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Une affaire de famille
Lors du tirage au sort du dernier carré de la Ligue des champions, Thiago Alcántara était en direct sur Skype avec son frère Rafinha. Le premier joue au Bayern Munich. Le second au FC Barcelone. Ce soir, les deux pourraient jouer l'un contre l'autre dans un match européen, ce qui n'est pas si fréquent que ça.
En 1995, la famille De Boer squatte deux places de l’équipe titulaire de l’Ajax Amsterdam. Ronald et Frank vont soulever, ensemble, la plus belle Coupe d’Europe en battant l’AC Milan sur un but de Patrick Kluivert. Des jumeaux qui brandissent la Coupe dans la même équipe, c’est beau, mais ça ne met pas en péril l’équilibre des repas familiaux de fin d’année. Alors que ce soir, Thiago peut se faire briser le tibia par son frangin Rafinha sous les yeux du papa, Mazinho, ancienne gloire du Super Depor. Et ce n’est pas la première fois que deux frangins vont être amenés à se rentrer dans le lard sur la scène européenne.
Une tradition batave, déjà
En début d’année 1989, Malines et Eindhoven s’affrontent pour le compte de la Supercoupe d’Europe. À l’époque, cela se jouait en deux matchs. Au match aller, les Belges en collent trois dans le buffet des Bataves, qui n’arriveront pas à renverser la vapeur au retour une semaine plus tard (1-0). Dans chaque camp, un Koeman. Erwin joue en Belgique. Ronald au pays. Entre les deux blonds, une revanche familiale à prendre, puisque Ronald, le plus médiatique et le plus jeune des deux, reconnaissait facilement avant le match la rivalité fraternelle : « Quand je le battais à un jeu de société, j’étais toujours furieux, car il faisait montre de ne pas être déçu. Je ne supportais pas ça. Cela m’énervait passablement. » Au final, Ronald est resté dans les mémoires pour ses buts, ses patates de forain et son CV. Erwin, lui, est tombé aux oubliettes.
L’Argentine en finale
Comme les frères Alcántara, deux frangins se sont déjà affrontés pour une place en finale de Ligue des champions. Et pas n’importe où, puisque le match s’est déroulé au Nou Camp en 2010. Face au FC Barcelone de Guardiola, l’Inter Milan de José Mourinho débarque fort de sa victoire 3-1 à l’aller. À la pointe de l’attaque milanaise, Diego Milito. Face à lui, son frangin Gabriel. El Principe face au Marechal. Très tôt, les Milito étaient dans l’opposition. Gaby a porté le maillot d’Independiente pendant que son grand frère s’éclatait au Racing. Même s’ils porteront le maillot de Saragosse pendant deux ans (2005-2007), il faudra attendre cette demi-finale retour de 2010 pour voir la famille Milito être sur le fil pendant 45 minutes. Venus en Espagne pour défendre, les Interisti dressent un mur après le rouge de Thiago Motta à la 28e minute. Après 90 minutes de discipline et de bataille, c’est Diego qui se qualifie en finale de Ligue des champions malgré la défaite des siens (0-1). Gaby, lui, est sorti à la pause. En tout cas, ça se termine mieux qu’en Argentine où lors d’un derby, les deux en sont venus aux mains. « En Argentine, on s’est affrontés dans un derby et on s’est battus. L’arbitre a dû nous séparer. On se lançait de terribles insultes. On était comme deux enfants à la maison » , se souvenait Diego avant le match de 2010. Son frère, lui, s’était montré tout aussi précis avant le début du match : « Une fois que le match commence, nos liens de parenté n’existent plus » . Bon esprit.
Riise of an Empire
John Arne Riise et Bjorn Helge Riise sont norvégiens et frangins. Ils ont dû s’envoyer des défis de dingues sur les tremplins du pays quand ils avaient la bouche remplie de bagues. Une fois devenus professionnels, les Riise ont fait dans le fair-play. En 2009, le Fulham de Bjorn défie la Roma de John en groupe de Ligue Europa. On est loin des lumières de la C1, mais la double confrontation vaut le détour et tourne à l’avantage de l’aîné (1-1 à Londres, 2-1 pour la Roma au retour). Pas de problème dans la fratrie, tout le monde s’aime chez les Riise : « Mon frère et moi, on partage la même chambre en équipe nationale de Norvège, et on est toujours très compétitifs, sur plein de choses. » Åmøur.
Les jumeaux maléfiques
En 2010, les jumeaux Degen ont fait plus fort que les De Boer. Ils ont joué l’un contre l’autre. David jouait alors chez les Suisses de Berne pendant que son Philipp évoluait à Stuttgart. David a d’ailleurs marqué durant le match qui a vu Berne se la raconter après 90 minutes (4-2). Chez les Degen, on savoure quand même Noël en famille. Mais moins que chez les Brożek où le football se conjugue à deux depuis juillet 2010 et une victoire du Wisła contre le Lithuania FC Šiauliai au deuxième tour qualificatif de la C3. Ce jour-là, les jumeaux Paweł et Piotr sont les premiers twins à marquer durant le même match en Coupe d’Europe. Prenez ça, les frères Derrick.
Par Mathieu Faure