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Une Liga Nos à ronger
Par Steven Oliveira
6 minutes
Après la Bundesliga, le championnat sud-coréen ou encore la ligue hongroise, c'est au tour de la Liga Nos de retourner sur le rectangle vert à partir de ce mercredi 3 juin. Une reprise désirée et commandée par le Benfica Lisbonne, le FC Porto et le Sporting Portugal.
Comment le Portugal a géré la crise du coronavirus ?
Frontalier avec l’Espagne, le Portugal n’a pas été touché aussi gravement que son voisin par la pandémie du coronavirus. La patrie de Cristiano Ronaldo recensant à ce jour 1 424 décès (0,014% de la population) et 32 700 cas de covid (0,32%), contre respectivement 27 127 décès (0,055%) et 239 638 cas confirmés (0,49%) en Espagne. Un écart qui s’explique par la gestion du Portugal qui a pu voir ce qu’il se passait chez ses voisins européens et qui a alors très vite demandé à la population de se confiner, tout en fermant rapidement les écoles et autres lieux publics. Et connaissant le manque d’hôpitaux au Portugal, les habitants ont très vite compris l’obligation de se protéger. Résultat, depuis le 18 mai, les musées, les bars et les restaurants ont pu rouvrir, tandis que les théâtres, cinémas et grandes surfaces ont rouvert leurs portes le 1er juin. Pour autant, les clubs de foot ne sont pas passés au travers du coronavirus, à l’image de Famalicão qui a déclaré cinq cas positifs ou encore du Vitória Sport Clube (trois cas). Insuffisant pour empêcher la reprise de la Liga Nos.
Comment a été prise la décision de reprendre la Liga Nos ?
C’est un fait, au Portugal, le football est une religion. Mais il est surtout une affaire d’État. C’est donc assez logiquement que le Premier ministre en personne, António Costa, a reçu dès la fin du mois d’avril Fernando Gomes, le président de la fédération portugaise du football, et Pedro Proença, le président de la LFP portugaise. Une réunion à laquelle ont été conviés trois présidents de club : ceux du Benfica Lisbonne, du FC Porto et du Sporting Portugal. Et ce sont eux six – et seulement eux six – qui ont décidé du retour de la Liga Nos initialement fin mai avant d’entériner la date du 3 juin. Et ce, malgré les déclarations d’autres clubs comme l’entraîneur de Portimonense Paulo Sérgio : « Les professionnels de la Liga ont-ils une particularité qui les immunisent face au virus ? Nous sommes envoyés sur le front, sans gilet pare-balles, comme des cobayes, au nom de la reprise économique. » Car oui, cette reprise de Liga Nos est surtout bénéfique aux trois gros par rapport aux droits télé. Pour rappel, au Portugal, les clubs gèrent eux-mêmes directement les contrats de droits TV avec les opérateurs. Et c’est ainsi que le FC Porto, Benfica et Sporting se partagent 90% des recettes TV engendrées par la Liga Nos, quand les autres se répartissent les miettes. À l’image de Nathalie Boy de la Tour en France, Pedro Proença est le grand perdant de cette crise, puisque sa parole n’a que très peu pesé, et il se retrouve désormais sous pression, plusieurs clubs demandant sa démission au regard de sa gestion de la crise et notamment le moment où il a demandé au gouvernement – sans consulter personne au préalable – de diffuser des rencontres gratuitement. Ambiance.
Qu’en est-il des autres divisions ?
Si la Liga Nos reprend ses droits ce mercredi 3 juin, il devrait assez logiquement en être de même pour la Segunda Liga (D2) et le Campeonato de Portugal (D3). Eh bien non, pas au Portugal, la fédération a décidé d’arrêter ces deux championnats, les clubs n’ayant pas les moyens de financer les tests nécessaires à la reprise. Ni la capacité d’organiser ces rencontres, la fédération ayant voulu limiter le nombre de stades qui accueillent des matchs. Résultat, le CD Nacional et Farense – respectivement premier et deuxième de Segunda Liga lors de l’arrêt du championnat – sont promus en Liga Nos, tandis que Cova da Piedade et Casa Pia sont relégués en D3. Ils croiseront dans l’ascenseur Vizela et Arouca, promus en Segunda Liga. Une promotion obtenue sans passer par la case barrage habituelle – qui regroupe les deux meilleurs des quatre groupes que composent la D3 –, les deux clubs ayant été choisis puisqu’ils avaient au moment de l’arrêt du championnat les deux meilleurs bilans des quatre groupes. Une différence de traitement entre la Liga Nos et les autres divisions qui n’a assez logiquement pas été digérée par les autres clubs. À l’image de Francisco José Carvalho, le président du CD Chaves à O Jogo : « À l’avenir, le mieux sera d’organiser un championnat à trois. » Du point de vue des droits télé, ça ne changera pas grand-chose en tout cas.
Quelles sont les conditions de reprise ?
Comme à peu près partout dans le monde – sauf en Biélorussie où le Covid s’est visiblement fait recaler aux frontières –, les rencontres se joueront à huis clos. Afin de limiter les risques de propagation du virus, la Direction générale de la santé avait demandé à ce que la reprise du championnat s’effectue « dans le plus petit nombre de stades possibles ». Sauf que 16 des 18 stades ont été homologués par les autorités de santé, Santa Clara et Belenenses étant les seuls à abandonner leur enceinte pour la Cidade do Futebol (le Clairefontaine portugais). Et si la FIFA a autorisé les clubs à effectuer cinq changements durant la rencontre, cette mesure ne sera pas appliquée en Liga Nos. Pour le moment en tout cas. Marítimo ayant refusé de voter en faveur de cette réforme, empêchant ainsi l’unanimité requise. Mais tout peut changer lors de l’assemblée générale du 9 juin prochain. En attendant, les amateurs de football pourront se régaler, la Ligue ayant prévu des matchs quasiment tous les jours jusqu’au 21 juillet prochain. Finalement pas une mauvaise idée, ces cinq changements pour éviter les blessures.
Et le classement dans tout ça ?
Avec 13 points au compteur, soit 9 de moins que Paços Ferreira, premier non-relégable, Aves est en mission commando pour réussir à se maintenir. Pascal Dupraz n’ayant pas déménagé dans le concelho de Santo Tirso, Aves a de grandes chances de goûter à la Segunda Liga la saison prochaine. Plus haut dans le classement, la bataille va se jouer – comme toujours – entre le FC Porto et le Benfica Lisbonne. Les Dragões ayant un point d’avance sur leur dauphin du SLB, grâce notamment à leur victoire face à ce même Benfica le 8 février dernier (3-2). Le Sporting Portugal, qui doit encore jouer les deux clubs, dont le SLB lors de la dernière journée, pourrait bien être l’arbitre de ce duel. Tout en tentant de combler les quatre points qui le séparent de la troisième place occupée par Braga.
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