- Ligue des nations
- Portugal-France (0-1)
Une équipe de France résiliente et gagnante au Portugal
Têtue et obstinée au Portugal, la France a montré trop de caractère pour perdre deux fois d'affilée après sa défaite contre la Finlande. Grâce aux choix de Didier Deschamps, mais aussi à sa capacité de révolte.
Il paraît, selon le poncif bien connu de tous les amateurs de football et apprécié de tous les entraîneurs pragmatiques, qu’une « grande équipe ne perd jamais deux matchs consécutifs ». Sauf que la France n’est pas simplement une « grande équipe » , mais l’équipe championne du monde en titre. Alors, plus que de confirmer l’aphorisme, elle l’a transformé pour se l’approprier. Et plus que d’éviter un deuxième revers d’affilée, elle l’a éloigné en s’imposant et en convainquant. Sur le terrain d’un adversaire coriace, qui plus est, qui ne s’était plus incliné depuis un an (et même depuis près de trois ans, à domicile).
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Didier Deschamps n’a pas touché à son organisation défensive et n’a procédé qu’à seulement deux changements, concernant exclusivement son attaque, durant les 90 minutes (contre cinq pour les Lusitaniens, qui ont modifié l’intégralité de leur milieu de terrain). À l’image de sa formation, le sélectionneur n’a absolument pas vu ce choc comme un amical lambda et voulait s’imposer à tout prix. Parce qu’il y avait un ticket pour le Final Four de la Ligue des nations au bout, certes, mais aussi (et surtout) pour reprendre confiance tout en oubliant la contre-performance contre la Finlande.
Changements gagnants, ça rime avec Deschamps
C’est pourquoi Deschamps a su faire des choix forts, ne laissant que Paul Pogba dans le onze au Portugal par rapport à la Finlande et installant sur le banc un homme comme Olivier Giroud. Une bonne formule, qui (re)donnait les clés à Antoine Griezmann ou N’Golo Kanté. Ces décisions, sûrement combinées à un discours de responsabilité, ont conduit à motiver psychologiquement ses troupes et les booster physiquement malgré l’enchaînement des matchs. Au stade de la Luz, chacun a ainsi pu observer des Bleus beaucoup plus investis et – par ricochet – beaucoup plus à l’aise.
En utilisant la technique du rebond finlandais plutôt que de remplir leur gourde de doutes, les Français ont grandement élevé leur niveau et remis les points sur les i sans avoir besoin de personne. Car si en face, le Portugal n’a pas montré son meilleur visage, il n’a pas non plus offert le succès aux Tricolores comme le Père Noël lâcherait un cadeau au pied du sapin des Bleus. Lesquels ont, pour le coup, excellé dans la patience et l’obstination pour réussir leur mission résilience.
Volonté et niveau trop hauts, même pour Patrício
Rui Patrício a voulu refaire le même coup que lors de la finale de l’Euro 2016, en multipliant les parades ? Les Bleus ont continué de le faire bosser, jusqu’à ce qu’il craque devant l’abnégation inspirée de N’Golo Kanté. Anthony Martial a échoué malgré quatre occasions franches, et poursuivi sa série noire face aux cages (22 tirs sans marquer, en sélection) ? L’attaquant ne s’est pas énervé, et a su s’effacer au profit du collectif. La barre transversale a sauvé les Lusitaniens, toujours dangereux de l’autre côté de la pelouse avec Cristiano Ronaldo ? L’arrière-garde tricolore est parvenue à museler CR7, et des armes offensives inattendues se sont chargées du reste.
22 – Anthony Martial reste sur 22 tirs sans trouver le fond des filets adverses avec l’équipe de France. Toto. #PORFRA pic.twitter.com/GAfeFAxKeJ
— OptaJean (@OptaJean) November 14, 2020
Revancharde, cette EDF ? Non, simplement consciente de ce qu’est un boulot bien (ou mal) fait. Têtu dans ses convictions de gagnant et capable de (se) rassurer lorsque ses moments de faiblesse apparaissent, le groupe de Deschamps demeure crédible et cohérent. Après tout, il s’agit du champion du monde en titre.
Par Florian Cadu