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Un p’tit but et pis c’est tout…

Chérif Ghemmour
Un p’tit but et pis c’est tout…

Le bilan net des cinq clubs français singe la L1. Une seule petite victoire du PSG à Nicosie (1-0) quand Monaco, Lille, Guingamp et Sainté ont « zéro-à-zéroé ». Ceci dit, tout le contingent tricolore est encore en course. Alors, champagne pour tout le monde et Marseillaise pour tous !

Deux paradoxes au vu de cette troisième soirée européenne. Le premier, c’est que notre seul club d’attaque prolixe en buts en championnat (25), l’OM, ne joue pas l’Europe cette saison. Même l’OL redevenu séduisant et deuxième attaque de L1 (20 buts) ne la joue pas… Deuxième paradoxe : même avec un total accablant d’un but en cinq rencontres, nos clubs sont non seulement toujours en course pour passer ce premier tour, mais en plus ils ont creusé l’écart avec les clubs russes à l’indice UEFA. La France (6e avec 46,750 points) distance désormais la Russie à l’indice UEFA (7e avec 46,165). L’écart entre les deux pays, désormais de 0,585 point, s’est accru depuis le début du mois, où il n’était que de 0,085. La menace d’une septième place en mai prochain, et donc la perte d’un représentant français en C1 la saison prochaine, s’est éloignée. Reste que… le « total buts » hexagonal est famélique (1 pion en 5 matchs), comparé aux autres pays. Allemagne (26 buts/ 6 matchs), Espagne (16 buts/ 6 matchs) et Angleterre (15 buts/ 6 matchs). L’Italie s’est francisée avec 4 pions en 6 rencontres. La L1 aurait donc déteint sur la Serie A. Preuve que notre football s’exporte bien ?

C1 : PSG et ASM sans milieu !

En rugby, les Anglais ont une formule lapidaire pour jauger la valeur intrinsèque d’une équipe : « No scrum, no win » . Traduction : sans mêlée, pas de victoire ! Rapportée au PSG et l’AS Monaco, ça donne « no midfield, no win » . Traduction : pas de bons milieux (notamment à la création), pas de victoire. Bien sûr, Paris a gagné. Mais petitement, dans la douleur, et contre un « petit club » , certes très bien organisé, mais « petit club » quand même. Avant, la rare dangerosité de l’île de Chypre, c’était plutôt son aéroport de Larnaka… Milieux parigo-monégasques pas terribles, donc. C’est ce qui a sauté aux yeux, plus que l’inefficacité offensive face à des blocs adverses renforcés. Les notes de L’Équipe d’après-match étaient très justes : 4 pour Thiago Motta, Verratti, Toulalan et Moutinho. Et un petit 5 pour Matuidi et Kondogbia. L’apathie parisienne à Nicosie est imputable au mauvais rendement de ses milieux, incapables d’accélérer le jeu et de trouver la passe juste. La production monégasque était encore plus risible. Déjà, avec trois milieux récupérateurs, il ne fallait pas trop rêver. Test flagrant : son coupé, loin du téléviseur, l’image renvoyait à l’essentiel, l’ASM pourtant pleine de bonnes intentions en seconde mi-temps, balançait devant en sautant les lignes (en fait « la » ligne, celle du milieu). Petite excuse valable pour l’ASM : la sortie prématurée de Berbatov à la 33e, seul technicien à savoir mettre le pied sur le ballon, faire remonter le bloc et organiser devant. Mais où Monaco a été vraiment impardonnable, c’est dans sa constance, toujours en seconde mi-temps, à centrer dans la boîte alors que son atout aérien n°1 (Dimitar) n’était plus là. Au milieu, Monaco plus que Paris va souffrir pendant trois semaines sans son Prince bulgare : peu de buts et peu d’occases (ah ! Le raté d’Ocampos à la 5e). Ça va être tristos sur le Rocher…

