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Une Juve qui s’essouffle ?
Ce soir, la Juventus jouera un match en retard de Serie A sur la pelouse de Bologne. Avec une victoire, les Turinois reviendraient à hauteur du Milan AC. Sauf que lors des dernières rencontres, la Vieille Dame a eu du mal. Ce n’est pas le moment de flancher.
Un match en retard est toujours à double tranchant. D’un côté, il donne l’impression à l’équipe qui doit le disputer – en l’occurrence la Juve – qu’elle a toujours trois points de plus que ce qu’elle n’a vraiment. Combien de fois, lors des dernières semaines, a-t-on pu lire dans la presse italienne : « Milan est en tête du championnat, avec un point d’avance sur la Juve, qui compte toutefois un match en moins » ? L’air de dire : « En vrai, c’est la Juve, le véritable leader » , comme si les trois points lors du match en retard étaient déjà acquis. D’un autre côté, cette rencontre repoussée peut permettre aux bianconeri de se relancer immédiatement, après un résultat plutôt décevant lors du week-end qui vient de s’écouler.
Or, la Juve n’a pas envie de douter. Si elle demeure toujours la seule équipe invaincue en Europe cette saison, elle n’affiche pas la même sérénité et la même puissance qu’avant la trêve hivernale. Lors des cinq dernières journées, les Turinois n’ont collectionné qu’une seule victoire (à l’arrachée, contre Catane), et quatre nuls, dont trois contre des équipes de milieu ou de bas de classement : Sienne (0-0), Parme (0-0) et le Chievo (1-1). Au milieu de tout ça, le match nul à San Siro contre le Milan AC, qui sonne comme une victoire, vu la physionomie du match, et le désormais célèbre but-fantôme de Muntari. Alors, ce soir, contre Bologne, une équipe en pleine bourre (trois victoires lors des quatre derniers matches), la Juve veut se rassurer. Avec une première place du classement comme carotte.
Urgence défense
Antonio Conte n’est pas du genre alarmiste. Malgré le nul contre le Chievo, samedi soir, au cours duquel sa Juventus a semblé émoussée, lui reste imperturbable. Pourtant, le mister aurait de quoi se poser quelques questions. Son équipe est en pleine situation d’urgence, et c’est bien là la première fois de la saison. Barzagli et Chiellini, les deux assurances tout-risque de l’arrière-garde turinoise, sont out pour le déplacement en Emilie-Romagne. Ainsi, Conte va devoir changer sa ligne défensive, en misant à nouveau sur De Ceglie, buteur samedi soir, mais aussi sur Martin Caceres, qui n’a disputé que 24 minutes de championnat depuis son retour à Turin. Mais au fond, Conte le sait. Le vrai problème de son équipe, actuellement, c’est l’attaque. Avec cinq buts marqués lors des cinq derniers matches, la Juve est, en terme de chiffres, bien derrière le Milan AC (dix buts sur la même période), la Lazio (neuf) ou même le Napoli (huit).
Pourtant, entre Matri, Quagliarella, Borriello, Vucinic et Del Piero, Conte a les hommes. Mais n’a pas encore trouvé la bonne formule. « En attaque, je choisis à chaque fois en fonction de la forme de chacun, de ce que je vois à l’entraînement, et des caractéristiques des adversaires. Et comme je n’ai pas un joueur en particulier qui se détache des autres, je peux choisir celui que je considère comme le plus adapté. Toujours avec beaucoup d’honnêteté » assure le coach. En particulier, Mirko Vucinic, incapable de scorer le moindre but depuis près de deux mois, est critiqué par la presse. Mais toujours protégé par son entraîneur. « J’ai confiance en lui et je sais qu’il peut être déterminant à tout moment » se défend-il. Suffisant pour lui assurer une place de titulaire ce soir ?
Des sifflets et une quête
Mais ce qui chagrine Antonio Conte, ce n’est ni le petit nombre de buts marqués, ni les trois points qui le séparent désormais du leader milanais. Non. Conte, sous ses airs de dur à cuire, est un grand sensible. Et lorsque le Juventus Stadium (stade qui n’a pas encore connu la défaite depuis son inauguration) a sifflé son équipe, samedi soir, à la fin du match contre le Chievo, lui a eu mal au cœur. « Les sifflets m’ont fait beaucoup de mal, mais je pense qu’ils sont la conséquence de la déception pour la victoire manquée. Ces garçons doivent être soutenus parce qu’ils font des choses extraordinaires. Si quelqu’un met la tête sous le sable, moi, je la lui saisirai par les cheveux et je la relèverai » avance-t-il. Néanmoins, gare à parler de dépression ou encore moins de crise pour la Juventus. L’équipe piémontaise reste invaincue, et compte surtout onze points de plus que l’an dernier à la même époque.
Alors, ce ne sont pas deux matches nuls consécutifs qui vont déprimer le coach et ses vaillantes troupes. « Pourquoi devrions-nous être déprimés au vu du championnat extraordinaire que nous sommes en train de réaliser ? Ne regardons pas chez les autres, pensons seulement à donner le maximum, et à la fin de la saison, nous verrons ce que nous obtiendrons. Pour le moment, ce maximum nous a menés à être à nouveau compétitifs et respectés, avec des adversaires qui donnent 150% pour nous battre. Nous pouvons en être fiers et satisfaits » affirme-t-il. Pas faux. Mais tout le peuple turinois, qui contient sa rage depuis la relégation en 2006, serait encore plus fier d’être en tête du classement, au nez et à la barbe du Milan AC de l’honni Berlusconi. Et la quête de la fierté perdue passe par le stadio Dall’Ara, ce soir. Di Vaio est prêt.
Eric Maggiori