- Mais qu'est-ce qu'ils foutent
- Cédric Mouret
Une histoire de chasubles
Après une vie de remplaçant avec une C3 face à Parme en point d'orgue, Cédric Mouret a décidé de fabriquer ce qu'il a souvent porté : des chasubles.
Quand on lui demande ce qu’il ressent de ne pas avoir planté le moindre but en Ligue 1, lui l’ancien attaquant de Cannes puis de l’OM, Cédric Mouret reprend de volée : « J’ai marqué deux buts à Nancy, notamment lors d’un derby contre Metz. Je suis le dernier Nancéien à avoir marqué au Stade St-Symphorien. Un journaliste d’une radio locale m’a appelé avant le derby cette saison. » Quinze ans après son exploit, l’Avignonnais ne sévit plus dans le foot, il fait du business et a monté sa propre structure, Xenium Diffusion. « C’est un showroom où je travaille avec des collectivités et clubs sportifs, on peut toucher tous les sports, même si c’est essentiellement dans le ballon parce que c’est là que j’ai fait mon trou et que j’ai mes relations. On a un magasin basé à Carpentras, qui s’appelle Xenium, et moi je suis sur la route sur tous les secteurs de la région PACA. » Ses produits ? Un peu de tout, du petit matériel comme plots et chasubles, jusqu’à des maillots sublimes et « même des caleçons » produits dans une usine en Tunisie. S’il ne compte pas ses heures, le jeune entrepreneur se régale et ne regrette pas le monde du football, pour lequel il estime avoir été trop gentil et s’être trop souvent laissé dicter sa conduite. Comme à l’hiver 1998 : « Le 30 janvier, mon agent Henri Zambelli me dit : « Demain, on va à Bordeaux, tu signes 4 ans. » Le lendemain, le président de Cannes m’appelle : « Ok si tu veux partir, mais tu vas à Marseille. » Finalement, je suis allé à l’OM. » Un club où il va « se régaler » sous les ordres de Rolland Courbis et aux côtés de Laurent Blanc, Christophe Dugarry et consorts.
L’arbre Buffon et caleçons Dream Bigger
Mais pourri par les blessures, l’international espoir ne fait que de la figuration, avec en point d’orgue la finale de la Coupe UEFA 1999 contre Parme : « c’était un souvenir énorme de voir Thuram, Buffon ou Boghossian dans le tunnel. J’étais impressionné, comme un gamin qui en prenait plein les yeux. » L’OM aussi en prend plein la gueule et repart avec une défaite 3-0. Malgré les suspicions de dopage des Italiens, Mouret se veut bon joueur : « C’est vrai que quand on les voyait arriver, c’était des Golgoths, Buffon c’était un arbre, mais je ne dis pas que c’est à cause des piqûres hein ? » Après ce sommet de Loujniki, « dommage le stade était un peu vide et il faisait froid » , la carrière de l’Avignonnais bat de l’aile, notamment parce que son corps ne suit pas. « Quand je me blessais, c’était jamais à moitié, toujours un truc sérieux genre les croisés, avec des complications. » Mais alors qu’il a l’opportunité de se relancer, Mouret se laisse une nouvelle fois imposer un choix qui n’est pas le sien par Stéphane Courbis, fils de, devenu son agent lors de son passage à Marseille. « L’OM devait me prolonger et me prêter à Lorient, mais il me fait résilier en disant que je vais ainsi signer définitivement à Bordeaux ou Montpellier. J’ai fini à Istres en Ligue 2. » Aujourd’hui, il est redevenu son propre patron et s’avance avec confiance car « (s)on père (lui) dit souvent que ce que le football (lui) a pris comme joueur, il va le (lui) rendre comme homme » . Dégoûté par le milieu à l’arrêt de sa carrière, Mouret est désormais réconcilié, et joue avec les anciens de l’AS Cannes ou de Marseille. « J’ai revu Laurent Blanc à Montpellier il y a deux ans, il se souvenait de nos années à l’OM comme si c’était hier. » Si la clientèle de Xenium est actuellement dans le monde amateur, il ouvre donc la porte aux écuries pro. Jusqu’à aller vendre des caleçons sublimes avec la mention « Dream Bigger » au PSG ? « Ce serait costaud, un aboutissement et une belle histoire (rires), avoir le même caleçon, cela renforce l’esprit d’équipe. » Une nouvelle piste pour gagner une Coupe d’Europe.
Par Nicolas Jucha