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Un Thilo en travaux
Au centre des débats après ses erreurs à Lille et à Nantes, Thilo Kehrer est étrangement placé au premier rang pour symboliser les errements défensifs récents du PSG. Problème, si le jeune défenseur allemand aura passé sa première année française à boucher les trous tout en sortant quelques performances intéressantes, il ne doit pas payer pour les autres.
En tant qu’apprenti de la gestion de vagues, Thilo Kehrer sait très bien qu’il se cache une tempête derrière chaque moment de calme. Dans une saison où les matchs passent comme les voitures, le jeune défenseur allemand l’a expérimenté mieux que personne ces dernières semaines. Rappelez-vous : il y a quatorze jours, alors que le PSG patouillait au Parc et croquait sa première occasion de plier pour de bon le titre, Kehrer sauvait les siens de la déroute lors de la réception de Strasbourg (2-2). Un premier but en Ligue 1 qui permettait à ses potes d’éviter les secousses, mais qui n’aura finalement été qu’un Thilo de consolations avant un Thilo de problèmes. La preuve : entrée en jeu à Lille, dimanche dernier, après la blessure rapide de Thiago Silva, la touffe de Tübingen ne pouvait y échapper et est tombée, elle aussi, dans le tourbillon. En grand : malade au moment de caresser le dauphin, Kehrer a été avalé dans les espaces, a manqué d’intensité, a été en retard sur la majorité de ses duels et s’est retrouvé impliqué dans trois des cinq buts encaissés par les Parisiens (1-5). Puis, trois jours plus tard, à Nantes, l’Allemand a été balancé au sol par Kalifa Coulibaly et a laissé les Canaris voler dans les plumes parisiennes. On parle bien d’une tempête, une vraie.
Pourquoi lui ?
Une tempête qui a été alimentée ces dernières heures par des chiffres et une conclusion brutale : sans Kehrer, le PSG serait meilleur cette saison. C’est ce que les maths racontent puisque l’Allemand a été couché sur la feuille de match lors des trois défaites du club en Ligue 1 (Lyon, Lille, Nantes) et parce qu’avec lui, le PSG encaisse un but toutes les 88 minutes (un toutes les 180 minutes sans lui). Oui, c’est une conclusion à la va-vite, mais ça suffit pour coller une étiquette, non ? Résultat, Thilo Kehrer, arrivé l’été dernier à Paris contre 37 millions d’euros, est désormais une erreur de casting, point. Mais ceci est faux pour une raison simple : cette saison, lorsque le PSG a livré ses meilleures rencontres, l’Allemand était là et bien là, comme à Naples, contre Liverpool, à Old Trafford et à Monaco, en novembre (0-4). Aligné au Louis-II à droite d’une défense à trois têtes, avec Thiago Silva et Presnel Kimpembe, Kehrer avait été excellent sur le Rocher, étalant sa bonne gestion d’espaces, ses initiatives dans les sorties de balle et son bon impact dans les duels lorsqu’il est en confiance.
Un défenseur central est comme un gardien : il doit se sentir en sécurité. Or, depuis le match retour contre Manchester United (1-3), où Thilo Kehrer est complètement passé à côté du sujet, le PSG est tout sauf un onze imperméable. Il a d’ailleurs encaissé dix buts lors des trois derniers matchs de Ligue 1 (38% de son total de buts concédés cette saison), ce qui raconte pas mal de choses du faible équilibre actuel d’un futur champion de France ouvert à tous les vents. Le seul problème de Kehrer est dans ce cadre : à 22 ans, le jeune défenseur polyvalent, cible prioritaire de Tuchel à son arrivée, n’a jamais réussi à être l’atout magique lorsque le château de cartes s’effondre. Mais Thiago Silva et Presnel Kimpembe, en dessous de tout cette saison, non plus. Alors, pourquoi Kehrer prend pour tout le monde ?
Parole à la défense
Parce qu’il est facile de cogner sur un type que le club a payé 37 millions d’euros, qui a concédé quatre penaltys toutes compétitions confondues (dont un en Coupe de la Ligue contre Guingamp qui a conduit à l’élimination du PSG) et qui patauge pas mal en 2019, notamment en matière de placement sur le terrain et dans la relance. Mais cela ne doit pas faire oublier sa bonne période septembre-mars, lors de laquelle Kehrer a livré de nombreuses copies intéressantes, venant confirmer que Tuchel ne s’était pas trompé sur son cas et qu’il incarnait bien tout ce que le PSG recherchait dans un défenseur moderne. Par moderne, entendre polyvalent, capable de jouer à tous les postes : il serait d’ailleurs pas mal que Kehrer soit fixé à un poste, désormais, et idéalement à droite d’une défense à trois. Ce n’est par exemple pas le cas de Kimpembe, moins malléable tactiquement et plus limité malgré sa grosse solidité. Dimanche soir, il pourrait être de nouveau utilisé contre Monaco et avoir l’occasion de s’offrir une respiration au milieu d’une fin d’année galère, où il a malgré tout glissé quelques belles rencontres avec sa sélection. Les chiffres ne disent pas tout, la parole est maintenant à la défense.
Par Maxime Brigand