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Un Real à fond la forme
En une deuxième partie de saison mirifique, Zinédine Zidane a réussi l’exploit de hisser son Real Madrid en finale de Ligue des champions pour la seconde saison consécutive. Un exploit qui doit beaucoup à la préparation physique qu’il a imposée à ses troupes pour aborder cette finale de C1 en pleine possession de leurs moyens.
Le temps d’une longue matinée, la Ciudad Real Madrid se transforme en paradis pour journalistes. Aussi secret que peut l’être le centre d’entraînement madridista, entouré par des kilomètres de grillages et surveillé par des dizaines de gardes, il ouvre ses portes aux médias du monde entier pour l’Open Media Day préalable à la finale de Ligue des champions. De ces multiples échanges avec Zinédine Zidane et ses sbires, un élément revient en boucle : « Nous n’avons jamais été aussi bien physiquement. » Discours pré-construit ou réalité qui fait l’unanimité ? Qu’importe, finalement, puisque les faits ne peuvent contredire ces affirmations à répétition : jamais dans son histoire contemporaine le Real Madrid n’a affiché une telle forme dans un sprint final. Affûtés et aiguisés, les Merengues n’ont ainsi fait qu’une bouchée du Barça en fin de Liga avant de se projeter, avec un effectif au complet, vers un exploit jamais réalisé dans l’ère Ligue des champions nouvelle formule (depuis 1992, donc), à savoir conserver cette coupe aux grandes oreilles. Et pour cela, le peuple blanc ne peut que s’incliner devant la gestion idoine de son idole au double ZZ.
Zidane : « La vie n’est pas cyclique »
À regarder de plus près les renforts désirés et acquis par Zinédine Zidane, seuls Álvaro Morata et Marco Asensio rejoignent l’escouade madrilène l’été passé. Pourtant, loin des strass et des paillettes des présentations dans la loge d’honneur du Santiago Bernabéu, une recrue débarque quelques jours avant les deux Espagnols au sein de la Ciudad Real Madrid. Inconnu du grand public, mais ô combien coté dans le milieu confidentiel des préparateurs physiques, Antonio Pintus vient alors garnir les rangs du staff madrilène pour remplir une mission jusqu’ici impossible. Cette mission, ou plutôt cette obsession du côté de la Castellana madrilène, Zidane la sait assujettie à une condition indispensable : aborder la phase décisive de la saison dans une forme physique optimale. En compagnie du sieur Pintus, qu’il côtoie durant ses années italiennes, il planifie une préparation corsée dès le premier stage de la saison à Montréal. Pour sûr, les observateurs présents y découvrent des exercices d’un autre temps.
Entre des joggings à répétition, des sprints à enchaîner jusqu’à l’exténuation et des fractionnés à en faire dégobiller certains, les Merengues s’astreignent à une préparation militaire. Loin des nouvelles méthodes qui font la part belle aux exercices avec ballon, Zidane et Pintus insistent sur un travail de fond qui, dès le coup d’envoi de l’exercice, porte ses fruits. Vainqueur de la Supercoupe d’Europe, illico en tête de la Liga, invaincu en Ligue des champions, le Real réussit sa transition, mais angoisse en pensant au Mondial des clubs. Car dans tous les esprits, la seconde partie de la saison 2014-2015 reste gravée comme un cauchemar. Pour rappel, le groupe d’Ancelotti, alors leader du championnat, s’écroule physiquement à la suite du sacre du Mondial marocain pour échouer à deux points du Barça en Liga et en demi-finale de C1 face à la Juventus. « Nous nous rappelons bien de cela, mais la vie n’est pas cyclique et nous pouvons apprendre des choses négatives » , prévient Zidane à la suite du succès (de justesse) face au Kashima Antlers. Avec des échéances qui se succèdent dorénavant tous les trois jours, le Real n’a qu’une crainte : voir un tel scénario se répéter.
Moins de Cristiano, mais un meilleur Ronaldo
De fait, en bon gestionnaire des corps et des cœurs, Zidane assujettit ses troupes à un turn-over unique depuis le retour aux affaires de Florentino Pérez en 2009. Capable de changer l’intégralité de son onze d’une rencontre à l’autre, Zizou met également en place une mini pré-saison lors de la première semaine de janvier. Une charge de travail supplémentaire – par rapport au début d’année 2015 lorsque Carlo Ancelotti avait en charge l’équipe première – qui sied parfaitement à des joueurs conscients de l’opportunité inédite qui s’offrent à eux. Mis à part quelques accrocs en Coupe du Roi ou en Liga, cette planification porte ses fruits à l’aube du printemps et des échéances européennes. Symbole de cette gouvernance, un Cristiano Ronaldo enfin reposé – il ne prend part qu’à 29 rencontres de Liga – lamine tous les adversaires qui se mettent en travers de la route vers la Duodécima blanche. Idem, Benzema, Isco et Modrić n’ont jamais semblé aussi forts qu’en cette fin d’exercice. Si, pour beaucoup, Zinédine Zidane n’est pas un maître tacticien à la hauteur de ses pairs que sont Guardiola, Allegri ou Mourinho, il en est en tout cas l’égal en matière de management. Si ce n’est mieux.
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Par Robin Delorme