L’autre trait commun au PSG et à l’ASM serait la bonne tenue de leur gardien. Sirigu a sorti dès la 5e le ballon ultra chaud bazardé de près par Sheridan. À 0-1, ce Paris aurait eu du mal à l’emporter face à ce club brési… Euh, non ! chypriote. À Louis-II, Subašić a été impérial, repoussant à plusieurs reprises les assauts des Portugais. Moqué la saison dernière, le gardien croate a beaucoup progressé, au point d’être devenu l’un des piliers de l’ASM. C’est d’ailleurs lui qui, par son charisme et son sang-froid, avait perturbé les attaquants de Leverkusen en préservant son équipe du 0-4 en première mi-temps. C’est entendu, l’ASM ne prend quasiment plus de buts, en L1 et en C1. Mais jusqu’à quand Subašić va-t-il encore sauver les meubles ? Outre Sirigu, mention spéciale pour le PSG à David Luiz et Cavani. Malgré sa gêne persistante à une cuisse, le Brésilien a confirmé contre Nicosie des débuts parisiens plutôt réussis. Son sauvetage de la tête sur la ligne (57e) vaudra aussi cher que le but du « Matador » . Un vrai but au courage, en force et en solitaire celui-là : pas vraiment aidé par Lucas et Pastore, Cavani n’a jamais renoncé et il a planté tardivement non pas un but, mais trois points… Même bien placé dans sa poule (leader avec 7 points devant le Barça, 6 unités), Paris n’est plus assez dominateur (ah ! les 5-0 de l’an passé en C1) pour rivaliser avec les féroces Real Madrid, Chelsea et Bayern. Même une demie en avril semble pour l’instant irréalisable, y compris avec Ibra… L’ASM est encore en vie, deuxième avec 5 points derrière Leverkusen, 6 unités. Trois nuls à venir pourraient même suffire à accéder aux 8es. Encore le paradoxe bien français : passer en classe supérieure en étant très moyen…

C3 : Guingamp, Lille et Sainté pas si « zéro » que ça…

En valeur absolue, les trois 0-0 de l’ASSE, du LOSC et de l’EAG sonnent plutôt comme des bonnes perfs. D’abord au classement… Sainté est 3e avec juste un petit point de retard sur le second (Qarabağ) dans une poule où l’Inter était a priori intouchable. Lille est décevant, mais s’en sort plutôt pas mal dans un groupe qui ressemble quand même à une mini Ligue des champions : le LOSC est invaincu, 3e avec 3 points derrière les deux favoris de départ, Everton (5 pts) et Wolfsburg (4 pts). Enfin, Guingamp surprend, dauphin avec 4 points derrière l’intouchable Fiorentina (9 pts). On le voit, l’adversité est assez relevée, au point qu’aucun de nos trois participants ne pouvaient a priori espérer finir en tête. Inter, Fiorentina, Everton ou Wolfsburg, c’est quand même au niveau au-dessus. Restait donc à finir deuxièmes pour passer. Pas glorieux, mais c’est le minimum. Or, à mi-chemin de ces poules, on peut se satisfaire de la bonne tenue de nos trois hexagonaux qui non seulement sont encore en course, mais qui en plus affichent un état d’esprit irréprochable. Lille est irritant d’insuffisance, mais que ce soit à Wolfsburg ou jeudi soir face à Everton, à dom, les Dogues ont essayé d’attaquer et de marquer (0-0). Dommage, car cet Everton méconnaissable en ce début de Premier League était plus que jouable… Même sérieux et abnégation pour Sainté, auteur d’un réel bon 0-0 à Giuseppe-Meazza. Mais là aussi, face à une Inter un peu A’, les Verts auraient pu jouer le coup à fond. Mais sans doute, le 5-3-2 de Galtier sorti au dernier moment des cartons les avait figés dès le départ dans l’extrême prudence… Mêmes petits regrets pour Guingamp parti jouer par -4° en Biélorussie : si Christophe Mandanne avait planté à la 86e plutôt que trouver le poteau face au Dynamo Minsk (0-0), l’En Avant aurait fait un grand pas vers la qualif du deuxième tour.

Mais voilà : avec la pire attaque de L1 (6 buts en 10 matchs), il ne fallait pas s’attendre à une avalanche bretonne en terre étrangère (l’AEG est 19e). Le tropisme L1 a donc encore frappé, puisque nos deux clubs notables de Ligue 1 ne font guère mieux : Lille (8e) est deuxième pire attaque ex aequo avec 8 petits buts et Sainté (5e) ne fait guère mieux avec seulement 10 buts. On peut déplorer le départ de Kalou à Lille, se résigner à attendre les progrès d’Origi et se plaindre du faible rendement de Roux, c’est aussi la façon de jouer qui plombe le LOSC. Idem à Sainté : l’absence d’Erding et les débuts timides de Wolfswinkel ne peuvent pas expliquer à eux seuls le bilan offensif famélique des Verts… À Marseille, un Bielsa a démontré, par le jeu, justement, qu’on pouvait faire d’une « bonne équipe sans plus » une machine à marquer. Alors… Jusqu’ici, tout ne va pas trop mal en C1 et en C3 pour les clubs français. Mais attention ! L’expérience a démontré qu’en position encore favorable, ces clubs français finissaient souvent par se rater et passer à côté de la qualif. Des défaites possibles de l’ASM au Benfica, de Sainté à dom face à l’Inter, de Lille à Everton plomberaient pour de bon le bilan aujourd’hui correct du contingent français. Gare à la quatrième marche, dans quinze jours !

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