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Unai Emery, seigneur sévillan
Débarqué dans l'urgence sous la guérite du Sánchez-Pizjuán en janvier 2013, Unai Emery s'est converti en entraîneur le plus prolifique de l'histoire sévillane. Une réussite dont chaque Palangana se réjouit, mais qui pourrait bientôt prendre fin…
Du Betis au Real Madrid, ses deux ennemis viscéraux, le Sánchez-Pizjuán a tenu plus d’un an. Depuis la défaite lors du derby local de mars, 33 rencontres se sont enchaînées et aucune défaite n’a été enregistrée dans l’antre des Palanganas. Seul Cristiano Ronaldo, auteur d’un énième triplé face au FC Séville, a réussi à faire craquer la forteresse de Nervion. Forcément, la tristesse était au rendez-vous. Tout comme « la fierté du travail réalisé » , selon les mots d’Unai Emery : « L’union entre l’équipe et le public n’a jamais été aussi grande. Nous sommes tous peinés, mais nous devons être fiers » . Sans même le temps de se lamenter, ses poulains ont une nouvelle obligation dès ce jeudi. Avec la réception de la Fiorentina en demie aller de leur Ligue Europa, ils peuvent toujours espérer rééditer l’exploit de 2006 et 2007. Et qui de mieux que l’entraîneur basque aux 43 printemps pour les guider ? Pas grand monde, surtout après le titre européen glané l’an dernier à Turin et cet exercice formidable, durant lequel il est devenu le technicien sévillan avec le plus de victoires en Liga. Costaud.
« Mon processus d’adaptation a connu des moments difficiles »
Entre 2010 et 2013, le FC Séville se découvre une schizophrénie. Avec la bagatelle de quatre entraîneurs utilisés dans cette période, la stabilité apportée par Juande Ramos et Manuel Jiménez Jiménez se met entre parenthèses. Suite à l’échec du Merengue Michel, Unai Emery et son expérience manquée en Russie débarquent en pompier de service du côté du quartier de Nervion. Ses débuts ne respirent donc pas la joie. « Mon processus d’adaptation à Séville a connu des moments difficiles, mais je l’ai vécu comme quelque chose qui incombe au poste d’entraîneur, relate-t-il dans les colonnes de Marca Plus. Ensuite, nous avons gagné la Ligue Europa et la reconnaissance a augmenté. » Car après des premiers mois compliqués, que les Sevillistas ponctuent par une anonyme neuvième place, la chance tourne. Le Rayo, à la dèche, et Málaga, sanctionné par l’UEFA, cèdent leur ticket européen au FC Séville. Malgré un début d’exercice calamiteux – durant deux journées, il pointe en queue de peloton -, il se ressaisit : cinquième en Liga, il remporte la Ligue Europa aux dépens du Benfica.
Suite à cette soirée endiablée turinoise, les Sevillistas se découvrent une passion pour un Unai Emery courtisé : « Quand le Milan m’a contacté, je l’ai transmis à Séville et je leur ai dit que je devais prendre cette offre en compte. C’était la conséquence du titre. Mais le travail et le développement que j’ai connus à Séville ont cimenté d’importants sentiments personnels, et c’est ce qui a prévalu. Monchi m’a dit que j’aurais du temps pour faire des travaux importants » . Avec un effectif une nouvelle fois remodelée à l’inter-saison, Unai étoffe son groupe en qualité autant qu’en quantité. Grzegorz Krychowiak, débarqué de Reims cet été, y découvre un bourreau de travail. « Il insiste énormément sur la préparation et tous les petits détails. Peu importe le match, l’adversaire, il est toujours minutieux dans son approche des rencontres » , témoigne l’international polonais. Vitolo, révélation de la saison des Palanganas, n’hésite pas à le qualifier de « pénible » dans une interview au Pais : « Mais c’est surtout un super entraîneur qui m’a rendu meilleur footballeur » , au point de devenir international absolu.
Krychowiak : « Il est à la fois perfectionniste et positif »
« Un autre aspect important, c’est que même après des défaites, il reste toujours positif, poursuit Grzegorz, indéboulonnable depuis son transfert estival. Il arrive, et il nous dit : « Ce n’est pas grave, les gars. Il y a ce point-ci, ce point-là sur lesquels on n’a pas été très bons. On va se concentrer là-dessus pour rebondir, pour s’améliorer ». Du coup, ça pousse le groupe à ne pas cogiter et à toujours être dans la progression. De toute façon, on joue tous les trois jours, on n’a pas le temps de s’apitoyer. Pour résumer, il est à la fois perfectionniste et positif » . Un discours qui plaît à ses ouailles qui lui rendent bien. Aujourd’hui cinquièmes, à trois points des Chés, ils réalisent la Liga la plus prolifique en terme de victoire de l’histoire du club et rêvent toujours de disputer une Ligue des champions qui les fuit depuis 2008. « On a le groupe pour, confirme Timothée Kolodziejczak. On est conscients de nos qualités, le coach connaît le potentiel du groupe » . Un groupe qu’il s’apprête pourtant à quitter. Avec un Milan AC qui lui fait toujours du pied, Unai Emery aurait cette fois dit oui. Ne reste plus qu’à ne pas rater sa sortie.
Par Robin Delorme, en Espagne