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Un Ricardo sinon rien

Par Mathias Edwards
Un Ricardo sinon rien

Une douzaine de jours après le licenciement de Gustavo Poyet, Ricardo Gomes Raymundo a été choisi par Bordeaux pour mettre fin à l'intérim assuré par Eric Bédouet à la tête de l'équipe première. Le choix peut paraître décevant, après le rendez-vous manqué avec le sexy Thierry Henry, mais à y regarder de plus près, le retour du Brésilien en Gironde a tout d'une bonne idée.

Le 30 août dernier, au sortir d’une belle qualification en Ligue Europa face à La Gantoise, Stéphane Martin se montrait rassurant, en parlant de ses Girondins en quête d’un entraîneur : « On est encore attractif, malgré tout ce qui se dit… On a eu beaucoup de candidatures, beaucoup de gens très bien, le choix est difficile, mais c’est mieux d’avoir le choix. Alors on prend le temps d’essayer de ne pas se tromper. » Cet enthousiasme affiché alors que Thierry Henry venait de refuser le poste avait de quoi rassurer les supporters, qui spéculaient sur les identités de « ces gens très bien » qui se battraient pour récupérer le fauteuil encore tout chaud laissé vacant par le volcan Poyet. Alors quand la rumeur d’un retour aux manettes de Ricardo Gomes Raymundo s’est faite pressante, certains n’ont pas caché leur déception. Les fans attendaient un blockbuster, ils auront droit à un reboot. Pourtant, le choix dicté par M6 de faire revenir celui qui a piloté l’écurie au scapulaire entre 2005 et 2007 a, sur le papier, tout d’une bonne idée.

Un premier passage réussi

Si les amateurs d’émotions fortes ne retiennent du premier passage de Ricardo à Bordeaux qu’un jeu parfois défensif à l’extrême, les pragmatiques se rappellent qu’en succédant déjà à un intérim assuré par Eric Bédouet, le Brésilien avait remis à l’endroit une équipe laissée en ruines à la quinzième place par Michel Pavon. Le Brésilien boucle son premier exercice en Gironde à la place de Dauphin de l’Olympique lyonnais, avant de terminer au 6e rang la saison suivante. Sur les bases d’une équipe moribonde, Ricardo avait bâti une armada aussi ennuyante à jouer qu’ennuyeuse à regarder. Mais il fallait en passer par là pour construire les fondations d’une formation qui n’allait pas tarder à retrouver les sommets. En recrutant Wendel, Fernando, Henrique, Cavenaghi ou Jussiê, l’ancien stoppeur a en effet façonné l’ossature de l’équipe qui allait être championne de France deux ans plus tard, sous la houlette du duo Blanc/Gasset. Treize ans après sa première arrivée, le technicien retrouvera une équipe en bien meilleur état que celle dont il avait alors hérité : déjà qualifiée pour la Ligue Europa, et avec quelques certitudes dans le jeu. De quoi mettre l’homme à l’aise.

Bordeaux en 4-2-3-1 ?

Selon nos informations, lors d’un des premiers entretiens téléphoniques que Ricardo a eu avec la direction bordelaise, le Carioca expliquait le plan de jeu qu’il souhaitait mettre en place aux Girondins : un 4-2-3-1, en réclamant le recrutement d’un numéro 10. Le meneur de jeu n’est jamais arrivé, mais si le technicien s’en tient à son idée initiale, le rôle pourrait être tenu par un attaquant de soutien, qui pourrait être Jimmy Briand ou Nicolas de Préville. À moins qu’il décide de relancer un Valentin Vada en perdition depuis quelques mois. Pour protéger ses bases arrière, il pourrait être tenté de faire confiance à Otavio, un autre joueur en manque de temps de jeu, que Gustavo Poyet jugeait performant uniquement dans un milieu à deux récupérateurs. Dans cette optique, il pourrait être associé à l’infatigable Lukas Lerager, laissant ce bon vieux Jaroslav Plašil goûter aux joies d’une pré-retraite largement méritée. Voilà pour ce qui est du plan de jeu hypothétique. Mais pour le mettre en place, Ricardo devra faire face à un obstacle inattendu, depuis son banc de touche.

Interdiction de se lever !

Il n’y a pas qu’une frange de supporters que le retour de Ricardo agace. À l’UNECATEF, le syndicat des entraîneurs du football français, on grince également des dents : le Brésilien n’a pas les diplômes requis pour exercer en France. Officiellement, c’est même en tant que manager général qu’il s’est engagé avec les Girondins, Éric Bédouet gardant son titre d’entraîneur principal et Patrick Colleter déboulant avec celui d’adjoint. Une pirouette à laquelle ne mord pas Raymond Domenech, le président de l’UNECATEF. Dans un entretien accordé à Sud Ouest, l’ancien sélectionneur prévient : « S’il vient en tant que manager, Ricardo aura le droit de s’asseoir sur le banc en tant que dirigeant. Mais il n’aura pas le droit de se lever, d’avoir le moindre contact avec les arbitres.(…)Il ne pourra pas tenir les conférences de presse réglementaires avant et après les matchs, mais il pourra s’exprimer de temps en temps dans son rôle de manager. » Cela tombe bien, Éric Bédouet est de plus en plus à l’aise face à la presse.

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