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Un ticket pour l’Équateur

Par Mathias Edwards et Charles Lafon, à Rio
Un ticket pour l’Équateur

C'est une vague plus bleue qu'à l'accoutumée qui a déferlé sur Copacabana, ce mercredi. Une vague frappée d'un coq et d'un pantacourt, dans l'espoir de voir l'équipe de France imposer sa loi à l'Équateur et faire vibrer le Maracanã. Mais pour un paquet de ces supporters, le premier combat est de trouver une place pour ce dernier match du groupe E.

Il fait nuit depuis déjà bien longtemps sur Laranjeiras, un quartier résidentiel de Rio de Janeiro, lorsque Victoire et Alexandra demandent leur chemin à des policiers. Perdues dans l’immensité carioca, les étudiantes en école de commerce ne savent pas vraiment où habite ce contact local supposé les héberger. Mais là n’est pas leur principal souci. Ce qui occupe leur esprit et celui de milliers d’autres Français errant à l’ombre du Corcovado, c’est l’incertitude quant à leur présence le lendemain au Maracanã, pour voir la France affronter l’Équateur. Comme une bonne partie de la colonie tricolore fraîchement débarquée à Rio, les deux petites Parisiennes en mini-short et débardeur n’ont pas encore leurs entrées pour la mythique enceinte. Un détail qu’elles espèrent régler le lendemain en errant sur Copacabana, aux alentours de la bien triste « Fan Fest » organisée par la FIFA. Un repère de vendeurs à la sauvette, selon leurs informations.

« Les Français, c’est des connards »

Pourtant, au matin, il s’avère que la « Fan Fest » est à moitié un supermarché géant de produits dérivés estampillés FIFA, à moitié un champ d’écrans géants disposés sur une plage. Aucun revendeur en vue, si ce n’est les locaux proposant sifflets, drapeaux et autres attirails du parfait supporter lambda. Pour trouver ce que l’on cherche, il faut s’éloigner. Un peu plus haut, sous le soleil, deux hommes arborent une pancarte plastifiée sur laquelle on peut lire « Je cherche une place – I need tickets » . Vérification faite, Thierry, la quarantaine, sorte de La Boule tendance truand marseillais, est là pour le business : « Moi, j’achète et je revends aux agences. Mais je vais te dire, la France, c’est pas une nation de football. Les Équatoriens, ils dorment dans leur voiture, ils touchent un salaire de misère, mais ils se saignent et ils te revendent le billet au prix. Les Français, eux, ils veulent des 1000, 1500 dollars. C’est n’importe quoi. Moi, je suis français, et je suis fier de l’être, mais les Français, c’est des connards. »

Prêts à débourser 400 euros pour deux places

Catherine n’a rien du profil peu flatteur décrit par Thierry, même si ce dernier a tout de même pris la peine de la traiter d’escroc. Le regard qu’elle jette vers Bruno, son mari, est rempli de désespoir lorsqu’elle met fin à l’échange téléphonique qu’elle vient d’avoir avec ce compatriote rencontré peu auparavant, et qui cherche à se délester de deux précieux sésames. Les négociations sont difficiles, son interlocuteur attendant la dernière minute pour faire grimper les enchères auprès de ses nombreux acheteurs potentiels. Mais le couple bordelais n’en perd pas pour autant le sourire, espérant que la chance qui leur a souri à Salvador de Bahia, où leur périple sous les tropiques a débuté, se présente à nouveau. Il y a cinq jours, les heureux propriétaires du Tolosa, « qui sert une cuisine traditionnelle et familiale » à Mérignac, n’ont déboursé que 300 reais (100 euros) à deux pour voir la bande à Deschamps martyriser la Suisse. À Rio, les quadras sont prêt à monter « jusqu’à 400 euros, s’il faut » . Avec, cependant, une contrainte de taille : Catherine et Bruno exigent d’être placés côte à côte dans le stade. Partis sur un coup de tête au Brésil, « autant pour la destination que pour suivre l’équipe de France » , les restaurateurs vivent leur aventure ensemble et c’est tout. « En cherchant des places, on rencontre du monde, on se fait plein de copains, s’emballe Bruno. Et il y a ces Bleus qui nous font plaisir. On ne serait jamais venu s’ils avaient gardé la même mentalité qu’en 2010. »

Une étudiante à l’hôtel des Bleus

Le « désamour des Bleus » est également de l’histoire ancienne pour Angélique, 22 ans et déjà professeur d’espagnol à Cambrai. Elle est au Brésil depuis trois semaines, et suit les Bleus de ville en ville. Chaque fois, sans place, et à chaque fois, à la fin dans le stade. Son joli minois, ses yeux bleus comme son nom et son tempérament ouvert n’y sont certainement pas étrangers. Cette fois, c’est un journaliste d’une chaîne du service public français qui lui a dégoté un billet, pour la modique somme de 90 euros. Une paille, par rapport à ce qu’elle était prête à débourser : le double, ou le triple, si le jeu en valait la chandelle. En l’occurrence, un troisième match de poule sans autre enjeu que celui de la première place. Mais même en cas d’échec, Angélique aurait été contente : « Les matchs, c’est une récompense pour mon voyage, c’est un plus. Pour l’instant, je m’en sors bien, et en plus, ce matin, j’ai été à l’hôtel des joueurs. Benzema, Valbuena et Debuchy étaient les plus sympas. » Tout va donc bien pour elle. Ce qui n’est pas le cas pour Victoire et Alexandra, qui n’ont rien trouvé en dessous de 500 euros la paire de tickets. Comme quoi, le charme n’achète pas toujours tout. Même au Brésil.

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