- Français de l'étranger – USA – VCU – Épisode 7
Une dernière chance pour Steven et les Rams
De retour sur les terrains après s'être remis de son entorse à la cheville, Steven n'a pas pu aider les Rams à se qualifier pour le tournoi Atlantic 10. Mal en point, les Rams ont encore un infime espoir de se qualifier pour ce qu'ils attendent tous depuis le début de la saison. S'ils laissent passer cette chance, la saison sera déjà terminée...
Depuis son appartement du campus de la Virginia Commonwealth University, Steven se veut d’abord rassurant. « Ça va mieux maintenant, je suis complètement remis de ma blessure et j’ai pu réintégrer le groupe dans de bonnes conditions » , explique-t-il. Seulement, le jeune Montpelliérain ne s’attarde pas longtemps sur son bien-être et plonge rapidement dans le vif du sujet : « Sur un plan collectif, ça ne va pas trop. On reste sur deux défaites consécutives. Il ne nous reste qu’un seul match en conférence. Si on ne le gagne pas, on ne se qualifie sans doute pas pour le tournoi des play-offs. » Plus que jamais concentré à 100% sur son football, le milieu de terrain a encore une fois vécu une quinzaine agitée : beaucoup de matchs, des voyages éreintants et, au milieu de tout ça, quelques temps morts pour se consacrer au devoir et aux copains. Qui a dit que les étudiants étaient fainéants ?
Réussir ou mourir
Si les Rams sont aujourd’hui dos au mur, le début du mois d’octobre ne laissait pas présager d’une telle situation. Après un nul à George Mason, les Béliers s’étaient imposés par deux fois à la maison, face à St. Bonaventure et Davidson. Une belle série bien vite stoppée par deux matchs nuls consécutifs, à La Salle et face à Duquesne. « Ensuite, on a perdu à Saint Louis, 2-0. Et hier, on a encore perdu contre George Washington à la maison. C’était horrible, on a perdu en OT (OverTime, ndlr) d’un but contre notre camp… » , raconte Steven, pas encore tout à fait remis de ses émotions : « C’est d’autant plus dur à avaler que c’est le match pendant lequel on a eu le plus d’occasions franches. On a dû avoir au moins six ou sept situations dangereuses sans réussir à marquer. Derrière, on se prend un contre et on se fait punir… » Ce problème de réalisme est caractéristique du jeu des Rams depuis le début de la saison. Un constat problématique dressé par un Steven amer, forcément : « On n’arrive pas à tuer nos matchs. »
« Si on ne bat pas Dayton chez eux le 7 novembre, on peut sans doute dire au revoir aux play-offs et attendre la saison prochaine. Ce sera allé vite, et ça fait chier » , concède le jeune joueur, conscient du challenge qu’il lui reste à affronter. Si sa voix trahit un peu d’agacement, Steven n’en est pas pour autant abattu. Même dans cette période difficile, l’Héraultais reste très lucide dans ses analyses tactiques. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les Rams ont encore de bonnes raisons d’y croire. « On joue de mieux en mieux à chaque match. On a ce problème de réalisme, c’est vrai, mais on a de très bons enchaînements. Dans le jeu, on est souvent supérieurs à nos adversaires. On a un jeu basé sur les joueurs excentrés. On cherche les milieux offensifs, ils dédoublent avec les latéraux et tout se base sur des centres » , détaille Steven, précis et minutieux dans ses explications. « Après, on peut avoir le meilleur schéma du monde, si on ne marque pas… » Pressé d’en découdre à Dayton, dans quelques jours, Steven est avant tout content d’avoir pu reprendre la compétition rapidement : « J’ai joué 40 minutes à Saint Louis. J’ai été moyen, je n’ai pas apporté assez, ce n’était pas exceptionnel. Mais comme je suis en retour de blessure, avec le voyage, le coach m’a dit de ne pas être trop sévère avec moi-même. »
Les voyages forment la jeunesse
Outre les résultats sportifs décevants, Steven a profité de ces matchs de conférence pour découvrir d’autres villes des États-Unis. Après la Californie, le Français s’en est allé découvrir Philadelphie et Saint Louis. Et lorsqu’une équipe de football est en déplacement, le principe est simple : visiter le plus possible en très peu de temps. Pour ce faire, tous les moyens sont bons. « À Saint Louis, on est allés au parc zoologique pour la promenade d’équipe. C’est toujours plus sympa que de marcher autour de l’hôtel » , explique Steven, encore une fois surpris par la taille de l’université dans laquelle il s’est rendu : « Le campus de Saint Louis University est vraiment superbe. Depuis le terrain de football, on voyait le terrain de baseball, l’arena de basketball, tout. C’était vraiment incroyable. » Après un long voyage, deux vols, des levers à cinq heures du matin, Dave Giffard avait préparé une petite surprise à ses joueurs. « Le coach est originaire de là-bas, du coup, on est allés dans sa pizzeria favorite. Une pizza, la veille de match, super diététique ! » , s’amuse Steven, forcé de concéder que la pizza était délicieuse.
Ravi de son voyage dans le Missouri, le milieu de terrain a été moins marqué par le déplacement à Philadelphie. « Alors vraiment à La Salle, ce n’était pas terrible. On n’a vraiment pas eu le temps de visiter et puis alors le campus… Pour le coup, c’était moche » , reconnaît Steven, qui n’a pas plus apprécié les infrastructures : « C’était affreux. On jouait sur un synthétique super fin. À chaque rebond, le ballon s’envolait à cinq mètres ! C’était terrible. » À défaut d’apprécier la surface, Steven a au moins découvert une partie du folklore américain. « Pour la première fois de la saison, j’ai joué sur un terrain sur lequel il y avait les lignes du football américain dessinées. C’est vraiment déroutant » , explique-t-il. « Il y a deux énormes lignes blanches sur les côtés du terrain, ce sont les touches du football américain, mais les nôtres sont au moins cinq mètres plus loin. Du coup, les dix premières minutes, c’est vraiment dérangeant. » Qu’importent les sensations, Steven peut aujourd’hui ajouter deux destinations sur sa carte des grandes villes visitées.
You talkin’ to me ?
Avec tous ces déplacements, les professeurs de Steven ont dû s’adapter. « Moi le mercredi à l’école, je ne connais pas au mois d’octobre » , plaisante le footballeur. « J’ai raté pas mal d’examens et de cours à cause des matchs. J’avais révisé pendant trois heures pour un examen de psycho dans le vide par exemple » , regrette l’Héraultais, toujours aussi fier d’annoncer que ses résultats scolaires sont toujours au beau fixe : « J’ai toujours de bonnes notes. Autour de B. A, c’est très difficile, mais pourquoi pas un jour. Après, ce n’est pas très compliqué. Il faut surtout de l’organisation. Moi, je ne suis pas un très grand fan de l’école, mais je fais mon boulot et je le fais bien. » Bien qu’il reconnaisse ne pas adorer l’école, Steven aime pourtant énormément son cours de business. Mais, après plusieurs semaines aux États-Unis, l’objectif premier semble être atteint. Alors qu’il explique sa quinzaine, Steven glisse régulièrement des mots anglais dans ses phrases. Mieux, il lui arrive même de chercher ses mots dans sa langue natale, preuve qu’il est désormais très à l’aise avec la langue anglaise. « Quand je parle en français, j’ai toujours des mots qui arrivent en anglais inconsciemment. Je me sens vraiment à l’aise en anglais maintenant, je comprends tout. »
Par Gabriel Cnudde
Les premiers épisodes des aventures de Steven :