ACTU MERCATO
Un Revierderby miroir
Le 12 mai 2007, avant-dernière journée de Bundesliga, le BVB s'impose 2-0 face à Schalke, leader depuis trois mois, laissant Stuttgart s'emparer du trône. Depuis, 04 a repris la main dans les confrontations, mais s'est habitué à finir derrière son éternel rival. Sauf cette saison.
Un derby, ça ne se perd tout simplement pas. C’est LE match, celui qui peut sauver une saison. Tant pis si vos rêves de titres ne sont finalement que des chimères du moment que l’ennemi intime est à terre, aller-retour de préférence. Le Revierderby n’échappe évidemment pas à la règle ; seule la domination sur la Ruhr compte. Rien d’autre. Depuis le premier, il y a près de 90 ans, les deux équipes se sont déjà affrontées la bagatelle de 145 fois, avec un avantage certain pour Null-Vier. Surtout, depuis ce fameux 12 mai 2007 signé Alexander Frei et Euzebiusz Smolarek, contre qui Manuel Neuer et Mesut Özil n’avaient rien pu faire, Schalke domine clairement les débats, avec sept victoires contre quatre, pour quatre nuls. Une prévalence au goût amer, le BVB étant sacré à deux reprises dans l’intervalle, et s’affirmant comme l’autre grand club allemand après des années de galère. Alors que Schalke, malgré un recrutement parfois clinquant, ne parvenait pas à se défaire d’un quotidien bancal et chaotique, incapable de stabilité, passant de dauphin en 2009-2010 à une 14e place l’année suivante, puis au dernier spot sur le podium. Là où la bande à Klopp, lancée vers les sommets, enchaînait 5e place et deux titres. Sauf que cette saison, la machine à gegenpressing s’est enrayée, squattant longtemps la zone de relégation. Fort de sa victoire 2-1 à l’aller, Schalke se présente donc au Westfalenstadion en position de favori, avec la troisième place de Mönchengladbach, deux points devant, en ligne de mire. De leur côté, les locaux, 12es, ne vise même pas la Ligue Europa, si l’on en croit les récentes déclarations de Klopp.
Dynamique opposée
Pourtant, le classement ne fait pas tout. Le BVB reste en effet sur trois victoires consécutives en championnat, ce qui ne lui était pas encore arrivé cette saison, s’éloignant considérablement de la zone rouge. Et pas des petits succès de raccroc, des gros scores (3-0, 4-2, 3-2) avec un jeu enfin retrouvé et des joueurs de retour à un niveau convenable, à l’image d’un Kagawa tranchant. Le match contre Mayence est d’ailleurs particulièrement révélateur d’un état d’esprit revanchard : rapidement menés après une mésentente défensive, les Schwarzgelben se sont révoltés, là où ils se seraient effondrés quelques mois plus tôt. La Juve les a certes ramenés sur Terre mardi, mettant en lumière une défense d’une fébrilité inquiétante, le résultat n’en reste pas moins positif grâce à cette glissade de Chiellini et l’opportunisme de Reus. « On a réussi à bien jouer notre jeu ces dernières semaines, a déclaré le capitaine Hummels. Je pense qu’on peut même encore monter d’un cran contre Schalke. » D’autant plus que Klopp devrait récupérer Kevin Kampl, Neven Subotić et Shinji Kagawa, victimes d’un virus les privant de la rencontre turinoise. Tout le contraire des Knappen, une seule victoire lors quatre derniers matchs de Buli, et une défaite nette et sans bavure face au Real, qui leur laisse bien peu d’espoirs de continuer dans la compétition reine. Alors Horst Heldt, directeur général, a choisi d’encenser le rival sur Goal. « Ce à quoi tout le monde s’attendait est en train d’arriver : Dortmund est bien plus stable en Bundesliga. Tout le monde sait que ce club a une excellente équipe. Ils ont une énergie fraîche et productive que nous devons perturbée. On doit les empêcher de tirer avantage de leurs forces. Alors je suis convaincu que nous tirerons quelque chose du derby. »
La meilleure défense, c’est l’attaque en force
De fait, Roberto Di Matteo organisera comme d’habitude son équipe en 3-4-1-2, un système défensif basé sur la contre-attaque, pas vraiment à la fête ces derniers temps. « Je ne remets pas en cause notre tactique, même si nous n’avons pas réussi à gagner lors des derniers matchs, a expliqué le capitaine bleu, Benedikt Höwedes. Il fonctionne, et nous avons seulement manqué récemment d’efficacité devant. » C’est pourtant la défense qui sera soumise à rude épreuve, d’autant plus que Joel Matip, homme de base derrière, est blessé, rejoignant une infirmerie déjà bien remplie par Jefferson Farfán, Julian Draxler, Leon Goretzka, Sead Kolašinac, Ralf Fahrmann, Fabian Giefer et Jan Kirchhoff. Bien que privé de nombreux défenseurs (Piszczek, Sokratis, Großkreutz, peut-être Subotić), le BVB pourra compter sur le retour de Kehl et/ou Bender en sentinelle, la paire Şahin-Gündoğan des dernières semaines manquant de garanties dans le domaine. Sur le plan tactique, on devrait donc assister à une opposition de style. Le fait est que la tactique bussienne de Di Matteo ne convient pas vraiment à Dortmund, qui va se retrouver en contrôle du match et du ballon. Reste à savoir si, à l’instar du match contre la Juventus et de bien d’autres cette saison, les Schwarzgelben domineront sans trouver la faille, avant de se faire punir en contre, ou si la défense remaniée de Schalke cédera sous les coups de boutoir du BVB. Le sort d’une saison, et d’une région, est en jeu.
Par Charles Alf Lafon