changement a fait du bien à l’équipe. » Luka Modrić, pas vraiment dans le politiquement correct.- « Certains médias et certaines informations sont de la merde parce qu’ils n’apportent rien au football. Ensuite, les gens se plaignent de la violence, des insultes, mais si tout d’abord tu informes, puis tu exagères… Ça fout la merde comme j’ai dit. Mais certains préfèrent chauffer dès le début, pour que l’on se donne des coups et que l’on s’embrouille, car ça fera de l’info. » Dani Alves, monsieur Acrimed de la Liga.- « Notre capacité défensive est si mauvaise que nous sommes une équipe qui ne peut être à ce niveau. Tout ce qui est cadré rentre, mais je ne peux accuser personne, puisque le problème est collectif. » Paco Jémez.
Et sinon, que pasa
– Le Valence CF ne cesse de couler. Pour sa cinquième sur le banc des Chés, Gary Neville a encaissé un troisième revers, cette fois sur la pelouse d’Anoeta. Incapables de dépasser de médiocres Basques, les Valenciens ont complètement perdu pied suite à la sortie d’Enzo Pérez. Et se retrouvent à la 11e place du classement. – Plus qu’une première place confirmée, l’Atlético de Madrid a retrouvé son rang de troisième fanion espagnol. La défaite des Chés conjuguée au succès des Colchoneros permet ainsi aux Rojiblancos de totaliser 3320 points dans l’histoire de la Liga, contre 3319 pour Valence. – Personne n’arrête Antoine Griezmann. Encore une fois énorme, et buteur, le Français compte aujourd’hui dix pions en Liga. Des pions pas si anecdotiques : dès qu’il trouve le chemin des filets, l’Atlético arrache la victoire. En fuego le Toño. – Auteur d’un début de saison semblable à Valence, le FC Séville retrouve des couleurs. Vainqueurs de l’Athletic Bilbao (2-0), concurrent direct à la Ligue Europa, les Palanganas restent dans la course. Kevin Gameiro, double buteur, attend désespérément des nouvelles de Clairefontaine.
Par Robin Delorme