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Une faim de Germain
Pas forcément parti du bon pied avec l'Olympique de Marseille cette saison et désavoué par une partie du public phocéen, Valère Germain revient encore sur le devant de la scène alors qu'il pouvait sembler un peu égaré. L'histoire de sa vie footballistique, en somme.
La mine est déterminée, presque revancharde. Sur son visage, aucun sourire. Comme si Valère Germain, qui vient de décocher une superbe tête dans les filets de Diego Benaglio et d’offrir les trois points à l’Olympique de Marseille à la 91e minute au détriment de Monaco, voulait cacher sa joie et illustrer un éventuel mal-être.
En vérité, il n’en est rien. Si le Français n’a pas célébré sa réalisation de manière trop ostensible en courant dans tous les sens, c’est simplement par respect pour son ennemi du jour (avec qui il a remporté la Ligue 1 en 2017). Et non pas pour répondre à certains supporters phocéens, qui n’hésitent pas à le siffler (en mai dernier par exemple) ou à le critiquer. Encore moins pour riposter aux désirs de « grand attaquant » émanant un temps des dirigeants.
Zéro amertume, une récompense
« On ne cherche pas à fermer quelques bouches, a ainsi assuré le buteur face à la presse après la victoire face au Rocher (3-2). On cherche juste à marquer, être décisif, et faire gagner l’OM. C’est le plus important. » De retour sur le banc après trois titularisations, Germain ne semblait pas super à l’aise dans ses pompes en ce début de saison. Auteur d’un but contre Toulouse (4-0) lors de la reprise, l’ancien Niçois n’avait pas particulièrement brillé devant Rennes (2-2) et Nîmes (1-3).
Du coup, quelques voix connaissant mal le luron le voyaient déjà prendre un abonnement au siège de remplaçant, laissant à Konstantínos Mítroglou le soin de faire le boulot aux avant-postes. Mais la réalité est tout autre : à chaque fois qu’il paraît en méforme, l’ex-Aiglon remet ses ailes en marche et reprend son envol. Comment ? En gardant confiance en lui et en continuant de bosser sans avoir peur de quoi que ce soit. Et surtout pas de la concurrence d’un Grec, comme il l’a récemment souligné : « On a tous les deux envie de jouer, on est tous les deux frustrés quand on ne joue pas. Mais la concurrence est saine, la concurrence est bonne, et il y a toujours des sourires. C’est le plus important. »
Sacrifice et dévouement
« Le plus important » , puisqu’il rebondit souvent sur ces termes, c’est aussi de savoir se sacrifier pour les siens sans jamais se plaindre. Autrement dit, faire ce qu’on lui demande même si cela ne le met pas en lumière. Et même si cela l’éloigne des cages adverses. « Lorsqu’il est arrivé à l’âge de 15 ans, on me l’a présenté comme un milieu défensif. En fait, je me suis rapidement aperçu que je pouvais le mettre n’importe où sur le terrain, car il comprenait tous les postes. Du coup, je l’ai fait commencer latéral droit, puis il est passé en défense centrale, en numéro six, en relayeur, puis ailier droit, raconte Bruno Irlès, son ancien coach chez les U17 de la Principauté, dans Le Phocéen. Il était clair qu’avec son intelligence de jeu, on pouvait le mettre n’importe où. Tout cela en a fait un footballeur complet, et c’est en 19 ans qu’on l’a mis devant. »
En conférence de presse, Germain ne dit pas autre chose. Pour lui, le collectif prime, l’individuel n’est que servitude et tant pis si cette manière de fonctionner doit lui ôter la reconnaissance qu’il mérite : « Il faut que j’arrive à augmenter mes stats et, surtout, être moins irrégulier.(…)J’ai envie de jouer, de jouer le plus possible. Je ne sais pas comment se passera cette saison, mais s’il faut évoluer arrière gauche, milieu de terrain défensif ou autre, je ne ferme la porte à aucun poste. J’ai envie d’être sur le terrain. Je sais qu’aujourd’hui, le poste où je suis le plus performant, c’est devant. Mais s’il faut dépanner à n’importe quel autre poste, je le ferai avec plaisir. » Et avec dévouement. Ce qui lui permet d’être toujours dans le paysage, quoi qu’il arrive.
Par Florian Cadu