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  • France/Brésil (1-0)

Un stade, pas d’ambiance

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Un stade, pas d’ambiance

Un avant-match en simili-carnaval, un challenge Telefoot à la mi-temps et des chants inaudibles, voilà tout ce qu'avait à nous offrir le Stade de France. Heureusement, Yves était là.

Yves est heureux. Exceptionnellement, parce que c’était France-Brésil, sa femme et ses filles ont accepté de l’accompagner au stade. Attention, Yves n’est pas un footix, il connait et reconnaît tous les joueurs français et un nombre raisonnable de Brésiliens. Il connait le football mais ne le comprend pas, en somme. Une personne capable d’expliquer doctement à son auditoire que « Diarra ne peut pas prendre de carton rouge, il n’est pas dernier défenseur » . Ou d’affirmer que « le football, maintenant, c’est de la triche de toute façon » , alors que « le rugby c’est pas de la triche, au moins » . Un expert français, un vrai.

Des Pitch, de la capoeira et le Quinté+

En descendant du RER B, la troupe de Yves se fait distribuer gratuitement un exemplaire du 10 Sport qui titre sur « L’heure de Benzema » , « Michel Bastos : Le Barça, c’est mon seul rêve » et « VIP : Où vont sortir les Brésiliens » . Arrivés à la porte Y, ils font la queue pour scanner leurs billets, puis ils font la queue pour se faire fouiller. Avant de se faire distribuer gratuitement un pack PMU contenant un porte-clé en forme de ballon et un coupon « 2€ offerts sur un Quinté+ spOt » , sans oublier de passer à côté de la jeune fille -belle, comme d’habitude- qui file des Pitch et propose de vous peindre la tronche en bleu-blanc-rouge.

Enfin installée à sa place, la petite famille peut profiter de l’échauffement des Bleus (la Seleçao ne sort que quelques minutes, pour la forme) et du “show” d’avant-match. Autour du terrain, des danseuses de samba pleines de plumes, des danseurs (?) de capoeira torses nus et une batucada aident en effet à tromper l’attente. Déception, tout de même : seuls les spectateurs qui sont dans le champ des caméras ont le droit à leur petit drapeau. Mais Yves sait que ce n’est pas bien grave et qu’il pourra offrir du fun à ses ouailles pendant le match. Comment ? Bah grâce à la ola

Une salle, zéro ambiance

Au Stade de France, le speaker se fait filmer en gros plan, sauf lorsqu’il égrène les noms des joueurs avec difficulté. Un jeune supporter parisien décide de sortir un drapeau des Boulogne Boys et de l’afficher fièrement devant une rambarde. Deux collègues se joignent à lui et ajoutent l’étendard français et celui du… Vatican. Mais Yves n’a pas suivi la scène. Les hymnes retentissent déjà et il s’époumone sur la Marseillaise comme s’il était tout seul dans le stade. Soulagement, le match débute enfin. Au bout de sept minutes, le mec des Boulogne Boys voit onze stadiers débarquer pour l’évacuer. A la vingtième, Yves s’inquiète : « Bon, c’est quand la ola ? » . Après deux ou trois vagues successives, son impatience est vite comblée.

Bien sûr, les esprits chagrins se font chier à mourir au Stade de France, mais s’ils avaient un peu de hauteur de vue, ils sauraient profiter de ces moments de grâce, entre les “Allez les Bleus” et le sifflets, où 79712 personnes réunies dans un même lieu arrivent à atteindre un silence presque total. Un silence qui permet d’apprécier les fulgurances d’Yves, l’un des rares supporters ayant l’élégance de vouvoyer l’arbitre. Florilège. « Vous avez envie d’avoir deux semaines de vacances au Brésil, monsieur l’arbitre ? » ; « Y’a le Lolo qui est sorti de son banc, là » ; « Même à un de moins, le Brésil arrive toujours à s’en sortir » . A la mi-temps, le peuple a voté : Gourcuff est l’Homme-du-match-PMU à 27 %, devant Benzema et Diarra. Et le speaker se moque des gamins du Challenge Telefoot ( « Si on avait retourné le but, ça aurait touché la barre » ).

La pause n’a pas altéré la verve d’Yves, qui reprend de plus belle : « Cesar, ouvre toi » ; « Romeiro, non, Gameiro, faudrait le faire rentrer » ; et après le but de Benzema, « Allez, il faut 3-0, maintenant » ; « Continuez comme ça, les p’tits poussins » . Évidemment, la fugitive apparition de Zizou sur les écrans du stade constitue une belle attraction, tout comme le streaker (tout habillé), plaqué de justesse par les stadiers à la 83e minute, qui sort sous les hourras du public. Le match se termine sans grosse explosion de joie. Mexès a finalement décroché le “Talent d’Or” avec 35% des suffrages devant Benzema et Gourcuff, qui est pourtant sorti sous les sifflets… Le match était mauvais, mais Yves ne se l’avouera jamais parce que la France a gagné et qu’il ne veut pas gâcher ce moment de bonheur familial. En sortant du stade, pourtant, il ne peut pas empêcher un léger regret de se faufiler dans sa moelle épinière. Il aurait voulu, dû, être là, il y a treize ans.

Targhalline : « Je n’avais pas d’autre choix que de réfléchir plus vite »

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