- C3
- Finale
- Villarreal-Manchester United (1-1, 11-10 aux tab)
Unai Emery, puissance 4
Deux ans après sa finale perdue avec Arsenal, Unai Emery a retrouvé sa place préférée : celle de l’entraîneur à la tête de l’équipe sacrée en Ligue Europa. Sa nouvelle victime s'appelle Manchester United.
Lors de son passage au PSG, la France du foot l’a moqué pour son accent, alors qu’il avait déjà 3 Ligue Europa de plus qu’elle à son palmarès. Contre Manchester United ce mercredi, l’ancien entraîneur du PSG en a ajouté une quatrième à la tête de Villarreal, ce qui fait de lui l’entraîneur le plus titré de la compétition devant Giovanni Trapattoni. Excusez du peu. Le tout en cinq finales de C3, entre les trois sacres au FC Séville (2014, 2015, 2016), la défaite contre Chelsea avec Arsenal en 2019, et ce nouvel exploit réalisé avec le Sous-Marin jaune contre le Manchester United de Pogba et Cavani. La Ligue Europa redevient le jardin d’Emery.
Il n’y a qu’Unai qui m’aille
Il faut dire que l’histoire entre l’Espagnol et la Ligue Europa avait bien commencé, notamment avec un quart de finale en 2010 et une demi-finale en 2012 lorsqu’il faisait ses armes sur le banc de Valence. Onze ans après cette première épopée, c’est avec le petit voisin de Villarreal qu’Unai Emery est entré dans la légende de la C3, avec sa victoire la plus inattendue, sans doute. Que ce soit à cause du calibre de l’adversaire, mais aussi du déroulé de la finale, cadenassée, qui s’est jouée au bout d’une interminable séance de tirs au but conclue par un double exploit du gardien Geronimo Rulli. Auteur du onzième et dernier péno, puis de l’arrêt décisif face à De Gea, l’ancien Montpelliérain a fait basculer son club et son coach dans la légende.
Cet exploit est d’autant plus retentissant pour Emery que son équipe est restée invaincue tout au long de la compétition. Au XXIe siècle, seuls Chelsea, le Feyenoord Rotterdam et Galatasaray avaient réussi telle performance. « On a cassé une barrière en demi-finales et on en est très fiers. Mais maintenant, on ressent la responsabilité de franchir une nouvelle étape, car on veut continuer à faire tomber les barrières », prophétisait monsieur Ligue Europa avant la finale : mission accomplie. Ce qui n’a rien de surprenant quand on connaît la faculté d’Emery à sublimer ses équipes en coupe (on ne marque pas 11 tirs au but par hasard…) quand on lui en laisse le temps, ce qui a encore été le cas pour ce nouveau millésime. Moribond et irrégulier en Liga, qu’il a terminé 7e, le Sous-Marin jaune a torpillé ses adversaires un à un dans cette épopée historique : Salzbourg, Kiev, Zagreb, Arsenal et Manchester United.
« Les joueurs ont senti quelque chose de spécial dans cette compétition qui nous a fait atteindre la finale. En Liga, on a eu une certaine irrégularité qui ne nous a pas permis d’arriver un peu plus haut, mais en Ligue Europa, là on y est arrivés », appréciait Emery il y a quelques jours au micro de la SER. Sur le banc de Villarreal depuis même pas un an, l’ancien Parisien y a retrouvé un club familial à sa hauteur, où il peut s’exprimer pleinement sans la pression qui l’a étouffé à Paris ou Arsenal. De quoi retrouver des couleurs dans sa chère Ligue Europa, jusqu’à cette finale, son centième match dans la compétition pour 64 victoires, 23 nuls et 13 défaites. Un bilan de roi qui vient offrir la couronne européenne à l’un des clubs qui travaillent le mieux en Espagne depuis 20 ans, mais qui n’arrivait pas à briser son plafond de verre. Pour cela, les dirigeants avaient décidé de confier les clés du camion à Emery : bien vu.
Par Adrien Hémard