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Chiant comme la pluie
Le week-end de Ligue 1 aura été un long ennui, au-delà du faible nombre de buts. Ce ne serait pas très important si c'était un accident, mais c'est à l'image d'un début de saison peu emballant.
On a pris notre calculette et on a compté ce dimanche, à une heure où il aurait été plus agréable de déguster un poulet-frites en famille, parce qu’il n’y avait peut-être rien de mieux à faire que de se lamenter devant un OL-Metz souvent affligeant. 308 minutes, donc. Ce n’est pas la durée du dernier film de Martin Scorsese (3h26, soit 206 minutes), c’est le temps de jeu qui s’est écoulé sur les terrains de Ligue 1 entre le but de Vitinha vendredi soir et le bijou d’Ablie Jallow le jour du seigneur. Plus de cinq heures de désert et de bâillements, le samedi comme le dimanche, passés à se dire qu’on aurait mieux fait de mettre le nez dehors, quitte à se munir d’un ciré et d’un parapluie. C’était long, ce n’était pas bon et ça s’est terminé avec 13 buts marqués en 9 rencontres, le plus faible total depuis 2015-2016 (10 matchs à l’époque) selon les archives d’OptaJean. Il y a bien eu ce Toulouse-Le Havre renversant et coloré en tribunes au cœur d’un multiplex ronronnant, avec en prime une alarme incendie déclenchée en plein match à cause des fumigènes pour le côté folklore, mais c’est tout. C’est peu et ce ne serait pas si important si c’était un accident, un week-end sans, mais c’est à l’image de ces trois premiers mois de championnat lors desquels l’ennui a pris le dessus sur tout le reste.
13 – Il n'y a eu que 13 buts marqués en 9 rencontres lors de cette 11e journée de Ligue 1, plus faible total depuis la 16e journée de la saison 2015/16 (13 en 10 matches). Radin. #Ligue1UberEats pic.twitter.com/zI5a3mGSNp
— OptaJean (@OptaJean) November 5, 2023
Le foot au second plan
Après deux ou trois années à s’enthousiasmer et à se réjouir d’un certain vent de fraîcheur, c’est le retour des matchs indigents, à coups de déchet technique et de collectifs rouillés. Il ne faut pas se mentir, ce n’était déjà pas très emballant au premier semestre 2023, après la Coupe du monde au Qatar, mais l’été ne semble rien avoir réglé. Les rencontres marquantes se comptent sur les doigts d’une main depuis août, il faut même passer plusieurs minutes à se creuser la tête pour les trouver (on a testé avec les collègues, il y a eu du Nantes-Monaco, du Nantes-Lorient et du Montpellier-Reims, c’est dire). C’est comme si les clubs avaient misé sur la défense pour cette saison, à l’exception peut-être du Stade rennais, où les erreurs individuelles ne cessent de plomber une équipe qui ne dégage plus grand-chose. Ça s’est vu lors d’OM-Lille samedi soir, quand un bon tacle de Samuel Gigot aura peut-être été la seule bonne raison trouvée par le public du Vélodrome pour vibrer. Même Monaco, vainqueur de Brest, a perdu le sens du spectacle ces dernières semaines. Tout n’est pas noir, bien sûr, puisqu’il faut écrire que pour une fois, le PSG ressemble à un collectif, il l’a montré face à un petit Montpellier, et que Nice, dans son registre, est impressionnant de maîtrise (mentions bien également à Brest, Reims, Le Havre, voire Nantes).
Reste que le foot est passé au second plan, et la Ligue 1 est plus animée en dehors que sur les terrains. Les déboires de Lyon, ceux de Marseille, sur fond de violences, le pétard à la Mosson, la recherche d’une taupe, le feuilleton des droits TV et même la drôle de coupe de Benoît Millot ne suffisent pas à faire de notre championnat un bon divertissement, sauf peut-être pour Netflix, et encore. Le rêve du milliard de Vincent Labrune, de la LFP et des dirigeants de clubs va rester un rêve, il ne peut pas en être autrement et il va falloir trouver les arguments pour convaincre les candidats à la diffusion de la période 2024-2029 qu’ils en auront pour leur argent. La ligue des talents peine à garder les siens et elle n’a quasiment plus de stars dans sa vitrine, ce qui est la principale source d’attraction des diffuseurs, notamment à l’étranger. Lionel Messi et Neymar sont partis, Kylian Mbappé pourrait être libre dans huit mois, et cette élite à 18 offre peu de garanties pour son avenir. Pour une fois, l’éclaircie arrive en semaine, sur la scène européenne, où les six représentants français ne sont pas ridicules, même si on attendra de voir l’hiver et le printemps pour se réjouir et croire en cette Ligue 1. Cette saison, en tout cas, on la regarde par habitude et parce que c’est notre feuilleton préféré, celui de notre vie, plus que par plaisir. Et on recommencera le week-end prochain, bien sûr.
Par Clément Gavard